L’ONF inventorie les chauves-souris dans les forêts de Notre-Dame et d’Armainvilliers
De mai à septembre 2021, l’ONF conduit un suivi scientifique complet destiné à inventorier les populations de chauves-souris dans les forêts de Notre-Dame (Val-de-Marne) et d’Armainvilliers (Seine-et-Marne). Cette étude pluriannuelle s’inscrit dans le cadre du Plan régional d’action pour les chiroptères (PRAC) avec différents partenaires sur des forêts publiques comme privées.
Au total, trois campagnes hebdomadaires seront réalisées de nuit cette année. Suivant un mode opératoire précis (points et durées d’écoute, créneaux horaires…), 4 experts, membres du réseau naturaliste Mammifères de l’ONF, scruteront les déplacements des chauves-souris en écoutant avec un détecteur sonore ultra précis les cris qu’elles émettent.
L'été offre les conditions optimales pour les observer car c'est l'époque où femelles et mâles se séparent. Pour mettre au monde leur petit, les femelles se regroupent en colonies, alors que les mâles, plus solitaires, vivent à l'écart des groupes. A cette période, les déplacements plus nombreux facilitent les écoutes. Lorsqu’une chauve-souris se déplace, elle propage des ultrasons non perceptibles par l'oreille humaine. Chaque espèce dispose d’une fréquence et d’un rythme qui lui est propre ce qui permet de les différencier.
Dans les forêts de Notre-Dame et d’Armainvilliers, l’inventaire permettra de mieux connaître la répartition des chauves-souris en fonction de leurs activités (chasse, reproduction, prospection…). La connaissance précise de leurs habitats (landes, pelouse, vieux bois, futaie, mares) permettra de mieux prendre en compte ces paramètres dans la gestion forestière courante. C’est en améliorant les connaissances, que l’ONF pourra mettre en place les mesures conservatoires indispensables à leur survie dans ces massifs fragilisés par le voisinage urbain.
L'écholocation, le radar des chauves-souris
Les chauves-souris ne sont pas aveugles et disposent d’un sonar pour se repérer dans la nuit. Autrement dit, elles "voient" avec leurs oreilles. Elles émettent des ultrasons qui sont réfléchis par les obstacles vers elles. On parle d’écholocation. Ce qui leur permet de dresser une carte aérienne de leur territoire et de repérer les obstacles et les insectes, leurs futures proies.
Ces sons sont analysés par les naturalistes, une fois "traduits" en courbes par un logiciel spécifique, qui permet ainsi de différencier les espèces.
Des animaux méconnus
Méconnues du grand public, les chauves-souris sont les seuls mammifères volants au monde. Discrètes puis virevoltantes dès que la nuit tombe, les espèces présentes en Europe se nourrissent exclusivement d’insectes, capables de chasser jusqu’à 600 à 1 000 moustiques par nuit. Cela explique leur attirance pour les boisements, les zones humides ou les pâturages.
Dépourvues de tout comportement constructeur, les chauves-souris dépendent entièrement d’habitats naturels ou d’origine humaine. Arbres morts, troncs à cavité, grottes, granges, caves… Tous ces endroits sont propices aux chauves-souris.
En forte régression depuis 50 ans, elles constituent des bons indicateurs sur l’état de l’environnement dans lequel elles se déplacent. Ce sont des espèces dites "parapluie" : si elles se portent bien sur un site alors le milieu est favorable à d’autres espèces.
Une espèce très menacée
Au niveau national, on compte 34 espèces de chauves-souris différentes, toutes protégées. En 2021, selon la Liste rouge des espèces menacées de l'UICN en France, 8 sont aujourd’hui considérées comme menacées (le double de la précédente évaluation datant de 2009) et 8 autres quasi menacées. Observer ces espèces constitue une étape majeure pour les protéger.