Des boucs au service de l'alouette lulu à la mare à Goriaux
Bouleaux, puis charmes et chênes se sont naturellement implantés dans le terril de la Mare à Goriaux (Nord). Aujourd’hui, leur développement doit être limité pour maintenir un milieu favorable aux espèces inféodées à ces espaces ouverts, notamment l'alouette lulu. Aussi appelée Lullula arborea, cette espèce, classée "en danger critique d’extinction" sur la liste rouge régionale des espèces menacées dans le Nord et le Pas-de-Calais (6 à 11 couples répertoriés), fréquente les boisements clairs. Se déplaçant beaucoup au sol, elle a besoin d'une strate herbeuse courte entrecoupée de secteurs nus.
Bien que l'alouette lulu soit présente sur le terril Rousseau, distant de quelques centaines de mètres de la mare à Goriaux, la fréquentation du public laisse craindre qu'elle ne se désintéresse du site et ne disparaisse totalement du département. En forêt de Raismes-Saint-Amand-Wallers, le terril de la mare à Goriaux se prépare donc à l'accueillir grâce à l'éco-pâturage.
Espèce rustique et rare, la chèvre des fossés a été choisie pour entretenir le terrain, notamment les mâles. Ces derniers ont pour particularité d’être agressifs et de dégager une odeur pestilentielle qui évite ainsi qu’on les vole. Une surveillance est exercée par un chevrier plusieurs fois par semaine. Leur tâche accomplie, les boucs repartiront vers d'autres lieux jusqu'à fin août, où ils viendront à nouveau s'occuper de la végétation.
Cette action est mise en place depuis 2019 en partenariat avec le Parc naturel régional Scarpe-Escaut et le Groupement ornithologique et naturaliste du Nord de la France(GON), grâce au financement européen (Natura 2000) et l’aide du Parc naturel régional Scarpe-Escaut.
La mare à Goriaux, vestige de l’histoire minière
La mare à Goriaux est l’une de ces pépites de biodiversité que l’ONF cherche à protéger. Résultat d'un important affaissement minier, ce vaste étang couvre une centaine d’hectares et est entouré de boisements humides. La colonisation naturelle a progressivement enrichi ce milieu d’origine anthropique, témoin de l’histoire industrielle du Nord, jusqu’à en faire un milieu de grande diversité, abritant des espèces d’intérêt remarquable.
La présence d’eau attire de nombreux oiseaux, en reproduction comme en hivernage ou en migration. Les roselières, qui marquent la transition entre l’eau et la forêt, sont également extrêmement riches en biodiversité.
Enfin, le terril, plat et long de deux kilomètres, est un milieu pionnier qui abrite de nombreuses espèces remarquables. Cette richesse a valu à la Mare à Goriaux d’être classée en réserve biologique dirigée dès 1967.
Des moyens ambitieux et un projet multi-partenarial
L’ONF et le Parc naturel régional de Scarpe-Escaut (PNR), en collaboration avec le Groupe ornithologique et naturaliste du Nord - Pas-de-Calais (GON), mènent régulièrement et depuis de nombreuses années des actions pour entretenir les roselières et le terril, qui constituent les milieux à plus forte valeur patrimoniale de la Mare à Goriaux. Ces opérations, organisées principalement sous la forme de chantiers nature, permettent d’entretenir ponctuellement les milieux tout en sensibilisant les participants à la préservation de l’environnement. Les actions entreprises en 2018 donnent un nouvel élan à cette dynamique en s’appuyant sur la signature d’un contrat Natura 2000, pour un montant de plus de 60.000 €.