Réserve biologique intégrale de Nantigny
La réserve biologique intégrale de Nantigny est située au sud-ouest de la célèbre forêt domaniale de Tronçais, au nord du Massif Central, dans la région naturelle du Bocage bourbonnais.
Du fait de son étendue, de son ancienneté et de cortèges faunistiques variés, la forêt de Tronçais est concernée en totalité par une ZNIEFF de type 1. La RBI fait partie d'un des noyaux de la ZSC "Forêt de Tronçais".
La forêt de Tronçais a reçu le label Forêt d'Exception®.
Histoire
La forêt domaniale de Tronçais est une ancienne grande forêt royale. Depuis plusieurs siècles, elle est réputée comme un des plus hauts-lieux de production de chênes de grande qualité.
Les peuplements forestiers de la réserve de Nantigny sont des futaies issues de régénération naturelle par coupes successives entre 1843 et 1853. Différents coups de chablis ont ouvert des trouées depuis 1982. Les coupes et travaux ont été arrêtés dès 1994, avec la décision de création de la RBI.
Créée en 2004, la RBI de Nantigny complète l'historique petite réserve de la Futaie Colbert, pour sa part ancienne série artistique reclassée en réserve biologique en 1975.
Géologie - Pédologie
La RBI de Nantigny repose sur des substrats siliceux, des grès et micaschistes du Trias et du Carbonifère.
Les sols développés sur ces formations sont d'une richesse variable (sols bruns plus ou moins acides, sols lessivés) mais sont dans l'ensemble assez profonds et donc très favorables à la forêt. Des zones plus humides voire marécageuses existent ponctuellement, à la faveur de dépressions et de niveaux de sources.
Milieux naturels
La forêt de Tronçais se trouve à l’étage collinéen. Dans l'ensemble, les types d'habitats forestiers présents dans la réserve ne sont pas remarquables, le site a au contraire été choisi pour être typique de la forêt et de la région naturelle.
A Nantigny comme dans l'ensemble de ce prestigieux massif, la grande qualité des bois a conduit depuis des siècles les forestiers à privilégier le Chêne. Le Hêtre, historiquement relégué au second plan, présente néanmoins une assez forte dynamique du fait d’une pluviométrie relativement abondante (800 à 875 mm par an).
Ainsi, même si les peuplements actuels restent dominés par le Chêne, les habitats naturels de la RBI consistent majoritairement en des hêtraies-chênaies de divers types, en fonction de la richesse des sols : hêtraies-chênaies acidiphiles à Canche flexueuse (CB : 41.12 - N2000 : 9120), hêtraies-chênaies neutrophiles (41.13 - 9130), à Mélique uniflore, à Jacinthe des bois ou à Luzule des bois (cette dernière, sur versants frais, étant originale en contexte collinéen). Le surplus (1%) est formé de divers habitats très peu étendus mais présentant un intérêt patrimonial particulier : aulnaie marécageuse (44.9), aulnaie de bordure de ruisseau (44.3 - 91E0*), chênaie pédonculée à Ail des ours (41.21).
Flore et fonge
La RBI de Nantigny étant surtout caractérisée par la typicité de ses milieux forestiers, elle comporte peu d'espèces remarquables. Rare et très discret, le Dicrane vert est une bryophyte d’intérêt communautaire (DH II) et protégée au niveau national, vivant préférentiellement sur l'écorce de la base des troncs de hêtres, en situation fraîche. Plus spectaculaire est l'Osmonde royale, grande fougère peu commune, associée aux aulnaies marécageuses. La Jacinthe des bois, espèce typiquement atlantique, se trouve ici en limite d’aire de répartition.
Un inventaire des champignons lignicoles a été réalisé de 2021 à 2023 par le réseau Mycologie de l’ONF, assisté de mycologues externes. 375 espèces ont été trouvées, dont 24 considérées comme patrimoniales, ce qui permet d’affirmer que la réserve de Nantigny abrite une diversité fongique exceptionnelle et présente un intérêt de niveau national.
Faune
Un premier inventaire des coléoptères saproxyliques réalisé par le réseau Entomologie de l'ONF en 2005-2007 avait mis en évidence plus de 120 espèces dans la RBI de Nantigny, dont une vingtaine considérées comme indicatrices de la valeur biologique des forêts françaises. Une nouvelle étude en 2023-2024 (et devant être complétée en 2025) a mis en évidence 294 espèces, dont deux protégées mais relativement communes, le Lucane cerf-volant (DH2) et le Grand capricorne (DH2 et 4, PN), et surtout 27 espèces patrimoniales dont 6 très rares au niveau national.
Un inventaire des espèces nicheuses réalisé par le réseau Avifaune de l'ONF en 2023 a mis en évidence une très forte densité globale des populations d'oiseaux. Le cortège présente un intérêt de niveau régional, avec 8 espèces patrimoniales : Pic mar (DO1), Pic noir (DO1), Pic épeichette, Pic cendré (DO1), Aigle botté (DO1), Autour des Palombes (DO1), Gobemouche noir et Pouillot siffleur.
Les chiroptères sont représentés notamment par la Barbastelle et le Vespertilion de Bechstein (PN, DH2 et 4).
Le ruisseau de la Bouteille, qui traverse la réserve, héberge l’Ecrevisse à pieds blancs (PN, DH2) et le Chabot, petit poisson des eaux fraîches et bien oxygénées (DH2).
La grande faune est bien présente, notamment le Cerf, qui a localement une population importante.
Gestion
Les objectifs de gestion de la réserve de Nantigny sont ceux de toute RBI, axés principalement sur l’étude de la dynamique naturelle et le développement de la biodiversité associée aux vieux peuplements forestiers. A Nantigny, on s’intéresse en particulier à la place potentielle du Hêtre et des essences secondaires (Chêne pédonculé, Merisier, Houx, Tilleul...) au sein de l'écosystème, à la capacité de régénération du Chêne sessile dans les petites trouées. Les études naturalistes déjà réalisées ont porté sur les champignons, les insectes, l'avifaune.
Il n'y a plus eu d'intervention depuis 1994 dans les peuplements de la RBI, à l'exception d'éventuels besoins de mise en sécurité de la route longeant la réserve et de propriétés riveraines.
Après seulement 8 ans de non-exploitation, le volume de bois mort (debout et au sol) était déjà de plus de 18 m3/ha, augmentation prometteuse pour la biodiversité associée à ce compartiment de l'écosystème forestier (insectes, champignons, bryophytes…).
Si toute sylviculture a cessé dans la RBI, une régulation des ongulés par la chasse reste pratiquée pour éviter des déséquilibres faune-flore préjudiciables aux objectifs de la réserve, du fait de l'absence de prédateurs naturels.