En montagne : des plateformes de stockage pour garantir les livraisons hivernales de bois
Pourquoi stocker du bois ?
Dans les forêts publiques de montagne, les coupes s’effectuent de mai à novembre. Les grumes, une fois façonnées, sont déposées en bord de route sur des places de stockage temporaires proches de la coupe, puis récupérées par les scieurs pour être transformées.
En hiver, les bois ne pouvant être exploités à cause de la neige, ils doivent être stockés dès l’automne afin de pouvoir assurer l’approvisionnement continu des scieries. Certaines d’entre elles sont équipées de plateformes, mais leur capacité de stockage, très variable d’une scierie à l’autre, ne suffit pas à couvrir l’approvisionnement hivernal.
Afin d’offrir une alternative de stockage et de lisser les livraisons de bois sur l’année entière, l’ONF développe à présent, en partenariat avec les communes forestières, des plateformes de stockage sur des terrains facilement accessibles aux camions en hiver.
Quelle valeur ajoutée ?
Souffrant de dépérissement et de la forte concurrence du douglas, ces dernières années, les bois de montagne (sapins et épicéas) perdent du terrain dans l’approvisionnement des scieries. Autrefois prisés pour les charpentes, ces bois à gros nœuds conviennent aujourd’hui difficilement à la fabrication de produits de plus en plus standardisés.
Les caractéristiques techniques des sapins et épicéas de montagne sont moins attractives qu’elles ne l’étaient dans le passé. Les prix s’en ressentent ainsi que les possibilités de valorisation de coupes difficiles.
Pour redonner un avantage comparatif à ces bois, qui connaissent de multiples contraintes liées au climat et à la pente, il faut un service associé, attendu par les clients. La possibilité de les livrer en hiver est certainement le service le plus attendu dans nos secteurs de montagne. Un bois qui sera "moins attractif parmi bien d’autres" en été sera le bienvenu en hiver.
En Savoie, deux nouvelles plateformes de stockage ont vu le jour en 2020. L’une en forêt domaniale du Morel, entièrement gérée par l’ONF et l’autre à Sainte-Hélène-sur-Isère en partenariat avec l’Union régionale des communes forestières. Les bois y sont acheminés par l’ONF puis récupérés par les scieurs, ce qui leur offre le double avantage d’une accessibilité hivernale et d’une distance moindre à parcourir.
Les contrats d’approvisionnement sont négociés en intégrant l’avantage de la livraison hivernale. L’enjeu ? Élargir les débouchés pour les bois des forêts publiques de montagne mais aussi partager avec les scieurs les coûts supplémentaires dus au transport des bois vers la plateforme et au stockage. Un équilibre doit être trouvé pour satisfaire à la fois les vendeurs (communes forestières et ONF) et les acheteurs.
Avec la création de la plateforme du Morel et la mise en service de la plateforme de Sainte-Hélène, l’agence ONF Savoie Mont Blanc a réussi à augmenter les livraisons hivernales de bois et à créer une dynamique nouvelle pour placer ces bois de montagne dans l’approvisionnement des scieries.
Zoom sur la plateforme du Morel (Savoie)
En juillet 2020, une nouvelle place de stockage est inaugurée à Grand-Aigueblanche en forêt domaniale RTM (restauration des terrains en montagne) du Morel. Elle représente un investissement de 29 300 euros au service de l’ensemble des collectivités propriétaires de forêts et des industriels de la filière. D’une capacité de 4000 m³, elle permet de stocker les grumes issues des forêts publiques en automne pour approvisionner la filière en hiver.