Mille espèces de chauves-souris à travers le monde
Les mégachiroptères
Ils sont aussi appelés "renards volants", en raison de leur museau pointu qui ressemble à celui des renards. Ils ont une vue en couleur et vivent la journée suspendus aux branches des arbres, caractéristique qui leur a permis d'être connus du grand public. Originaires de l'Ancien monde, ils sont tous frugivores et participent à la dissémination des graines, favorisant la colonisation forestière. Leur taille est très variable : avec une envergure de 1,7 m, Pteropus vampyrus est la plus grande chauve-souris au monde. La plus petite espèce ressemble plutôt à un microchiroptère de taille moyenne.
Une description tardive
Les chauves-souris ont longtemps été considérées comme des oiseaux. Il faut attendre la deuxième moitié du XIXe siècle pour que l'ordre des chiroptères soit décrit.
Les deux sous-ordres sont très différents puisque les mégachiroptères sont plus apparentés aux primates et à l'homme, qu'aux microchiroptères.
Ce curieux animal, longtemps considéré comme un oiseau, est en réalité le seul mammifère volant. Contrairement aux idées reçues, les chauves-souris européennes se nourrissent exclusivement d'insectes. Les chauves-souris tropicales sont végétariennes, elles mangent des fruits.
©F. Schwaab / DR.Contrairement aux idées reçues, je ne suis pas aveugle, mais ma vue est insuffisante pour poursuivre mes proies dans la nuit et éviter les obstacles. Je compense en émettant des cris très aigus inaudibles pour l'oreille humaine : des ultrasons. Quand les ondes sonores rencontrent des obstacles, elles rebondissent et l'écho revient à mes oreilles, comme pour un écran radar. Ce système performant me permet de chasser avec grande précision.
©F. Schwaab / DR.J'appartiens à la famille des chiroptères, du grec "cheiros", qui signifie "main" et "pteiros", l'aile : la main en forme d'aile. Au cours de l'évolution, tous mes doigts, sauf le pouce, se sont allongés, reliés entre eux par une fine membrane de peau : le patagium. Grâce à ces ailes ultra articulées, j'ai un vol très acrobatique, bien plus complexe que celui des oiseaux. Je peux presque faire un demi-tour instantané !
©Laurent Arthur / Museum de BourgesNous chassons dans les clairières, les allées forestières, ou bien en rasant la surface des mares et des étangs. En ville, vous avez plus de chances de nous apercevoir autour des lampadaires. Le résultat est impressionnant : une pipistrelle de 30 g mange chaque jour 30% de son poids. Nous sommes de véritables aspirateurs à insectes !
©Laurent Arthur / Museum de BourgesÉquipés d'un appareil spécifique, ils nous identifient grâce à la fréquence des ultrasons que nous émettons, qui est différente pour chaque espèce. Les forestiers spécialisés dans l'étude des chauves-souris appartiennent au réseau naturaliste "mammifères" de l'ONF, ils procèdent à des inventaires réguliers de nos populations.
©Nathalie Petrel / ONFComment se protéger des prédateurs dans ces conditions ? En s'accrochant au plafond. Mes pieds sont comme des pinces automatiques : avec mon poids, mes griffes se bloquent mécaniquement sur leur prise et je ne risque pas de tomber. Le soleil se lève, hop au dodo !
©Yvan Orecchioni / ONFNous utilisons toutes les fissures et cavités que la forêt peut nous offrir, pour nous abriter des prédateurs. En maintenant des arbres à cavités en forêt, les forestiers nous permettent de continuer à trouver des abris.
©F. Schwaab / DR.En forêt domaniale de Retz, ils ont même entièrement adapté une maison forestière qui était en ruine, pour préserver l'habitat d'une espèce en voie de disparition.
©Christèle Gernigon / ONF - Florence Amarasekera / ONFPour que les petits ne naissent pas en plein hiver, nous pratiquons l'ovulation différée. Pour la mise-bas, les femelles s'installent dans des colonies d'où les mâles sont exclus. Les petits sont rapidement regroupés ensemble dans des "garderies" ravitaillées par les mères.
©ONF
Notre rythme cardiaque se réduit à quelques battements par heure et notre température corporelle chute. Dans les gîtes d'hiver, la température doit être constante et le taux d'humidité suffisant pour que notre membrane ne se dessèche pas.
Nous passons donc souvent l'hiver dans des grottes. Il ne faut surtout pas nous déranger car le réveil consomme toute notre énergie et nous menace d'épuisement et de mort.
Insecticides qui nous privent de nourriture, destructions de nos refuges... Les temps sont durs pour les petites chauves-souris que nous sommes. Les forestiers procèdent à des captures régulières pour estimer les populations et leur état de santé. Ils font des recommandations de gestion des forêts pour que les populations de chauves-souris se maintiennent à un niveau satisfaisant.
