Les arboretums de l’ONF, des laboratoires pour préparer la forêt de demain
Les arboretums sont des laboratoires grandeur nature. Gérés par l’ONF, ils réunissent en un même lieu une plantation, allant d’une dizaine à plusieurs centaines d’essences. Leur mission : proposer des pistes pour le choix des essences de la forêt. L’arboretum reste un lieu de choix pour observer des espèces peu connues en France et permet au forestier de faire face aux défis majeurs que soulève notamment le changement climatique.
L’ONF compte près de 150 arboretums en France. Mais seuls 15 d'entre eux ont été sélectionnés pour constituer un réseau national composé de forestiers et animé par les équipes du département Recherche, développement et innovation. Afin de faire un point d’étape et de dresser les pistes d’actions pour l’avenir, ces experts se sont réunis du 21 au 23 mai 2019 dans les forêts domaniales des Maures et de l’Estérel dans le Var.
Le Var, terre d’arboretums
La tenue de cette réunion dans le Var n’est pas un hasard. Ce département compte de nombreux arboretums dans ses forêts domaniales, mis en place pour certains dans les années soixante-dix par l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) et pour la plupart gérés par l’ONF désormais. Parmi les plus emblématiques : le Treps, le Ruscas–Gratteloup le Caneiret ou encore le Plan Esterel. Ces quatre derniers sont d’ailleurs classés parmi les quinze arboretums d’intérêt majeur en France par leur potentiel et leur qualité, suivis régulièrement par le réseau national des gestionnaires d’arboretums de l’ONF.
Les échanges au sein du réseau national sont essentiels pour partager les expériences et repérer les espèces prometteuses adaptées aux spécificités d’un territoire. Lors de cette réunion, les responsables des arboretums ont aussi profité de la présentation d’une application interne, développée par l’ONF, qui permet aux forestiers de référencer les arbres remarquables dans une base de données commune.
A cette occasion, ont été présentés les résultats chiffrés d’une analyse sur la croissance et la survie des essences de six arboretums scientifiques* de l’ONF depuis leur création sur 40 ans. Cette étude a fourni aux gestionnaires d’arboretums des informations utiles sur les espèces les plus à même de survivre dans le cadre du changement climatique. Un exemple parmi d’autres : l’Eucalyptus, le Cyprès et le Séquoia géant témoignent d’une bonne croissance et d’une bonne survie dans les arboretums varois. Une indication sur les espèces éventuelles à réintroduire pour les forestiers !
Tester l’acclimatation d’espèces non-autochtones, protéger des essences menacées, préserver la biodiversité, concevoir la sylviculture de demain et permettre à la forêt de continuer à jouer ses nombreux rôles au service de la société... Autant de fonctions essentielles à une gestion durable des forêts !
Trois types d'arboretums en France
Aujourd’hui, il existe trois types d’arboretums : les arboretums pédagogiques, les arboretums conservatoires et les arboretums scientifiques :
- Les arboretums pédagogiques sont ouverts au grand public et contiennent beaucoup d’espèces. La pédagogie porte sur la reconnaissance, les usages possibles de végétaux et l’exploration de la biodiversité spécifique.
- Les arboretums conservatoires renferment des espèces rares ou en danger. Ils sont parfois les derniers refuges d’espèces menacées, voire disparues. C’est par exemple le cas de l’espèce de cyprès cupressus dupreziana, originaire du Sahel et présent dans l’arboretum de Tassili, en forêt domaniale de l’Estérel, dont on estime qu’il ne reste que quelques centaines d’individus dans son aire d’origine.
- Les arboretums scientifiques* possèdent un nombre important d’individus par espèce. Grâce à eux, les informations collectées sont nombreuses : comportement vis-à-vis du milieu, potentialité de croissance, utilisation forestière, sensibilité aux attaques parasitaires… Ces arboretums permettent d’évaluer la capacité d’adaptation de nouvelles espèces dans des conditions différentes de celles de leur aire d’origine.