Dans le Diois, les communes et l’ONF mobilisés pour la forêt de demain
Comme dans de nombreuses régions françaises, les forêts du sud de la Drôme subissent de plein fouet les effets du changement climatique. "Après trois années de sécheresse, de 2018 à 2020, toutes les essences présentes dans le secteur ont été fragilisées : le sapin, le hêtre, le pin noir, le pin sylvestre et le pin à crochets", explique Stéphane Richard, responsable de l’unité territoriale ONF du Haut-Diois.
"Les pins en particulier, poursuit-il, qui ont subi la vague hors norme de chenilles processionnaires en 2016, puis l’attaque d’un champignon, le sphaeropsis sapinea, qui cause des dégâts mortels en cas de stress hydrique. Pour finir, le gui est apparu de façon massive sur toutes ces essences déjà mal en point".
Les dépérissements en images
Pour permettre à la forêt de se renouveler dans un contexte d’accélération du changement climatique, il faut donc agir maintenant. L’ONF a proposé aux communes concernées par des dépérissements de replanter, en misant sur une diversité d’essences de reboisement.
Comment choisir les essences ?
Les équipes de l’ONF s’appuient sur les connaissances scientifiques et les outils tels que ClimEssences mis à disposition par le réseau mixte technologique (RMT) AFORCE ainsi que l’application mobile For-Eval développée par l’INRAE et l’ONF pour mesurer la sensibilité des sols forestiers.
Le forestier fait son choix en prenant en compte le sol, le climat futur, la réserve en eau et les enjeux de biodiversité. Dans le contexte géographique du Diois, il faut également considérer l’altitude et les gelées tardives.
Dans les forêts de Valdrôme, de La Bâtie des Fonts et du Val de Drôme, les essences majeures de hêtre, sapin et pin noir sont conservées. Elles seront enrichies avec une dizaine de nouvelles essences préfléchées sur l’ensemble des plantations du Haut-Diois ; des feuillues (érable plane, érable champêtre, tilleul, alisier torminal et chêne chevelu) et des résineuses (le cèdre de l'Atlas, le sapin de Bornmuller, le sapin de Nordmann, et le mélèze).
Ces plantations, qui visent à obtenir un peuplement mélangé et plus résilient face au changement climatique, s’inscrivent dans la stratégie de "forêt mosaïque" portée par l’ONF. L’objectif ? Diversifier les essences et les modes de sylviculture, pour garantir l’avenir des écosystèmes.
Quelques chiffres
Les étapes d’une plantation
Le choix des parcelles à replanter est important : le cahier des charges n’est pas le même partout. Par exemple pour la commune de Valdrôme dont la forêt est située sur un site Natura 2000, les règles inhérentes à ces espaces naturels à grande valeur patrimoniale doivent être respectées. Pour choisir les sites d’accueil de ces plantations, les techniciens forestiers de l’ONF, qui disposent d’une connaissance fine du terrain, conseillent les communes propriétaires de forêts.
Avant de planter : la préparation du sol
Au lancement du projet de plantation, il faut établir un constat, avoir à disposition des études et analyses précises de toutes les caractéristiques de la zone : station, sol, orientation, problème sanitaire…
Ensuite, il faut préparer le sol. Pour cela, trois options sont possibles en montagne :
- avoir recours à une pelle araignée ou une pelle mécanique avec petit godet ;
- intervenir manuellement, à la pioche, dans les zones inaccessibles.
Ces travaux constituent une étape essentielle pour assurer les bonnes conditions de reprise et de croissance des jeunes plants. A la suite de cette préparation du sol, les ouvriers peuvent commencer à planter.
Après la plantation, protéger les jeunes pousses des dents du gibier
Une fois que les plants sont en terre il faut les protéger contre le gibier. Dans le Diois, la protection individuelle a été privilégiée, avec la pose de deux piquets et d’un filet autour de chaque plant.
Des chantiers aidés par le plan de relance
Pour assurer l’avenir des forêts françaises et garantir leur rôle dans la transition écologique, l’Etat s’engage aux côtés des collectivités et dans les espaces dont il est propriétaire pour financer partiellement le reboisement des forêts impactées par le changement climatique. Dans le Diois, une vingtaine de dossiers, dont ceux des forêts de Valdrôme, de La Bâtie des Fonts, et du Val de Drôme, bénéficient d’un financement de l’Etat et de l'Europe au titre du plan de relance.