Le câble, une solution pour récolter le bois dans des zones difficiles

De mars à mai 2020, l'Office national des forêts (ONF) a effectué une coupe de bois en forêt domaniale des Duyes dans les Alpes de Haute-Provence. L'objectif : mettre en sécurité la route départementale RD3, au niveau du col de Fontbelle. Ce chantier complexe en raison de la forte pente a nécessité l'intervention d'un câble-mât pour extraire les arbres.

La forêt domaniale des Duyes (Alpes de Haute-Provence) est une forêt composée de pins noirs plantés à la fin du XIXe siècle dans un but de Restauration des Terrains en Montagne (RTM). Concrètement, cela veut dire que des peuplements forestiers surplombent la route d’accès au col de Fontbelle et la protègent contre les chutes de blocs.

Cependant, ces arbres âgés de 120 ans aujourd'hui, montrent des signes de vieillissement et de déstabilisation. Certains événements météorologiques, comme les derniers épisodes neigeux de l’automne 2019, ont provoqué la chute ou la casse d'arbres et libéré des blocs rocheux susceptibles d’endommager la route et de mettre en danger les usagers.

Bloc rocheux arrêté par un arbre en forêt domaniale des Duyes. - ©Géraud Lavandier/ONF

Le peuplement était très dense. Nous l’avons éclairci en coupant un arbre sur deux, parfois deux sur trois. Ces ouvertures permettent à la lumière d’arriver au sol, ce qui favorise l'installation et la pousse des jeunes semis. Le couvert forestier ainsi maintenu, continue à jouer son rôle protecteur.

Alexandre Jourdan, technicien forestier territorial à l'ONF.

Il était impératif de renouveler le peuplement pour garantir son rôle de protection de la route. Les pins les plus instables ont été retirés. Les plus vigoureux ont été maintenus pour servir de semenciers : ils produisent les graines des futurs arbres, et maintiennent en partie le rôle de protection, en attendant l’arrivée des jeunes arbres. Mis en lumière, les jeunes semis donneront des arbres qui prendront ainsi le relai dans quelques années pour stabiliser ou freiner les blocs qui menacent la route.

 

Les souches ont été coupées à 1 mètre au-dessus du sol pour maintenir leur rôle de protection - ©Alexandre Jourdan/ONF

La technique utilisée ? Le câble-mât

Avec des pentes de 60 à 70%, il était impossible d'utiliser les techniques d'exploitation classiques. L’ONF a donc décidé de faire appel à un câble-mât. Cette technique de débardage est largement répandue dans l’arc alpin. Elle permet de remonter des bois le long de la pente, suspendus à un câble tendu entre deux supports. Elle est également très intéressante pour exploiter la forêt sur des sols sensibles au tassement.

En vidéo, découvrez le fonctionnement du câble aérien

©Vincent Gonod, technicien forestier territorial à l'ONF, télépilote drone /ONF

L’expertise du service de Restauration des Terrain en Montagne de l’ONF a été mobilisée pour réduire autant que possible les risques. Ainsi des filets de protection temporaire ont été installés au-dessus de la route pendant la durée du chantier pour arrêter les blocs déstabilisés susceptibles de tomber sur la route. Pris dans les filets, ils ont ensuite été purgés avant la réouverture de la route.

L'originalité de la technique que nous avons utilisée consistait à ancrer les filets temporaires sur des arbres. C'était un peu un test pour nous, mais sans risque bien sûr puisque la route était fermée ! Cette technique s'est avérée très efficace, tous les blocs ont été arrêtés. Nous travaillons maintenant à la mettre au point pour pouvoir l'utiliser dans d'autres situations.

Morgane Cokkinos, Cheffe de projet risques naturels

Que deviendront les bois récoltés ?

Environ 1.650 m3 de bois ont été récoltés dans le cadre de cette opération. Ils seront valorisés dans deux filières de transformation, par le biais de contrats conclus entre l’ONF et des entreprises régionales.

Sciage
30
%

Fabrication de palettes.

Trituration
70
%

Fabrication de pâte à papier.

Le chantier s’est déroulé en période de confinement, ce qui a limité l’impact pour les usagers réguliers de cet axe routier. L’accès au col est maintenant sécurisé et les visiteurs peuvent à nouveau se rendre en forêt. Ils sont les bienvenus !

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