Comment réagir face à un serpent en forêt ?
Pourquoi les serpents sortent-ils ?
Les serpents régulent leur température en fonction de celle du milieu extérieur car ils ne produisent pas de chaleur. Pour avoir chaud, ils recherchent les endroits chauds. Au printemps, dès l’arrivée des beaux jours, ils sortent d’hibernation puis s’exposent aux premiers rayons du soleil. Ils ont besoin de se réchauffer afin d’atteindre une température corporelle qui leur permet de se déplacer, de chercher de la nourriture et de trouver des partenaires pour se reproduire. C’est là que l’on peut les rencontrer en forêt. En revanche, dès que les températures deviennent trop chaudes en été, ils cherchent la fraîcheur.
Quels serpents dans les forêts d'Île-de-France ?
Dans les forêts d'Île-de-France, il existe deux grandes familles de serpents, inégalement réparties sur le territoire régional : les couleuvres et les vipères. Au cours de balades estivales, on peut donc croiser sur nos chemins des couleuvres d’Esculape, des couleuvres helvétiques, des vipères aspics et autres coronelles lisses.
Les espèces seront différentes en fonction des massifs forestiers que vous visiterez. En effet, les milieux peuvent différer, tout comme les climats.
Comment différencier les vipères des couleuvres ?
L’une des principales différences entre la couleuvre et la vipère est la forme de leur pupille. Les vipères ont des pupilles similaires à celles d’un chat, avec une ligne verticale qui traverse l’œil. Tandis que les couleuvres disposent de pupilles rondes.
Autres signes distinctifs : leurs écailles. La couleuvre possède au niveau de la tête 9 plaques céphaliques (apparaissant comme des grandes écailles). Quant aux vipères, les plaques peuvent être plus petites mais elles sont surtout beaucoup plus nombreuses.
Enfin, si vous hésitez encore, regardez la queue du serpent. Celle de la couleuvre est longue et très effilée, tandis que celle de la vipère se rétrécie brusquement. En général, la queue de la couleuvre est plus longue que celle de la vipère. Adulte, cette dernière mesure entre 45 et 70 cm de long (parfois 80 cm mais c'est très rare) quand certaines couleuvres atteignent jusqu'à 2 mètres. A noter que la forme évolue et change aussi en fonction de si le serpent est un mâle ou une femelle.
En revanche, « la tête en V », les zébrures ou la couleur ne constituent pas des critères de reconnaissance fiables.
Pourquoi les serpents sont-ils importants ?
Si le serpent souffre d’une mauvaise image, son rôle est important dans l’équilibre des écosystèmes forestiers. En tant qu’espèce sauvage, il se révèle être un allié précieux dans la chaîne alimentaire, en se nourrissant notamment de rongeurs et d’insectes. En trop grand nombre, les rongeurs peuvent causer des dérèglements. En véritable prédateur, le serpent assure un équilibre écologique. Par ailleurs, il a aussi sa place dans la chaîne alimentaire, dans la mesure où il sert de nourriture à certains rapaces comme le Circaète Jean Le Blanc mais aussi quelques grands échassiers comme le héron.
Que faire face à un serpent ?
Les espèces présentes en France sont en très grande majorité inoffensives. Comme la plupart des animaux sauvages, les serpents préfèrent la fuite à une quelconque confrontation ou le camouflage à l’approche d’un danger. Si l’on se trouve nez à nez avec un serpent, il faut garder son calme, ne pas s’en approcher et le laisser tranquille. Les serpents ne courent pas après les gens pour les mordre !
Ce reptile attaque uniquement lorsqu’il a peur et qu’il ne peut s’enfuir. C’est un mécanisme de défense. Un serpent n’attaquera qu’en dernier recours puisque l’acte de mordre est extrêmement énergivore et épuisant. D’ailleurs, la morsure n’est pas systématique et l’envenimation est encore moins fréquente. Souvent, l’acte de défense se limite à un coup de museau. L’idée étant d’impressionner l’adversaire, faute d’avoir pu s’enfuir à temps. L’animal, ne se sentant pas menacé, présentera alors peu de danger. Apeuré, il partira au plus vite. Autant dire que vous ne risquez pas grand-chose.
