Quatre Chouettes de l’Oural nées à l’Espace Rambouillet partent pour être réintroduites en forêt bavaroise
Initié par le "VLAB - Verein für Landschaftspflege & Artenschutz in Bayern e.V." (Association pour la conservation du paysage et la protection des espèces de Bavière, Allemagne), ce projet européen vise à réinstaller la Chouette de l'Oural dans son ancienne aire de répartition naturelle allant de la forêt bavaroise à la Bohême et au Parc national de Sumava, là où elle avait disparu et où une petite population est déjà établie.
Depuis 2017 cette association, avec le soutien des parcs zoologiques allemands et français, a pu réintroduire 18 jeunes Chouettes de l’Oural issues de naissances en milieu contrôlé.
En images, les Chouettes d'Oural ayant grandi à l'Espace Rambouillet
Le saviez-vous ?
Les trois missions officielles des parcs zoologiques français sont :
- la conservation des espèces ;
- l’éducation ;
- la sensibilisation des citoyens à la protection de la biodiversité et la recherche.
L'Espace Rambouillet s’est engagé dans ces principes fondamentaux. Il participe activement depuis plus de vingt ans à des programmes de conservation d’espèces en danger, à la recherche scientifique en accueillant stagiaires, chercheurs et docteurs, mais également dans l’éducation à l’environnement à travers l’accueil de ses visiteurs.
L'Espace Rambouillet participe à ce programme
Membre de l’Association Française des Parcs Zoologiques (AFdPZ) depuis plus de quinze années, l’Espace Rambouillet collabore avec différents parcs animaliers européens à plusieurs projets de conservation et de recherche.
En 2020, le parc a eu l’accord des coordinateurs Allemands pour rejoindre le projet en fournissant des jeunes issus d'un couple présent dans ses volières depuis quelques années. C’est une première à l’Espace Rambouillet de pouvoir participer à la réintroduction dans le milieu naturel de jeunes oiseaux nés dans son centre.
Pour autant la partie n’était pas gagnée car le couple de Chouettes de l’Oural ne menait pas souvent à terme l’élevage de ses jeunes, du fait de problèmes de prédation des œufs ou de jeunes par des fouines ou des martres. Grâce à l’expérience et au savoir-faire des soigneurs et des fauconniers dans le domaine de l’élevage des rapaces, une couvée a ainsi abouti et 4 jeunes Chouettes Oural sont nées.
En effet, pour ne pas laisser "tous les œufs dans le même panier" et maximiser les chances de naissance, le responsable de la Forêt des Aigles a pris la décision de placer trois œufs sur les cinq pondus aux bons soins d'un couple de Hibou grand-Duc Africain, qui ont une grande réussite dans l’incubation et l’élevage de jeunes. Les deux autres ont été laissés aux parents.
Le 15 avril, trois jeunes sont nés chez les parents adoptifs et un jeune est né sous le couple de Chouettes de l’Oural. La semaine suivante le petit né dans la volière des vrais parents a disparu… mais un œuf était encore présent dans l’aire où un poussin était bloqué dans sa coquille.
L’œuf a été placé en éclosoir et la naissance a pu avoir lieu avec l’aide des soigneurs, le jeune nourri pendant huit jours. Il a pu rejoindre la fratrie dans la volière des parents adoptifs afin de pouvoir bénéficier comme ses frères et sœurs, d’un élevage naturel, condition essentielle pour être réintroduit dans la nature.
Dans le cadre de ce programme, en France, plusieurs parcs participent également à fournir des jeunes. Cette année, le parc Animalier de Sainte-Croix et la Fauconnerie du Puy du Fou ont eu respectivement deux et un jeune et avec l’Espace Rambouillet cela fait sept jeunes Chouettes de l'Oural qui pourront renforcer la population des forêts bavaroises.
Aux origines du projet
Le projet est mené avec de nombreux partenaires, dont la Fondation Heinz Sielmann, les forêts de l’État de Bavière, la gestion du domaine de Friedenfels, l’Administration forestière de la ville d’Augsbourg, l’Ordre allemand des faucons et le Parc national de la forêt bavaroise.
Comment se passe la réintroduction ?
Après une période de quarantaine, les animaux sont amenés in situ. À leur arrivée en Bavière, les jeunes chouettes âgées au minimum de soixante-dix jours, seront amenées sur le site de réintroduction et placées dans une grande volière d’acclimatation dans laquelle elles resteront trois semaines, période pendant laquelle elles seront alimentées en limitant au maximum le contact avec l’homme.
Des proies vivantes (souris et petits rongeurs) seront placées dans la volière afin qu’elles se nourrissent et développent leur instinct de prédation. À l’intérieur des volières, plusieurs aménagements, arbres ou nichoirs, sont installés pour garantir le confort des animaux.
À la fin de cette période, des grandes fenêtres de la volière seront ouvertes pour permettre aux oiseaux d’en sortir librement et de découvrir leurs nouveaux territoires. Néanmoins, les Chouettes de l’Oural continueront à être nourries dans la volière de lâcher jusqu’à leur émancipation.
À ce jour, l’association locale de protection a installé plus de 140 nichoirs dans un rayon d’environ 50 kilomètres et a mis en place un suivi de la population.
La Chouette de l’Oural : gardienne de l'équilibre naturel
La Chouette de l’Oural (Strix uralensis) est une espèce protégée. Elle a un rôle important dans les écosystèmes où elle vit : en tant que prédateur, elle remplit ses fonctions de régulateur naturel des populations de petits mammifères et d’oiseaux.
Favoriser le retour et le maintien de cette espèce est donc une manière de contribuer naturellement à la régulation des populations de rongeurs, au lieu de recourir à l’usage de produits chimiques ou au piégeage. Sa présence a un effet positif sur l’équilibre naturel de la biodiversité de la forêt bavaroise.
Avec une taille d’environ 60 cm et une envergure pouvant atteindre 125 cm, la Chouette de l’Oural est la plus grande chouette d’Europe centrale. Elle préfère les forêts mixtes plus anciennes avec des hêtres, entrecoupées de zones ouvertes (prairies forestières, zones dénudées, zones de tempêtes) afin de pouvoir rechercher ses proies principales, les petits rongeurs. Dans les périodes pauvres en rongeurs, elle chasse également les petits oiseaux, les amphibiens et les gros insectes. Elle se reproduit dans les grands creux des arbres, en haut d’une souche d’arbre cassée, mais aussi dans les nids de rapaces abandonnés. Elle accepte également les aides de nidification artificielles.