L'ONF réalise un observatoire photographique des paysages de la forêt de Fontainebleau
Observer les mutations d’une forêt à travers des photos d’un même lieu, prises à intervalles de temps différents, selon un cadrage identique, c’est le travail lancé en 2020 par l’Office national des forêts (ONF) sur le massif de Fontainebleau. L’observatoire photographique des paysages entend constituer un outil reconductible tous les 10 à 15 ans.
Il repose sur 42 sites retenus selon leurs spécificités : sites et sentiers touristiques, paysages emblématiques (landes, pelouses, chaos rocheux), problématiques paysagères reconnues (dépérissements des arbres), zones soumises à des interventions sylvicoles, lieux susceptibles d’évoluer avec le changement climatique, ou avec la forte pression touristique.
4 campagnes de prises de vue
L’ONF a fait appel à Claire Tenu, photographe professionnelle. La réalisation de la première série de prises de vues reposait sur 4 campagnes photographiques et s’est terminée l’été 2022. En reproduisant ce travail, avec les mêmes critères de saisonnalité, les clichés permettront d’apprécier les changements paysagers du massif de Fontainebleau (imperceptibles au jour le jour), qu’ils soient d’origine naturelle ou anthropique, et d’engager des mesures lorsqu’elles sont nécessaires.
Sur le long terme, l’observatoire entend constituer un outil visant à :
- suivre les modifications paysagères et naturelles ;
- évaluer les modes de gestion et de protection engagés dans la forêt ;
- percevoir les effets de la fréquentation touristique sur le milieu naturel ;
- appréhender un changement lié à une situation particulière ;
- décider le cas échéant des mesures de préservation à engager ;
- sensibiliser et responsabiliser les usagers et les acteurs du territoire.
Une initiative partagée
Pour mener à bien cette initiative, l'ONF s'est associé à différents partenaires : des représentants du département de Seine-et-Marne (direction des routes et musée des Peintres de Barbizon), de la direction régionale et interdépartementale de l’environnement (DRIEAT d’Ile-de-France), de l’aménagement et des transports d’Ile-de-France, de l’association des Amis de la forêt de Fontainebleau, de la Ligue pour la protection des oiseaux, de Fontainebleau Tourisme, de la ville de Fontainebleau et de l’université de Paris (Station d’écologie forestière).
Tous ont composé le comité de pilotage qui avait un rôle consultatif portant sur le conseil et l’assistance auprès de Claire Tenu. Il a également formalisé les attendus tout en sélectionnant les points de vue à prendre. Ce travail a fait l’objet d’une subvention du Département de Seine-et-Marne et de la DRIEAT d’Ile-de-France.
Des premiers enseignements déjà visibles
Cette première série s’avère une base de référence. Si elle ne permet pas encore d’avoir le recul suffisant, pour être un support de veille et de suivi des transformations paysagères, elle met en évidence quelques problématiques actuelles du massif forestier.
Trois ans après les premières prises de vues, des dynamiques pressenties se confirment, d’autres, plus inattendues se trouvent immortalisées par la photographie.
"Loin de s’attacher à montrer, les 'beaux paysages' et encore moins leur exhaustivité, l’observatoire prouve à quel point les paysages du massif de Fontainebleau sont des révélateurs de nos pratiques, des dynamiques naturelles, des évolutions des usages de la forêt" précise Sophie David, cheffe de projet Fontainebleau, Forêt d’Exception® à l'agence Île-de-France Est.
Cette initiative ne couvre pas toutes les thématiques forestières. Elle complète les outils déjà existants d’analyse et de connaissance des paysagers et des usages tels que l’observatoire de la fréquentation du public, les inventaires naturalistes ou encore les suivis dendrométriques des arbres…
Il est étonnant de constater que des sites très photographiés à l’époque, considérés comme les plus pittoresques ou les plus représentatifs, sont méconnaissables aujourd’hui. Le cas le plus extrême est la Mare à Dagneau, sur le plateau de Belle-Croix. Tous les photographes du XIXe siècle travaillant à Fontainebleau l'ont représentée toujours selon le même point de vue. Aujourd'hui, la mare est totalement entourée de bouleaux et de pins.