Le serpent est sensible aux vibrations du sol. Dès lors, si vous vous promenez dans ses environs, il y a de grandes chances pour qu'il fuie avant que vous ne l'ayez vu. En revanche, si vous marchez ou grimpez sur des rochers, surveillez où vous posez les pieds et les mains car il risque de ne pas sentir votre présence.
Soyez également prudent aux intersaisons (début du printemps avec les premières chaleurs, et fin de l’été avec les premières fraîcheurs automnales). Pendant ces périodes là, le serpent « engourdi » est moins vif. Surpris, il peut ne pas avoir le temps de s’en aller et ainsi tenter de se défendre.
Et pour plus de précaution, préférez marcher sur les chemins !
Des inventaires en cours pour la Vipère péliade
La Vipère péliade est une espèce en voie de disparition. Adaptée aux climats frais et aux milieux humides, les conditions de sa survie se font de plus en plus rares du fait du changement climatique. Sa reproduction est également en jeu : une femelle ne met bas que tous les deux à trois ans (les plus vigoureuses donneront moins de dix portées au cours de leur existence), car la gestation épuise ses réserves, ce qui la rend vulnérable et très faible. C’est d’ailleurs une cause de mortalité importante chez cette espèce.
Des inventaires pour recenser les vipères péliades sont en cours dans différents massifs forestiers domaniaux : Dourdan, Montmorency et Notre-Dame.
Des abris artificiels ont été posés afin de vérifier leur présence et le cas échéant effectuer des opérations de comptage, Cette opération se tiendra sur deux ans au minimum. Cette étude mobilisera de nombreux spécialistes et permettra de tirer des conclusions sur l’avenir de la Vipère péliade dans les forêts franciliennes. D’ores et déjà, on constate que les populations qui subsistent sont isolées et risquent un appauvrissement génétique, en plus des autres dangers auxquelles elles sont exposées (pathogènes, prédation, voire destruction).
Peut-on tuer les serpents ?
Tenter de tuer un serpent, notamment une vipère, produira l’effet inverse de ce qui est recherché. Sans autre choix que de se défendre, c'est le meilleur moyen de s'exposer au risque de morsure.
Menacés de déclin, ces reptiles sont des animaux protégés par la loi. Les tuer vous expose à de lourdes peines (voir encadré). La meilleure attitude à adopter consiste à les laisser filer et observer leur beauté. Surtout que c’est une vraie chance d’en croiser car ils sont de plus en plus rares. Les vipères sont si craintives qu’on ne les voit quasiment pas. Quant aux couleuvres, plus vives et plus visibles, leur population baisse de plus en plus.
Comment réagir en cas de morsure ?
En France métropolitaine, les seules espèces venimeuses vivant en liberté sont les vipères. Notez que dans la moitié des cas, elles n’injectent pas de venin lors de la morsure. Cependant, si par malchance vous vous faites mordre. ne prenez pas de risque, contactez les secours en composant le 15 ou le 112. En attendant leur arrivée, restez au calme, allongé, et ne bougez pas car l’agitation favorise la diffusion du venin dans l’organisme. Enlevez tout ce qui peut serrer la peau autour de la plaie (chaussures, bijoux…). Si possible, désinfectez la plaie avec un antiseptique, de l'eau ou du savon mais rien d’autre. Santé publique France rappelle qu’en France, entre 1980 et 2008, ce sont seulement 36 décès liés à une morsure de serpent qui ont été recensés.
Le saviez-vous ?
Le 21 janvier 2021, un nouvel arrêté paru au Journal officiel protège désormais toutes les espèces de serpents de France métropolitaine, soit 14 en métropole, incluant les vipères aspic et vipères péliade. Le texte interdit ainsi de tuer, capturer ou déranger l'ensemble des espèces de serpents présentes sur le territoire ainsi que de les déplacer, même morts, ou d'altérer leur milieu naturel. Une peine de 3 ans d'emprisonnement et 150 000 euros d'amende peut être prononcée.
Cet article a été créé en collaboration avec les équipes du réseau naturaliste herpétofaune de l'ONF.