Orpaillage illégal en Guyane : l'ONF au coeur de la stratégie pour défendre les espaces protégés
L’éradication est constatée après 28 interventions pilotées et menées pendant un an par l'Unité spécialisée nature (USN) du Service foncier mines et carrières (SFMC) de la direction territoriale de l'Office national des forêts (ONF) de Guyane. Soulignons avec fierté la collaboration entre les services Sylvétude et le SFMC-USN de l’ONF, avec l'Armée/3ème REI, la Gendarmerie, l'Etat-Major de lutte contre l'orpaillage et la pêche illicites (EMOPI) et la Direction générale des territoires et de la mer (DGTM). Espérons que les missions des prochains mois maintiendront positivement ce résultat, d’autant plus dans les dynamiques de réouverture du camp Arataï (projet CORACINES) et de déploiement du projet ORION (Observatoire résilience impacts orpaillage nouragues).
Les négociations financières et humaines prochaines seront décisives pour assurer la continuité de ces résultats et atteindre, à moyen et long terme, les objectifs de protection de la réserve des Nouragues. Sans crédit pérenne et soutien humain, la stratégie s’essoufflera en 2023.
Survol des chantiers illégaux
« Les Nouragues » est la plus grande réserve naturelle nationale (RN) terrestre de France après les Terres Australes. Elle a été créée en 1995 pour protéger 105 800 hectares de forêt amazonienne en Guyane française. Depuis 2014, elle est cogérée par l’Office national des forêts (ONF) et le Groupe d’études et de protection des oiseaux en Guyane (GEPOG). Les moyens humains et financiers alloués doivent permettre l’atteinte des objectifs établis dans le plan de gestion quinquennal validé par arrêté préfectoral (R03-2018-02-19-003) ; plan de gestion en révision cette année et qui deviendra décennal.
L’orpaillage illégal (extraction de l’or) est la menace principale de la réserve naturelle. Cette activité entraine déforestation, destruction et pollution des sols et des cours d’eau. S’ajoute à cela le braconnage, la pêche illégale de subsistance, le vol de bois, l’accumulation de macrodéchets et l’insécurité pour les équipes de la réserve et de la Station scientifique du CNRS située au cœur de la réserve.
Les chantiers clandestin
La RN des Nouragues est impactée depuis les années 2000 par l’orpaillage. La situation a été la plus critique à partir de 2004 avec 23 chantiers illégaux recensés dans l’année et ce jusqu'en 2006 avec le double meurtre des agents de la RNN par les orpailleurs clandestins. Le dispositif Harpie incluant Préfecture/EMOPI, Gendarmerie, Armée, Police aux frontières, Douanes, Parc amazonien et ONF) et coordonnant la Lutte contre l’orpaillage illégal (LCOI) a alors remonté les Nouragues dans ses priorités d’interventions. Cependant les actions demeuraient trop ponctuelles pour être réellement efficaces.
En juillet 2018, des accords ont été passés entre l’ONF et les services de l’État pour mener des missions de destruction LCOI pilotées par les agents de l’Unité spécialisée nature (USN) de l’ONF. En effet, ceux-ci connaissent parfaitement le terrain grâce à leurs survols réguliers des Nouragues dans le cadre de leurs missions de renseignement pour le bilan patrimonial. Les missions conjointes d’interventions (AGIGN, ONF) ont été un succès et ont démontré l’efficacité de l’accompagnement terrain de l’ONF au travers de trois missions de destruction pilotées par l’USN en 2018 et 2019.
Forts de cette expérience partenariale et de la compétence de l’USN, l’ONF et la RN, soutenus par DGTM, ont revu leur rôle en 2021 pour devenir moteur dans le pilotage de la LCOI aux Nouragues.
En juin 2021, une nouvelle stratégie a été proposée par l’ONF puis acceptée par les membres du dispositif Harpie. Des accords Parquet ont été signés en août 2021 pour donner plus de prérogatives judiciaires aux agents ONF dans le cadre de la LCOI. Une stratégie LCOI spécifique aux Nouragues a ainsi été actée et lancée à partir de septembre 2021. Elle a été financée avec un soutien de la MIG-DOM et des dotations complémentaires pour la RNN (Bop 113) pour la prise en charge des vols héliportés et une partie des temps hommes-jours.
L’enjeu pour 2023 est de permettre la pérennisation des financements et le maintien du temps et des compétences internes ONF pour piloter et mettre en œuvre cette stratégie LCOI, cruciale pour la protection des Nouragues.