Forêt d'Exception®, quelles perspectives pour l'évolution du label ?
Quelles sont les priorités de votre mandat ?
Je pense qu’il faut avant tout conserver l’esprit et l’identité du label créé en 2007. Jusqu’à présent, nous étions dans une phase de labellisation de nouvelles forêts. Maintenant que nous avons atteint un rythme de croisière avec déjà 16 forêts engagées, l’enjeu est de le faire vivre dans la durée et de poursuivre la dynamique. Pour cela, je souhaite accompagner le réseau.
Réussir à faire travailler ensemble les chefs de projet et les membres du comité sur des problématiques communes, travailler davantage en équipes transverses, c’est un vrai enjeu pour l’avenir. J’envisage également de renforcer la coopération avec les universités pour continuer à mener des recherches sur les forêts labellisées, notamment dans le domaine des sciences humaines et sociales.
Depuis la première labellisation il y a 14 ans, quels principaux enseignements retenez-vous ?
Ce qui me semble notable, c’est le fort investissement entrepris en faveur du dialogue territorial, à l’origine de la dynamique et de la pérennité des projets. Toutes les forêts sont exceptionnelles, qu’elles soient labellisées ou non. L’important c’est ce dialogue territorial fructueux ; faire en sorte que des élus, des associations travaillent main dans la main avec l’ONF pour définir et faire vivre des projets à l’échelle locale.
À ce titre, il faut souligner la qualité du travail et l’investissement des chefs de projet Forêt d'Exception®. Ils constituent la cheville ouvrière de la dynamique locale pour porter les programmes. Grâce à leur expérience, l’ONF a pu monter en compétences dans ce domaine. Ils effectuent un travail considérable, crucial pour faire vivre le label.
Nous avons des chefs de projet Forêts d'Exception® en or qui, grâce à leur dévouement et leur motivation à convaincre les élus et les acteurs locaux, ont assuré de belles réussites à l’échelle locale.
Quelle est la place du label dans la dynamique de dialogue entreprise par l’ONF vis-à-vis de la société ?
Le label a été assez pionnier, notamment sur la question de la gouvernance locale. Il n’y a pas un exemple unique de gouvernance territoriale pour l’ensemble des Forêts d'Exception®, il diffère en fonction de chaque forêt, de chaque massif ainsi que des acteurs locaux en place. C’est un modèle extraordinaire d’adaptation car il pousse à confronter des démarches très variées qui s’articulent avec des chartes forestières de territoires, des comités de massifs ou avec des projets portés par les parcs naturels régionaux… La vocation de Forêt d'Exception® est de nourrir la réflexion pour d’autres forêts et d’autres massifs.
Quels exemples concrets peuvent illustrer l’intérêt de ce dialogue territorial ?
La démarche Forêt d'Exception® est née de la volonté d’ouverture et de partage des enjeux de la gestion forestière : aller, comme l’a fait l’ONF, au-devant des élus, des associations locales pour coconstruire de nouveaux outils de gouvernance territoriaux afin de fédérer les acteurs est un réel atout pour aborder bon nombre de crises.
Cela a été très utile pour gérer la crise des scolytes en forêt de Verdun et mener un dialogue territorial fructueux afin d’anticiper sa reconstitution. Idem concernant les dépérissements en forêt de Fontainebleau, ou dans le bassin d’Arcachon à la suite des incendies de 2022. Cet héritage de pratiques de gouvernance où les protagonistes se connaissent et ont l’habitude de travailler ensemble, est un acquis très significatif du réseau.
La démarche Forêt d’Exception® est d’une grande richesse. Elle permet notamment de mettre en valeur le savoir-faire des forestiers en matière de gestion multifonctionnelle et d’approfondir nos compétences d’animation d’un dialogue territorial ouvert et constructif. J’ai à cœur de renforcer le réseau en favorisant les échanges entre équipes, la diffusion des apprentissages de Forêt d’Exception® vers toutes les forêts publiques et de maintenir leur rôle de laboratoire et de vitrine de la multifonctionnalité.