Des coupes pour sécuriser la frange nord-ouest de la forêt domaniale de Russy

Sur les sols les plus pauvres, les arbres âgés de la forêt domaniale de Russy subissent de plein fouet la succession de sécheresses. Une coupe sanitaire pour sécuriser les parcelles en bordure de la forêt près de la commune de Saint-Gervais-la-Forêt a lieu fin septembre. L'ONF vous explique !

Que se passe-t-il près de Saint-Gervais-la-Forêt ?

La frange nord-ouest de la forêt domaniale de Russy qui fait face à la commune de Saint-Gervais-la-Forêt couvre environ 9 hectares et est composée de parcelles de chênes âgés de 160 à 210 ans. Les arbres qui constituent ces peuplements sont arrivés à maturité et il est important de penser à leur renouvellement.
De plus, l’état sanitaire des chênes en place se dégrade rapidement à cause de l’accumulation des sécheresses estivales. Les étés plus chauds et plus secs qui se répètent depuis le début des années 2000, conséquence du changement climatique, affaiblissent ces arbres bicentenaires. Leurs houppiers deviennent plus clairsemés et de nombreuses branches sèchent et meurent. Ils sont devenus dangereux.

Chênes dépérissants en forêt domaniale de Russy
Chênes dépérissants en forêt domaniale de Russy - ©ONF

Le saviez-vous ?

En région Centre-Val de Loire, les projections climatiques prévoient une augmentation de la température moyenne annuelle de +1,3 °C à +2 °C à l’horizon 2050. En Loir-et-Cher, alors que l’on comptait en moyenne 5 jours de vagues de chaleur sur la période 1976-2005, les projections climatiques montrent que ce nombre pourrait tripler sur la période 2021-2050.

Source : Préfecture de Loir-et-Cher

Comment va se dérouler la coupe sanitaire ?

Une partie des arbres a déjà été coupée et forme les piles que l’on peut observer en bord de parcelles. Il s’agit des arbres de petit diamètre et de faible qualité qui sont destinés à faire de la plaquette pour le bois énergie. Les coupes suivantes vont permettre d’enlever le reste des arbres.
Une première moitié des arbres dépérissant sera enlevée fin septembre. Une fois les arbres sortis des parcelles, les forestiers ont choisi la plantation pour renouveler la forêt.
La préparation des parcelles et la plantation interviendront en 2025 et seront achevées en 2026 après l’enlèvement de la deuxième moitié des arbres. 

En procédant de la sorte, par coupes progressives, le sol n’est pas découvert brutalement et on permet à la végétation basse de se développer. Ainsi les plants à venir pourront profiter de l’ombre. C’est environ 700 m3 de bois qui seront récoltés cet automne sur ces parcelles.

Yann Vandebeulque, responsable de la gestion des forêts publiques de Loir-et-Cher

Pourquoi planter et ne pas laisser la forêt se renouveler naturellement ?

Traditionnellement dans le Val de Loire, le renouvellement des chênaies est assuré par le biais des graines directement obtenues des chênes adultes, les semenciers. On parle alors de régénération naturelle. Malheureusement, la place du chêne sur les sols les plus pauvres est aujourd’hui remise en question à cause du changement climatique. Les outils de modélisation dont disposent les forestiers de l’ONF laissent en effet entrevoir des difficultés pour cette essence à se maintenir sur certains secteurs de la forêt domaniale de Russy dans les décennies futures et ce, dès 2050.
Sur la lisière, en bordure de forêt, le choix a donc été fait de planter de nouvelles espèces d’arbres, mieux adaptées au climat de demain.

En diversifiant les espèces d’arbres on limite le risque de dépérissement, chacune ayant une écologie spécifique. Cette diversification des essences et des modes de gestion est la base de la stratégie d’adaptation des forêts au changement climatique mise en place par l’ONF dans les forêts publiques : la forêt mosaïque.

Yann Vandebeulque

©ONF

Quelles essences seront plantées ?

Des tilleuls à grandes feuilles (Tilia platyphyllos Scop.) et des cormiers (Sorbus domestica L.) ont été sélectionnés. Ils constitueront les essences principales de ces parcelles : les forestiers travailleront à leur profit tout en préservant le mélange avec les essences d’accompagnement qui se développeront spontanément grâce aux graines déjà présentes dans le sol ou produites par les arbres environnants (charme, érable champêtre, merisier, chêne, etc.).
Ailleurs, là où le chêne est susceptible de mieux résister au changement climatique (sur les sols plus profonds avec de meilleurs apports d’eau), la régénération naturelle se poursuivra.

Les plants sont produits en pépinières, à partir de graines issues des forêts domaniales.

Que devient le bois coupé ?

Les arbres coupés vont être triés en fonction de leur dimension et de leur qualité. Différents lots de grumes (troncs abattus et ébranchés) seront ainsi constitués et seront vendus à des professionnels qui les transformeront : en bois bûche pour les plus faibles qualités, en charpente ou sciages pour la menuiserie selon la rectitude des bois, en tonneaux pour les arbres d’exception. Les houppiers (les cimes des arbres) seront, quant à eux, proposés à la vente aux particuliers pour le bois de chauffage.

Récolter du bois : bon pour la planète et l’emploi

L'utilisation du bois-construction et du bois-énergie permet d'éviter le recours à d'autres matériaux bien plus émetteurs de carbone dans leur production. Les indicateurs de gestion durable de l’IGN évaluent l’apport du bois à une économie globale de 32 millions de tonnes (Mt) de CO2.
Couper des arbres maintient localement l'emploi de sylviculteurs, bûcherons, débardeurs, etc. car l'exploitation forestière n'est pas délocalisable. Les calculs montrent que 100 m3 de bois mobilisés au sein de la filière y génèrent 1 emploi.
La filière forêt-bois, c'est 20 000 emplois en Centre-Val de Loire.

©ONF / Digicomstory

Les forestiers à votre rencontre

Parce que gérer une forêt domaniale c'est aussi accueillir et sensibiliser le public, l'équipe ONF de Loir-et-Cher a tenu à rencontrer les usagers de la forêt pour expliquer ces coupes sanitaires.
Les 12 et 13 septembre dernier, journalistes, élus et habitants ont ainsi pu échanger avec les forestiers et poser toutes leurs questions sur la forêt domaniale de Russy.
Une démarche saluée par la quarantaine de personnes présentes, heureuses d'en apprendre plus sur la gestion multifonctionnelle et durable des forêts publiques, ses contraintes et ses enjeux d'avenir.

Les forestiers échangent avec les élus, journalistes et habitants présents
©Sébastien Botteau / ONF

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