Forêt de Fontainebleau : l'ONF remet en lumière les paysages des gorges de Franchard
En janvier 2023, le site de Franchard, lieu le plus célèbre et anciennement fréquenté de la forêt de Fontainebleau, faisait l’objet de toutes les attentions. Des travaux destinés à remettre en valeur le patrimoine naturel se sont déroulés sur trois secteurs : la lande aux abords du parking, le site de la Roche qui Pleure et le chaos rocheux.
Initiés dans le cadre de la démarche Forêt d'Exception®, ils répondent à des objectifs écologiques, paysagers et sylvicoles.
Des partenaires impliqués dans le projet
Ce vaste projet a fait l’objet d’une concertation entre l’Office national des forêts (ONF) et les différents partenaires engagés sur le secteur : amis de la forêt de Fontainebleau, ville de Fontainebleau, agglomération du Pays de Fontainebleau, réserve de Biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais français, l’ASABEPI (association qui lutte contre les espèces exotiques envahissantes), la DRIEAT et Fontainebleau Tourisme.
Restaurer la valeur écologique de la lande de Franchard
La première zone de travaux porte sur sur la lande longeant le sud du parking de Franchard. D’une surface de 1,15 hectares, elle concerne le coteau qui descend vers la platière gréseuse. Celle-ci présente un intérêt écologique que l'ONF entend restaurer.
Non entretenue, les pins sylvestres envahissaient depuis longtemps la lande au détriment de la végétation basse : bruyères et callunes. Cette dynamique ne favorise pas la biodiversité. En effet, sur le massif de Fontainebleau, des espèces protégées dépendent de ces milieux. Figurent parmi elles des oiseaux comme l’Engoulevent d’Europe, la Fauvette pitchou ou encore l’Alouette lulu ou des reptiles comme le Lézard à deux raies.
Selon les études naturalistes menées avec l'association des naturalistes de la vallée du Loing (ANVL), la zone des gorges de Franchard est actuellement "pauvre" au niveau de l’avifaune par rapport à la richesse du massif. En enlevant les pins dans la parcelle 762, l'ONF souhaite que la lande puisse à nouveau se développer et retrouver progressivement sa valeur écologique avec l’installation d’espèces favorables aux milieux ouverts.
Les feuillus (chênes, hêtres et bouleaux), mais aussi des pins à caractère paysager, ont été quant à eux conservés.
Sur ce secteur, le bûcheronnage a été effectué de façon manuelle, associé à un cheval qui se chargeait de sortir les bois de la parcelle jusqu’au parking de Franchard.
La rareté de cet habitat, reconnu d’intérêt européen par le réseau Natura 2000, et le rôle qu’il joue dans la sauvegarde d’espèces rares conduisent l’ONF à stopper le développement de la végétation. Lorsque les pins atteignent une certaine hauteur, comme c’est le cas à Franchard, seule la coupe nous permet d’atteindre cet objectif. Avec les travaux, notre souhait est d’encourager le retour d'un milieu plus favorable à la biodiversité.
Rouvrir un point de vue sur les gorges de Franchard
Les cartes postales anciennes des gorges de Franchard reflètent des paysages pittoresques accidentés, peu boisés et rocheux. Au fil des années, la croissance des pins sylvestres a peu à peu modifié le décor finissant par reboiser tout le chaos rocheux. A tel point que les gorges ne se distinguaient plus au premier coup d’œil à cause de la densité de la végétation.
Sur le chaos rocheux de Franchard, les travaux concernaient le point de vue de Marie Stuart situé sur le sentier bleu n°7 (parcelle 762). Ici, l’ONF a conduit une coupe de pins, avec l’objectif d’ouvrir un cône de vision plongeant dans les gorges (cf. carte). Orienté vers l’ouest, il offre dorénavant aux promeneurs un nouveau panorama sublimé par la topographie du lieu.
Techniquement, les engins habituels n’interviennent pas dans les chaos, où les nombreux rochers et la pente empêchent l’évacuation des bois. Pour cela, l’ONF a utilisé un itinéraire technique couplant la traction animale avec la mécanisation. Pour ce faire, un cheval de trait transportait les bois des zones difficiles d'accès vers les zones accessibles aux camions porteurs. Ailleurs, pour des raisons de sécurité et de rapidité d’exécution des travaux, l'ONF a eu recours à un engin forestier classique.
Cette remise en valeur paysagère n'a pas consisté à enlever tous les arbres du chaos. Le but est de créer une perspective afin que les promeneurs puissent profiter, depuis le sentier bleu, d’une vue panoramique sur l’un des plus beaux chaos rocheux du massif. Ils vont distinguer la topographie des gorges avec son vallon abrupte.
Mettre en lumière les coteaux des gorges de Franchard
Une éclaircie sélective dans les peuplements de pins sylvestres a été réalisée sur les versants des chaos rocheux de Franchard. Elle concernait les parcelles : 762, 763, 764, 765 et 769.
Ici, l’ONF a prélevé des pins sylvestres malades, dangereux et également sains pour deux raisons :
- apporter lumière et espace nécessaires aux arbres conservés pour qu’ils grandissent
- favoriser la croissance des jeunes plants
Après l’intervention, cohabitent dans ces parcelles des arbres d’âges, d’espèces et de tailles variés. La forêt se renouvellera naturellement en gardant son aspect boisé.
Ce travail entendait aussi mettre en valeur les éléments notables du paysage cachés par la densité des pins : rochers, arbres remarquables…
Devenir des bois récoltés lors de ces opérations
Pendant toutes ces interventions, le volume de bois récolté, uniquement des pins sylvestres, s'élevait à environ 2 900 m3. Ils ont été vendus à des entreprises du centre et de l’est de la France à travers des contrats d’approvisionnement.
- Une grande partie, 80% du volume récolté, a servi à fabriquer des charpentes et panneaux de particules destinés à la construction.
- Le reste de moins bonne qualité, transformé en plaquettes forestières, est venu alimenter les chaufferies d’Île-de-France destinées à chauffer des logements.
Valorisés en matériau ou en source d’énergie, ces bois constituent une ressource écologique et renouvelable qui s’inscrivent comme une alternative durable aux énergies fossiles et au béton.
Lutter contre l’érosion du site de la Roche qui Pleure
Depuis longtemps, le site emblématique de la Roche qui Pleure constitue un site très prisé par le public en forêt de Fontainebleau. Victime de sa renommée, l’érosion gagne du terrain, conduisant l’ONF à restaurer certains sentiers qui deviennent dangereux. Cela a été le cas des routes forestières Amédée et du Carnage.
Pour ce faire, les forestiers de l’agence travaux ONF de Fontainebleau ont conçu des ouvrages en bois de robinier et en grès, préservant l’esprit naturel des lieux. Ils servent à ralentir l’écoulement du sable dans la pente, à stabiliser le sol lorsque la végétation est absente, tout en sécurisant le sentier emprunté par les promeneurs.
Avec le temps, l'érosion naturelle a dégradé ce site emblématique. Le passage répété du public a retiré la végétation qui ne protège plus le sol. L’eau a emporté le sable dans la pente. Des ravines de plusieurs centimètres se sont creusées. Si l'on n’engage pas des travaux, cela représente un danger pour le public.