La grande Histoire des forêts (#Episode 3) - Landes de Gascogne, Sologne : contre le paludisme, des forêts pour assainir
La fixation du cordon dunaire porté par Brémontier, ingénieur forestier du XVIIIe siècle, vise à protéger les villages de l’arrière-pays, et la gigantesque forêt en construction à cette époque : celle des Landes de Gascogne. L’ingénieur des Ponts et chaussées, Jules Chambrelent, consacre en 1857 la loi relative à l'assainissement et à la mise en culture de cet espace. Dans ce triangle allant de Soulac (Gironde) à Capbreton (Landes) et à Nérac (Lot-et-Garonne), un million d’hectares est reboisé sur des terrains majoritairement privés grâce à la loi du 19 juin 1857.
La finalité cette fois est d’assainir en asséchant ce secteur qui était une vaste zone humide marécageuse. Une manière efficace de supprimer les moustiques qui y pullulaient et transmettaient le paludisme aux populations. Là encore, le Pin maritime a été choisi dans ces boisements pour sa présence naturelle dans le secteur et pour sa capacité d’adaptation au sol landais. "Les départements du sud-ouest, Landes, Gironde et Lot-et Garonne, ont constitué, à la fin du XIXe siècle et dans la première moitié du XXe, l'ensemble forestier le plus prodigieux du pays avec 1 182 000 hectares de forêts de Pin maritime", écrit Raymond Viney, directeur de l’Ecole nationale des Eaux & Forêts, dans la Revue forestière française en 1962.
Le saviez-vous ?
Le triangle landais représente près d’un million d’hectares sur les trois millions d’hectares de forêt que comprend la région Nouvelle-Aquitaine. Cela fait d’elle la région la plus boisée de France !
La renaissance de la Sologne par les boisements
Au Moyen Âge, la Sologne est décrite comme pauvre et misérable, abîmée par les guerres et par les épidémies. Au fil du temps, le défrichement des terres progresse, si bien qu’à la fin du XVIIIe siècle, les landes nues et les étangs couvrent 72% de ce territoire. La recherche d’une solution naturelle d’assainissement a alors encouragé la création d’une loi similaire à celle de 1857. Ainsi, 100 000 hectares de Pins maritime et de Pins sylvestres viennent peupler ce territoire.
A cheval entre le Loiret et le Loir-et-Cher, la forêt domaniale de Lamotte-Beuvron illustre parfaitement la métamorphose des paysages entraînée par ces boisements. Quand elle est rachetée par l’Etat au XIXe siècle, cette ancienne seigneurie est constituée de pâturages, de cultures abandonnées, de prairies humides et de quelques arbres éparpillés ne formant aucune futaie. Il faudra des décennies de sylviculture pour que Lamotte-Beuvron devienne ce qu’elle est aujourd’hui : une belle et grande forêt de 2 000 hectares peuplée à 60% par des arbres feuillus.