©Franck Zvardon

Forêt d'Exception®, quelles perspectives pour l'évolution du label ?

Jérôme Buridant, géographe à l’Université de Picardie Jules Verne, préside depuis février 2024 le Comité national d’orientation Forêt d'Exception®. Il partage sa vision stratégique pour ce label créé par l’ONF en 2007.
Entretien avec Jérôme Buridant "Il faut faire vivre le label dans la durée"

Quels sont les grands axes qui guident votre présidence au sein du Comité national Forêt d’Exception ® ?

Prendre la tête du Comité national d’orientation Forêt d’Exception® est une opportunité de poursuivre et d’amplifier le travail remarquable initié depuis 2007. Avec 16 forêts déjà labellisées, l’heure est venue de renforcer la dynamique et d’assurer la pérennité du label.

Pour cela, mon objectif principal est de consolider le réseau, notamment en favorisant une meilleure coopération entre les chefs de projet de l’ONF et les membres du comité. Cela passe par des démarches transversales et collectives pour répondre à des problématiques partagées. Je souhaite aussi approfondir les liens avec les universités afin de développer de nouvelles recherches, en particulier dans les sciences humaines et sociales, sur les spécificités des forêts labellisées.

Quelle vision portez-vous sur ce label ?

Forêt d’Exception® est un modèle d’adaptation et de gouvernance locale. Chaque forêt adapte son mode de fonctionnement en fonction des spécificités de son territoire, en lien avec les chartes forestières, les comités de massif ou les projets des parcs naturels régionaux. Ce label doit être de nature à inspirer d’autres initiatives en valorisant une gestion forestière participative et territorialisée.

Quels enseignements tirez-vous après 14 ans de labellisation ?

Le dialogue territorial est l’un des piliers fondamentaux de la réussite de Forêt d’Exception®. Il permet aux élus, aux associations et à l’ONF de travailler main dans la main pour coconstruire des projets adaptés aux besoins et enjeux locaux. Ces collaborations sont d’autant plus essentielles face aux défis contemporains.

À Verdun, par exemple, ce dialogue a été déterminant pour anticiper la reconstitution forestière après l’épidémie de scolytes. De même, à Fontainebleau et dans le bassin d’Arcachon, suite aux incendies de 2022, l’héritage de pratiques collaboratives a prouvé son efficacité pour fédérer les acteurs et trouver des solutions adaptées.

Cette capacité à mobiliser renforce la pérennité des projets et permet de mieux répondre aux crises. Elle illustre aussi le rôle central des chefs de projet Forêt d’Exception®, véritables chevilles ouvrières dont l’expertise et l’engagement assurent la mise en œuvre concrète et durable des démarches locales.

Nous avons des chefs de projet Forêts d'Exception® en or qui, grâce à leur dévouement et leur motivation à convaincre les élus et les acteurs locaux, ont assuré de belles réussites à l’échelle locale.