Forêt d’Exception® Grande Chartreuse : un nouveau plan de gestion concerté avec les acteurs locaux
Pour l’aménagement des 8 500 hectares de forêt domaniale de Grande Chartreuse, l’Office national des forêts (ONF) n'a pas travaillé seul. En partenariat avec le Parc Naturel Régional (PNR) via Forêt d’Exception®, il a coorganisé trois journées de concertation en septembre et octobre 2022 avec une vingtaine d’acteurs locaux. "La Grande Chartreuse est un territoire riche, qui comprend un parc naturel régional, une réserve naturelle nationale, des sites Natura 2000, des sites classés, des monuments historiques, etc." explique Marion Pravin, responsable aménagement à l’agence ONF Isère.
Représentants de collectivités locales, d’associations de protection de la nature, de partenaires institutionnels et évidemment de l’ONF et du PNR, tous se sont retrouvés pour échanger, faire le bilan des deux décennies écoulées et dresser les enjeux des années à venir.
"Le processus de concertation est très important pour le renouvellement d’un aménagement comme celui de la forêt de Grande Chartreuse : chacun a pu exprimer ses inquiétudes et ses attentes, mais également mieux connaître la forêt, ses multiples rôles et usages, et mieux comprendre les actions des forestiers de l’ONF", continue Marion. Les trois journées se sont toutes déroulées de la même manière : une visite sur le terrain le matin et des échanges en salle l’après-midi.
C’est après plus d’un an de concertation et de travail, que le nouveau plan de gestion de la Grande Chartreuse a été finalisé et présenté à l’ensemble des acteurs, le 17 octobre 2023.
Pour commencer, un diagnostic à partager
Ces trois journées ont été l’occasion de revenir sur les objectifs fixés lors du dernier plan de gestion (2002-2017) et d’avoir une photographie de l’état de la forêt en 2022.
Parmi les principaux constats, une hausse de la fréquentation de cette forêt péri-urbaine, aux portes de l’agglomération de Grenoble, a été relevée. Elle trouve une explication avec le réchauffement climatique qui incite les citadins à venir chercher le frais en forêt et l'engouement grandissant pour les sports de nature.
Les acteurs ont également noté une réelle différence entre les espèces d’arbres adultes (de plus de 20 cm de diamètre), qui sont pour les deux tiers des résineux (sapins et épicéas), et les espèces de jeunes arbres dont 75 % sont des feuillus (notamment du hêtre). Cette différence s’explique notamment par la présence des ongulés qui se nourrissent des jeunes plants de sapin.
Enfin, la forêt n’est pas épargnée par les effets du réchauffement climatique. Une accélération du phénomène de dépérissement des arbres et une augmentation de la vulnérabilité des espèces ont été constatées.
Les grands défis pour 2024-2044
Pour organiser la fréquentation du public, plusieurs décisions ont été prises. Même si le massif est attrayant dans sa globalité, deux entrées plus prisées que les autres ont été identifiées : le Monastère et le Col de porte. Ainsi, le nouvel aménagement prévoit de rendre d’autres sites plus attractifs pour répartir davantage les flux. De nouveaux éco-compteurs pour mesurer le nombre de visiteurs en forêt vont être installés afin de pouvoir suivre et gérer les pics de fréquentation. Une meilleure gestion de l’organisation des trails a aussi été mentionnée.
Pour remédier aux difficultés de renouvellement de la forêt à cause de la pression des grands animaux, l’aménagement prévoit d’augmenter les plans de chasse. L’objectif est de réguler le nombre d’ongulés et de protéger systématiquement toutes les plantations à l’aide de produit naturel comme la graisse de mouton qui éloigne les animaux.
Pour faire face au réchauffement climatique, le nouveau plan de gestion prévoit d’une part de favoriser le mélange d’espèces différentes, pour améliorer la résilience de la forêt. D’autre part, il planifie le changement de certaines essences sur des secteurs précis pour planter des arbres qui s’adapteront mieux aux nouvelles conditions climatiques.
Enfin, le plan de gestion insiste sur l’importance du vieux bois qui abrite une grande biodiversité (cavités utilisées par les oiseaux et insectes, champignons…). Le réseau des zones en libre évolution (réseau FRENE) sera étendu.
Pour finir, quatre dessertes forestières seront créées pour faciliter l’accès à certaines parcelles, et permettre leur entretien et leur gestion.
Des participants satisfaits
Toutes ces journées, riches en échanges, ont permis de recueillir diverses visions sur la gestion des forêts de demain. "Ces journées de concertation sont plutôt inédites, ce n’est pas systématique lorsque nous renouvelons un aménagement. Mais dans le cas de la Grande Chartreuse, partager une vision commune avec les acteurs du territoire est fondamental pour préparer l’avenir de la forêt", explique Marion.
Au vu de l’importance du renouvellement de l’aménagement dans la vie d’une forêt, les participants ont souligné la pertinence de ces rencontres. "Les échanges avec d’autres acteurs m’ont fait basculer dans une autre vision de la forêt. Ça m’a beaucoup touché et fait évoluer. Je n’ai jamais regardé la forêt de la même façon depuis que j’ai participé à ces journées de terrain. J’en sors très enrichie", explique Catherine Giraud, présidente de la délégation Isère de la ligue de protection des oiseaux (LPO). Les sujets de tension n’ont pas été éludés : "On a parfois été en désaccord avec les autres participants, mais chacun a toujours veillé à écouter et tenter de comprendre les positions des autres ; ça a permis aussi de s’ouvrir à d’autres problématiques", relate Hugues de Montal, représentant des chasseurs des lots domaniaux de la Grande Chartreuse .
Pour conclure, les différents participants estiment que leurs remarques et idées ont été prises en compte. Ils partagent les grandes orientations de l’aménagement, qui dessineront leur forêt de demain.