En forêt du Cros, l’ONF renature une tourbière essentielle à la biodiversité locale
La tourbière du Bois du Château, située sur la commune de Saint-Bonnet-le-Bourg mais appartenant à la section du Cros dépendant de la commune voisine de Saint-Bonnet-le-Chastel, a fait l’objet d’un projet de restauration écologique entre 2019 et 2020. Un chantier multipartenarial porté par la communauté de communes d'Ambert Livradois Forez, l’Office national des forêts (ONF), le Conservatoire d'espace naturel d'Auvergne et la section de la commune de Saint-Bonnet-le-Chastel.
L’objectif du projet était de rendre à la tourbière, espace pour la biodiversité et l’approvisionnement en eau potable, sa fonction originale telle qu’elle était avant l’installation d’épicéas dans les années 1980. A l'époque, ces plantations étaient nécessaires pour valoriser ces terrains pauvres du bourg du Cros par la production de bois. "Bien que l’épicéa aime l’humidité, il y avait trop d’eau pour que les arbres prennent. Il a fallu drainer le terrain en creusant des fossés sur les côtés pour ensuite planter des épicéas le long du cours d’eau modifié", affirme Jean Obstancias, chargé de mission à l'agence ONF Montagnes d'Auvergne.
Les conséquences de ces plantations se sont fait ressentir sur les zones humides alentour. "L'eau de pluie arrivant en hiver s'écoule par les drains et le cours d'eau recalibré, au lieu d'être stockée dans la zone humide, où elle pourrait alimenter lentement le cours d'eau. Les épicéas prélèvent également une partie non négligeable de la ressource", continue-t-il.
La commune de Saint-Bonnet-le-Chastel a alors souhaité modifier la fonction principale des forêts du Cros, pour privilégier la protection de cet environnement exceptionnel : "la commune gère elle-même son réseau d'eau et la distribution en eau potable, donc nous sommes très sensibles au sujet et avons décidé de rendre à la tourbière sa fonction première de protection de la ressource", précise Simon Rodier, maire de Saint-Bonnet-le-Chastel.
Un projet d'envergure
La commune maître d'ouvrage coordinatrice et l'ONF maître d’œuvre sur ce projet, ont choisi de retirer les épicéas sur une bande de 50 mètres de large, le long du ruisseau du Cros et de boucher les fossés. Avant toute chose, des études scientifiques ont été menées pour recenser la faune et la flore présentes sur le site.
Par ailleurs, le terrain étant fragile et peu portant, il était impossible de faire intervenir des engins pour le transport du bois. Les arbres ont donc été abattus manuellement et débardés par câble-mât, une technique souvent utilisée sur des zones difficiles d’accès ou écologiquement sensibles.
À moyen terme, les travaux devraient permettre à l’eau, auparavant drainée par les arbres, de remonter dans le sol sur au moins 20 centimètres, sur 4,3 hectares. De quoi alimenter un village d’une centaine de personnes en eau potable. La tourbière sera alors un atout indéniable en cas de sécheresse.
Dans les prochaines années, un suivi sera effectué pour observer le comportement de la faune et de la flore et vérifier que le cours d’eau fonctionne à nouveau normalement. Mais la renaturation demande d’être patient. Selon Adrien Gesell, chargé de mission à la communauté de communes d'Ambert Livradois Forez : "il faudra au moins une dizaine d’années avant que la tourbière ne retrouve entièrement son état naturel".
Les travaux en images...
Des zones humides essentielles à la biodiversité
La tourbière du Bois du Château, se caractérise par un sol acide, où l'on retrouve des espèces très rares, comme la drosera ou le trèfle d'eau. Le site a également la particularité d’être recouvert de sphaigne, une petite plante tapissant le sol capable d’absorber plusieurs dizaines de fois son poids en eau. Elle est indispensable à la retenue de l’eau au sein de la tourbière. Outre son intérêt écologique, cette zone humide constitue donc une réserve pour le cours d’eau qui la traverse et qui alimente le bassin en aval afin de fournir la population en eau potable.
En France, les zones humides se raréfient, menacées par les activités humaines. Pourtant, elles constituent un habitat indispensable à une faune et une flore particulière : plantes aquatiques rares, insectes, invertébrés ou encore poissons.