Pascal Oudet, silence on tourne
Récompensé par de nombreux prix, Pascal Oudet a exposé partout en Europe, aux États-Unis, en Chine, en Corée. Il est également exposé, de façon permanente, au Musée d’art de Figge, à Davenport, au musée d’art et de design de New-York et en France, au musée du Bugey-Valromey.
C’est un atelier proposé au sein de son entreprise qui lui fait découvrir le travail du bois. La menuiserie d’abord puis le tournage sur bois auquel il s’initie en autodidacte. Une passion envahissante et un talent si évident qu'il finira par abandonner sa carrière d’ingénieur.
L'artiste a commencé par travailler le châtaignier, longtemps, mais il va exprimer tout son art avec le chêne. Au départ, il raconte que ce procédé unique de dentelle de bois dont il est l’inventeur et, à ce jour, le seul à maîtriser la technique, est né par accident. Il aspirait à mettre en valeur le veinage et à creuser au plus profond cette matière pour la révéler sous un jour nouveau. C’est en maniant la brosse et en utilisant le sablage qu’il passe un jour au travers d’une rondelle de châtaignier. Et c’est la révélation.
Face à ses sculptures de dentelles de bois, délicates et précieuses, où la lumière, comme une troisième main, vient insuffler la vie, on reste fasciné. Cette recherche de la finesse, à la limite de la rupture, qui guide ses mains, est une invitation à la poésie.
Ses créations naissent sur un tour à bois. Il choisit une pièce en chêne de plusieurs kilos, pour la transformer en rondelle de 2 millimètres, en vase, en bol. S’engage une course contre la montre. La pièce doit être tournée avant que le bois ne sèche. Des heures de travail en continu, maniant, aiguisant ses gouges et tournant avec une maîtrise acquise au fil des années. "20 ans d’expérience plus quelques jours".
Pascal Oudet fait partie de ces artisans qui, à force de travail, sont devenus des virtuoses. Le chêne, matériau noble, massif, synonyme de force et de solidité exprime toute sa finesse et son élégance dans les mains du sculpteur.
Derrière le matériau, le sculpteur voit l’arbre
Tout commence par le choix du bois. Cette recherche fait partie du plaisir. "Devant une belle grume, je suis comme un gamin". Chaque tronc est différent. Chaque fois c’est une rencontre nouvelle avec un bois qui porte en lui son histoire. C’est cet échange avec la matière, sa structure, qui va inspirer l’artiste et le guider dans la création de ses pièces. Le plaisir tient aussi aux propriétés de cette matière vivante qui va réagir différemment aux mêmes gestes et qui fait que chaque création a sa part de surprise.
Le lien avec la forêt est aussi essentiel. L’artiste aime "sourcer le bois", regarder d’où vient l’arbre. Il affectionne ce moment où il se retrouve dans la nature, où il prend le temps de regarder les arbres. Et pourquoi ne pas s’abandonner à enlacer un arbre. Une façon de se connecter à sa matière première. "Aujourd’hui derrière le matériau bois, je vois l’arbre". Avec le temps, son œil de tourneur sur bois se rapproche de celui du forestier. L’artiste a découvert les notions de terroirs : terrain, environnement, humidité… qui donnent à chaque arbre un grain unique qui confère au sculpteur une certaine responsabilité.