Les espèces exotiques envahissantes à La Réunion
La Réunion est une des îles les mieux préservées au monde, avec encore près d'un tiers de sa surface occupée par des milieux naturels originels. De par son insularité l'île possède un fort taux d'endémisme, pas moins de 1 000 espèces endémiques (qui n'existent que sur l'île).
Quelle menace pèse alors sur l'île ?
A côté des quelques 900 espèces végétales présentes à La Réunion avant l'arrivée de l'Homme, plus de 3 000 autres ont été amenées, volontairement ou non sur l'île, de toutes les parties du monde, pour leur atout ornemental, leur parfum, leur qualité gustative ou bien leurs propriétés médicinales.
La plupart sont restées dans les jardins, mais près de 1 000 espèces se sont retrouvées à l'état spontané, et plus d'une centaine sont devenues très envahissantes dans les milieux naturels.
En effet leur pouvoir d'adaptation, leur rapidité de multiplication, leur résistance et l'absence de prédateurs naturels, leur ont permis d'envahir l'ensemble des écosystèmes naturels de l'île. Appréciant généralement la lumière, elles profitent des ouvertures artificielles (défrichement, route) ou naturelles (cyclones) pour s'installer et proliférer au détriment des espèces endémiques.
L'invasion de ces plantes entraîne inévitablement la disparition progressive de certaines espèces endémiques, dont la croissance est plus longue, diminuant ainsi la biodiversité.
Quelques exemples d'espèces exotiques envahissantes
©Julien Triolo / ONF
Espèce naturalisée à La Réunion notamment dans la forêt de Bébour, il est présent dans les sous-bois, dans les forêts de cryptomérias et le long de quelques sentiers arpentant la forêt indigène.
©Julien Triolo / ONFPlanté il y a une cinquantaine d'années à côté de la forêt de Bébour, ce Bégonia aux feuilles très décoratives est en train d'envahir cette forêt en plusieurs endroits.
©Jo Minatchy / ONF©Julien Triolo / ONF
Epineux problème : l'Ajonc s'est disséminé sur l'île (Bébour, Petite Plaine, Brûlé...) grâce à l'utilisation de scories, provenant d'une carrière infestée par cette espèce.
©Julien Triolo / ONFTrès invasive sur la côte Est, elle a été détectée pour la première fois dans l'Ouest, à la Grande Chaloupe, probablement transportée par des roues de motocross.
©Julien Triolo / ONFOriginaire d'Asie, cette herbacée forme des tapis très denses dans les sous-bois obscurs.
©Julien Triolo / ONFOriginaire d'Indonésie, il forme des fourrés épineux très denses qui étouffent toute végétation.
©ONFVéritable peste végétale en Afrique du Sud, cette espèce envahit les milieux ouverts des hauteurs de l'île. Elle s'étend de plus en plus, formant d'immenses tapis herbacés monospécifiques.
©Julien Triolo / ONFDispersé par les oiseaux, le Bringellier marron est l’une des espèces les plus envahissantes de La Réunion, et dominante ou co-dominante dans les milieux naturels ou semi-naturels.
©ONFOriginaire de Malaisie, cette liane grimpante a maintenant envahi de nombreuses ravines de la côte au vent et entoure les espèces indigènes, jusqu'à les étouffer.
©ONFRetour sur une genèse fabuleuse
Progressivement, depuis l'émergence de l'île du fond de l'océan il y a près de trois millions d'années, une végétation originale s'est développée à partir de graines apportées par le vent, les oiseaux qui y faisaient escale et les courants marins.
Beaucoup d'espèces ainsi introduites ont alors évolué pour donner naissance à de nouvelles espèces. Divers types de formations végétales se sont différenciées peu à peu, puis ont subi elles-mêmes une évolution aboutissant à l'installation de formations stables, dites climaciques.
Une longue et patiente évolution des espèces qui est aujourd'hui menacée d'une violente et rapide dégradation et de nombreuses disparitions.
Les étapes d'une invasion
L'ONF lutte activement contre les espèces exotiques envahissantes
L'Office national des forêts, comme les autres gestionnaires d'espaces naturels dans plusieurs régions du globe, a développé des procédures de "détection précoce et élimination rapide".
Depuis 2002, grâce à un réseau d'observateurs, composé du personnel de l'ONF et de partenaires extérieurs (CBNM, Université de La Réunion, Diren, Srepen, Seor...), plus de 200 fiches alertes ont été émises, concernant plus d'une centaine d'espèces exotiques.
Ces alertes ont débouché sur de nombreux chantiers de lutte, menés par l'ONF, grâce au Conseil départemental et l'Europe.
Comment lutter contre les espèces exotiques envahissantes ?
Nous ne pouvons préserver notre patrimoine écologique des invasions végétales que par une action à la fois collective et individuelle.
Cinq conseils pour lutter contre les espèces exotiques envahissantes :
- n'introduisez pas de nouvelles plantes exotiques, surtout si elles sont connues pour être envahissantes ;
- ne plantez pas d'espèces connues pour être envahissantes, si vous êtes à proximité de milieux naturels ;
- ne jetez pas dans la nature vos plantes exotiques envahissantes, elles pourraient survivre et et se propager ;
- apprenez à connaître les espèces concernées en consultant la galerie d'images qui leur est dédiée ;
- faîtes un signalement si vous observez de nouvelles invasions végétales sur le site du GEIR.