La grande Histoire des forêts (#Episode 5) - La forêt au temps de la Grande Guerre
Les guerres ont été le troisième principal facteur de déboisement au cours de l’Histoire, derrière la surpopulation rurale et l’industrie. Pour construire les tranchées ou encore les avions utilisés pendant la Première Guerre mondiale, les Français ont consommé deux fois et demi la possibilité de renouvellement de la forêt. A l'issue du conflit, l’Etat a souhaité panser les traces du conflit et remplacer les forêts dévastées. Des terrains sont alors nationalisés pour reboiser les forêts détruites par les violents combats. Au total, 20 000 hectares seront reboisés dans ce que l’on appelle la “zone rouge”, créée par l'Etat en 1919, dans l'est de la France, dont 10 000 hectares pour la seule forêt domaniale de Verdun dans la Meuse.
Verdun, une forêt née de la guerre
En quatre années de guerre, Verdun et ses environs ont vu 500 000 soldats périr, dont un cinquième sont disparus, et 200 000 hommes blessés.
Au lendemain de l’Armistice de 1918, la bataille de Verdun est considérée comme le symbole du sacrifice humain de la Grande Guerre. Le site des combats fait partie de la "zone rouge". Au terme d’un débat passionné animant la société civile et le monde combattant, les pouvoirs publics décident de boiser cette zone, pour mieux conserver les vestiges des batailles et les transmettre aux générations futures.
Aujourd'hui, la forêt domaniale de Verdun est gérée par l’ONF. En 2013, elle a été labellisée forêt d’Exception® pour la dimension mémorielle des lieux. Ce label vise à fédérer les efforts du territoire associant l’ONF, les élus et les associations pour mettre en valeur un patrimoine unique.
Plus que de simples reconstitutions paysagères, ces actions visent à asseoir la puissance économique de la France. Cela explique en partie que les reboisements aient été effectués essentiellement avec des essences résineuses pionnières, à croissance rapide. Mais ce choix est aussi écologique. Sur des terres ravagées par les confrontations armées, les résineux sont plus faciles à implanter. La deuxième explication réside dans le fait que l’Allemagne a fourni des graines de Pin noir d’Autriche à la France pour la reconstitution. C’est principalement cette essence qui sera plantée en forêt domaniale de Verdun.
Avec le temps, des inventaires ont permis de constater l’installation d’une dynamique feuillue. Sur les sols vallonnés, marqués par les impacts d’obus, Pins noirs et Epicéas côtoient ainsi de grands Hêtres, qui représentent 39% des peuplements de cette forêt.
Reconstituer les forêts partout en France
A cette époque, l’Etat décide d’acheter des forêts, comme celle du Der (Aube). L’objectif ? Valoriser le patrimoine forestier pour bénéficier d’une matière première au profit de la croissance de l’économie nationale. Toutefois, en 1929 la crise économique réduit considérablement les ambitions du pays en la matière. Quelques boisements seront toutefois poursuivis grâce aux chantiers de chômeurs, organisés pour relancer l’économie et lutter contre la précarité sociale, puis aux chantiers de jeunesse.