Montagne de Reims, Forêt d'Exception® : les actions pour préserver la biodiversité et mieux connaître le patrimoine forestier
Préserver la biodiversité
Les réserves biologiques dirigées des Faux et des mares de Verzy
La forêt de Verzy compte deux des plus anciennes réserves biologiques dirigées (RBD) depuis 1981. Cet outil de classement spécifique à l'ONF, implique la mise en œuvre d'une gestion conservatoire particulière à un milieu ou une espèce remarquable. C'est aussi un site privilégié pour les études scientifiques et la sensibilisation du public.
La première réserve concerne bien sûr la station la plus importante au niveau mondial de hêtres tortillards ou faux. La RBD des Faux de Verzy s'étend sur 57 hectares et, selon le dernier inventaire effectué en 2007, comprenait plus de 700 Faux. L'ONF y met en œuvre une gestion propre à la préservation des hêtres tortillards. En effet, les branches tortillardes retombant au sol sont régulièrement dégagées pour permettre aux marcottes et aux semis naturels de s'installer. Les autres feuillus se développant à proximité, sont également élagués sans aucune considération économique pour assurer un ensoleillement suffisant aux Faux.
Sur ce site, la conciliation de la préservation des Faux avec l'accueil du public et la production de bois est particulièrement emblématique.
La forêt de Verzy abrite aussi un vaste réseau de mares forestières, un milieu fragile et source de biodiversité importante. Une seconde RBD vient protéger 69 mares, réparties en 7 entités distinctes, sur une aire totale de 9,77 hectares pour une surface en eau de 1,42 hectares. L'ONF entretient et étudie spécifiquement chacune d'entre elles (inventaires faune et flore, travaux de dégagement, étude palynologique de la tourbière du parking des Pins).
L'inventaire des oiseaux des forêts domaniales
En 2015 et 2016, six experts forestiers naturalistes de l'ONF ont arpenté les trois forêts domaniales sur 3 500 hectares pour dresser une liste des espèces d'oiseaux qui les fréquentent. Ils ont effectué 179 points d'écoute au total et des observations visuelles. La Montagne de Reims s'avère un des sites les plus riches où le réseau ait réalisé des inventaires.
89 espèces ont pu être répertoriées dont 69 espèces nicheuses, parmi elles :
- 4 sont inscrites à l'annexe I de la Directive Oiseaux : Bondrée apivore, Pic mar, Pic noir, Pie-grièche écorcheur
- 5 sont inscrites sur la liste rouge nationale de l'UICN : Bouvreuil pivoine, Gobemouche gris, Linotte mélodieuse, Pic épeichette et Pouillot siffleur
- 5 sont inscrites sur la liste rouge nationale comme "quasi-menacées" : Bruant jaune, Fauvette grisette, Mésange noire, Pouillot fitis et Torcol fourmilier
- 7 sont inscrites sur la liste rouge de Champagne-Ardenne : Bec-croisé des sapins, Gobemouche noir, Grimpereau des bois, Pie-grièche écorcheur, Pouillot de Bonelli, Pouillot siffleur, Torcol fourmilier.
Le massif présente donc un intérêt régional élevé au regard de l'avifaune. Ces résultats nous indiquent une bonne diversité et une bonne qualité du milieu forestier, aussi bien en termes d'essences que de stades des peuplements. La gestion forestière mise en œuvre, le respect des dates des travaux et des coupes ainsi que les zones de quiétude favorisent cette biodiversité.
Une étude sur les Ratons-laveurs
De nombreux interlocuteurs se sont réunis en 2017 autour de la problématique du Raton-laveur (APM, laboratoire CERFE, OFB, FDC51, ONF et Parc naturel régional).
Cette espèce exotique envahissante, très présente dans le quart nord-ouest de la Marne, tend à se répandre jusqu'en Argonne.
Pour des raisons sanitaires et environnementales, l'Office français de la biodiversité mène un projet (CNERA Prédateurs-Animaux Déprédateurs) depuis 2017, coordonné par Jean-François Maillard, pour étudier le Raton-laveur. Le CERFE, dirigé par Rémi Helder, a mis en place une thèse sur son éco-éthologie (dispersion, mode de vie, régime alimentaire).
Mieux connaître le patrimoine forestier
Valoriser les arbres remarquables
Les forêts domaniales abritent des arbres tout à fait remarquables, d'un point de vue architectural ou mémorable.
Outre les Faux de Verzy, le Chêne à la Vierge fait par exemple l'objet d'un pèlerinage annuel le troisième dimanche de septembre depuis le Moyen-Âge. D'autres arbres encore sont représentatifs des orientations sylvicoles passées (pour la production de piquets de vigne par exemple).
En 2015, l'ONF a donc effectué un recensement des ces arbres remarquables en commençant par la plus grande forêt domaniale de la Montagne de Reims, celle du Chêne à la Vierge, en partenariat avec l'association A.R.B.R.E.S., l'université Picardie Jules Verne et l'Agence de développement touristique de la Marne.
La création d'un sentier "Arbres remarquables" au départ du parking de la Noëlle est une des premières valorisations de cette étude.
Valoriser des données "Lidar"
Le Parc naturel régional de la Montagne de Reims, accompagné de l'expertise du bureau d'étude de l'ONF, a pu acquérir des données Lidar sur son territoire en 2018 en concertation avec des partenaires locaux (la DRAC, l'université Reims Champagne-Ardenne, l'université Picardie Jules Verne et les services archéologiques du Grand Reims).
Cette technologie apporte des informations sur l'histoire humaine et écologique de la Montagne de Reims qui ont été valorisées, entre autres, lors de l'étude archéologique menée sur les forêts publiques du territoire du Parc.
Celle-ci a pu révéler une présence humaine ancienne et des vestiges de diverses époques, aujourd'hui presque invisibles sous la litière forestière. Des habitations gallo-romaines ont été retrouvées, ainsi que des sites médiévaux d'une certaine importance avec des traces de fortifications.
De plus, les réseaux hydrauliques ont été mis en lumière, comprenant également le parcellaire ancien et le réseau des cheminements. Des traces d'activités économiques comme les charbonnières et les tuileries s'ajoutent à ces découvertes. Puis, en nombre bien supérieur, des vestiges des deux guerres mondiales parsèment le territoire.
Différents partenariats sont en réflexion afin d’approfondir le travail d’identification sur le terrain et d’envisager pour l’avenir de potentiels expositions ou événementiels pour diffuser les connaissances acquises sur l’histoire de lieux.
D'autres études issues de ces relevés permettront de poursuivre ce travail et de s'intéresser à des thématiques telles que l'hydrologie, la karstologie, les mouvements des terrains, la géomorphologie, etc.