Ici, le forestier mesure la taille de la chauves-souris qu'il a capturé à l'aide de fins filets tendus entre les arbres, avant de la relâcher.
Au moins 34 espèces vivent en France et les scientifiques estiment le nombre d'espèces à un millier sur la planète : de deux grammes à plusieurs kilos. Après les rongeurs, nous représentons l'ordre le plus important chez les mammifères. Il existe deux sous-ordres :
- les microchiroptères, auquel appartiennent les espèces françaises, divisé en trois familles : les vespertilionidés, les rhinolophidés et les molossidés ;
- les mégachiroptères (espèce tropicale) ou "renards volants", qui ne se nourrissent que de fruits.
Surtout ne nous chassez pas, nous avons besoin de cohabiter avec vous pour vivre. Nous ne dégradons pas notre environnement et bonus, nous sommes très friandes de moustiques ! Attention, respectez notre intimité. Nous déranger en période de naissances signifierait la mort des jeunes, qui risquent de tomber au sol.
©F. Schwaab / DR.Je trouverai la sortie sans difficultés ! Ah oui, je ne m'emmêle pas dans les cheveux et je ne cherche pas à mordre non plus, c'est une légende. (Seules trois espèces de chauves-souris, uniquement présentes en Amérique du Sud, prélèvent le sang du bétail, elles n'attaquent pas les humains).
©F. Schwaab / DR.Les microchiroptères
ls rassemblent le plus grand nombre d'espèces (759 connues à ce jour) pour 16 familles. En Europe, seules trois familles occupent l'espace aérien avec les vespertilionidés, les rhinolophidés et les molossidés.
Les vespertilionidés
Sur les 320 espèces dans le monde (40 genres), 25 vivent en Europe.
Le museau est lisse et ne possède pas d'appendices nasaux. Les oreilles ont un tragus, les ailes au repos sont repliées le long du corps.
Les rhinolophidés
Sur les 70 espèces mondiales, 5 vivent en Europe.
Elles émettent des ultrasons au travers d'appendices foliacés appelés "feuilles nasales". Les oreilles sont larges à la base, pointues à l'extrémité, et ne possèdent pas de tragus (ils ont un anti-tragus). Au repos, les ailes enveloppent l'animal.
Les molossidés
Sur les 52 espèces dans le monde, une seule vit en Europe.
Avec une lèvre supérieure comprenant 5 plis, ses narines s'ouvrent vers l'avant. L'uropatagium est court et la queue libre dépasse largement.
D'autres familles ont des aires de distribution plus locales, principalement sur les îles (les mystacinidés ne vivent qu'en Nouvelle-Zélande, les myzopodidés à Madagascar).
Toutes familles réunies, leurs régimes alimentaires sont très diversifiés : certaines sont insectivores, d'autres carnivores, piscivores, frugivores, végétariennes ou nectarivores. Ces dernières participent d'ailleurs à la pollinisation de nombreuses espèces forestières : c'est par exemple une chauve-souris qui assure la survie des Baobabs en Afrique.
Trois espèces, toutes sud-américaines, sont hématophages : Diphylla ecaudata et Diaenus youngi se nourrissent du sang des oiseaux, Desmodus rotondus de celui de plus gros animaux comme le bétail. Nous n'avons donc rien à craindre des Vampires en Europe.
Les chauves-souris à travers les âges
Les chauves-souris ont survécu à des climats changeants, d'abord tropicaux, puis tempérés et glaciaires.
Cette histoire commence il y a 55 millions d'années, soit 10 millions d'années seulement après la disparition des dinosaures. Icaronyteris sp. est alors certainement un animal qui saute de branches en branches, qui plane peut-être, pour capturer des insectes.
23 millions d'années après (il n'existe pas de fossiles pouvant nous renseigner entre-temps), les continents ont leurs formes actuelles pour la plupart. Les chauves-souris profitent alors de leur capacité à voler pour aller d'île en île et coloniser toutes les terres émergées.
Il y a 20 millions d'années, les modifications climatiques laissent apparaître des forêts tropicales nombreuses, particulièrement en Europe. Les chiroptères en profitent pour se diversifier.
Face aux quatre grandes glaciations de ces deux derniers millions d'années, les espèces doivent quitter l'Europe vers le sud. Elles constituent des îlots de population qui recolonisent les territoires abandonnés après le retour du climat tempéré actuel.
L'apparition de l'homme, et sa faculté à coloniser l'espace, vont aider les chauves-souris à profiter de nombreux gîtes. Après avoir vécu dans les grottes avec l'homme préhistorique pendant longtemps, elles l'accompagnent maintenant dans ses habitations, aussi modernes soient-elles.