©Maxence Kerveleo / ONF

Récolte de graines : sur les traces des trésors forestiers d'Île-de-France

À l'automne, la course est lancée ! La saison de la récolte des graines forestières commence dans les massifs domaniaux. En Ile-de-France, certains massifs publics sont sous les projecteurs : Saint Germain, Dourdan, Sourdun, Fontainebleau, Villefermoy et Marly abritent des peuplements de chênes classés pour leur patrimoine génétique remarquable. Ces derniers ont fait l'objet de récoltes de leurs fruits : lumière sur ce processus indispensable au renouvellement forestier.

Si les arbres produisent des graines , pourquoi les forestiers ramassent-ils ?

Forêt domaniale de  Saint-Germain
Forêt domaniale de Saint-Germain - ©Maxence Kerleveo / ONF

L'objectif de la récolte est de fournir les graines qui deviendront les jeunes arbres utiles aux plantations futures ! Avec le réchauffement climatique et le besoin de plus en plus grand d'accompagner les forêts à y faire face, cette récolte est très importante.

Les semences récoltées proviennent majoritairement de peuplements classés de chênes sessiles et pédonculés. Le chêne est une essence assez robuste qui montre une bonne résistance aux épisodes météorologiques extrêmes comme les longues périodes de sécheresse ou les fortes pluies; ce qui en fait une essence incontournable que les forestiers s'emploient à favoriser.

Ces graines sont sélectionnées pour leur provenance, notamment celles issues de zones géographiques plus chaudes ou issues de peuplements aux caractéristiques génétiques remarquables. Ceci afin d'anticiper les évolutions climatiques et de permettre aux arbres d'évoluer et de s’épanouir durablement, garantissant ainsi une meilleur résilience des forêts aux conditions climatiques futures.

Une récolte au petit soin : direction la forêt

Sur le terrain, la toute première étape va être de se diriger vers des peuplements de chênes classés, ceux-ci sont contrôlés et font l’objet de suivis réguliers par les équipes de l’ONF. L’objectif est de favoriser des peuplements de chênes de haute qualité génétique, présentant une résilience accrue face aux aléas climatiques, avec des troncs droits, une bonne hauteur et peu de problèmes sanitaires, tout en évitant les mélanges avec d'autres essences, afin d’en récolter les glands.

Pour réaliser ce travail méticuleux, l’ONF fait appel à des "glandeurs" afin de venir ramasser les glands. 

Des glands minutieusement sélectionnés
Des glands minutieusement sélectionnés - ©Maxence Kerleveo / ONF

La mission délicate des glandeurs :

Ramasser les graines les plus prometteuses : il ne faut pas que les glands aient germé (quand la petite tige verte est sortie) ni ne soient véreux. 

 

Dans la grande majorité des cas, nous venons en forêt en équipe et nous nous séparons afin d’établir une zone de récolte assez vaste auprès des peuplements de chênes classés. Par la suite, on observe les arbres qui nous entourent afin d’identifier les chênes au plus fort potentiel. On commence tout d’abord autour de leur tronc puis on élargit la zone petit à petit. Nous essayons de sélectionner les glands les plus beaux.

Olivier, cueilleur professionnel chez Vilmorin-Mikado

Illustration présentant la technique de ramassage
Technique du ramassage - ©Maxence Kerleveo / ONF

La récolte de glands est une activité qui ne peut pas être mécanisée, elle nécessite donc une mobilisation importante de main-d’œuvre sur une courte période de septembre à octobre. Les glandeurs jouent un rôle essentiel dans le renouvellement de nos forêts : ils permettent de fournir les graines qui formeront les arbres des forêts de demain, les plus résilientes possibles face aux changements climatiques actuels et à venir. 

 

1... 2... 3... Ramassez !

L’année 2024 en Ile-de-France

Les fortes précipitations estivales ont fait de cette année 2024, une belle année pour la fructification des arbres.

Cet automne en Ile-de-France, les forestiers prévoient le ramassage de plus de 72 400 litres de graines dont 45 700 litres de glands et 26 700 litres de fruits forestiers. Ces graines proviendront essentiellement des massifs de Saint-Germain, Marly, Sourdun, Fontainebleau, Villefermoy et Dourdan. 

C’est donc une bonne récolte qui s’annonce !

La récolte de graines en Ile-de-France en chiffres

Bon à savoir

Il existe aussi d’autres techniques de ramassage des fruits forestiers :

  • sur les houppiers d'arbres abattus : c'est un moyen utilisé pour la récolte des graines légères (Tilleul, Charme, Erables, Bouleau, résineux) ;
  • par des "grimpeurs sur arbres" appelés des "écureuils" : là aussi c'est une méthode employée pour la récolte des graines légères (Tilleul, Alisier torminal, Erables, Merisier, Cormier, cônes de résineux). Elle se fait le plus souvent de fin août à septembre, avant la chute des fruits.

 

Après ramassage, direction la crèche aux graines !

Une fois ramassés, les glands prennent la direction de la Sécherie de la Joux. Créée par l’ONF en 1950, cet endroit prépare les forêts de demain en s’occupant des graines d’arbres pouvant s’adapter au changement climatique. Les graines seront nettoyées, triées, analysées, conditionnées et conservées avant d’être plantées en forêt. 

En pépinière, les semences sont choyées et cultivées par des professionnels pépiniéristes jusqu’à l’âge de maturité, soit 15cm de hauteur environ. En fonction de l’essence, elles restent de 1 à 3 ans en pépinière. Par la suite, ces dernières quittent la pépinière pour retourner en forêt dans des zones forestières où les peuplements en place n’arrivent plus à se régénérer naturellement ou en cas de problématique sanitaire (encre du châtaignier, scolytes, chalarose…).

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