©D.Binet / ONF

Changement climatique : l'ONF engagé dans la prévention des risques glaciaires et périglaciaires

Le changement climatique accélère la déstabilisation des glaciers et parois rocheuses gelées en haute montagne. L’ONF a développé une expertise pointue dans le domaine de la prévention de ces risques dits d’origine glaciaire et périglaciaires qui peuvent constituer une menace importante pour les vies et activités humaines dans les vallées.

Face au changement climatique, l'Etat s'engage

En haute montagne, le changement climatique actuel est à l’origine d’une importante fonte de la glace, sous toutes ses formes, venant amplifier les risques. Augmentation de la fréquence des écroulements rocheux provoqués par la fonte de la glace interstitielle nichée dans les fissures des rochers, avalanches de glace favorisées par le réchauffement des glaciers, apparition de lacs glaciaires aux berges instables et qui menacent de se vidanger en provoquant des crues torrentielles… La liste de ces phénomènes est longue et leurs conséquences sur la vie humaine, s’ils ne sont pas pris en compte, potentiellement dramatiques.

Depuis les années 2000, la communauté scientifique s’est ainsi fédérée autour de projets de recherche appliqués afin d’améliorer la connaissance des risques glaciaires. C’est dans ce contexte que le ministère en charge de l’Ecologie annonçait fin 2019 un vaste plan d’actions de l’État français pour la prévention des risques d’origine glaciaire et périglaciaire (PAPROG).

Ce plan d’action national comporte quatre grands objectifs qui visent à identifier les enjeux (habitations, infrastructures, etc.) pouvant être exposés aux risques (péri)glaciaires, à développer des outils et des méthodes de caractérisation, à créer une communauté d’intérêt et d’échanges, et à accompagner les collectivités locales dans des démarches de prévention.

Il mobilise les compétences des services RTM de l’ONF et des partenaires scientifiques et techniques (INRAe, Météo-France, les laboratoires du CNRS et des Universités de Grenoble Alpes et de Savoie-Mont-Blanc). Parmi d'autres, le partenariat entre Météo France et les équipes RTM de l'ONF s'illustre actuellement dans le développement d'outils utiles à la détection automatique des lacs glaciaires.

Risques d’origine glaciaire et périglaciaire : de quoi parle-t-on ?

Un risque est défini comme le croisement d'un aléa avec des enjeux (vies humaines, bâtiments, infrastructures, activités).

Les risques d’origine glaciaire et périglaciaire regroupent les risques naturels en montagne ayant pour source des zones couvertes de glace ou leurs abords directement influencés par la présence des glaciers, ou concernés par le dégel des sols gelés en permanence en profondeur (permafrost). Ils recouvrent donc des phénomènes divers comme des avalanches de glace, des laves torrentielles associées à la vidange de lacs glaciaires ou la déstabilisation de glaciers rocheux, ou des écroulements rocheux depuis des parois à permafrost.

Retour en images sur cinq événements d'origine glaciaire et périglaciaire

Au commencement de la mission du service ONF-RTM, évaluer la sensibilité des territoires aux risques

La première étape menée par l’ONF-RTM, dans le cadre du programme PAPROG (établi pour le compte de la direction générale de la prévention des risques-DGPR), est l’évaluation de la sensibilité des territoires français aux risques d’origine glaciaire et périglaciaire. L'objectif de ce travail est de prioriser l’action publique sur les territoires concernés par ces risques.

Pour ce faire, un inventaire de toutes les formes glaciaires et périglaciaires (glaciers blancs, glaciers rocheux, lacs glaciaires, parois à permafrost) a été effectué en lien avec les partenaires scientifiques à l’échelle des Alpes françaises. Un inventaire similaire a été conduit dans les Pyrénées françaises. L'analyse de ces inventaires a permis de classer les territoires alpins et pyrénéens selon leur sensibilité aux risques d’origine glaciaire et périglaciaire.

« Nous avons défini des zones sources potentielles de phénomènes d’origine (péri)glaciaire grâce aux différents inventaires, puis estimé l’emprise potentielle de ces phénomènes. En croisant ces emprises potentielles avec les enjeux présents en vallée, nous avons ainsi pu hiérarchiser les bassins versants alpins », détaille Antoine Blanc.

Plus de 600 bassins versants ont été classés dans les Alpes françaises. Selon l'analyse, plus de la moitié des bassins versants ne sont pas concernés par ces risques, en raison de l’absence de formes glaciaire ou périglaciaire ou de l'éloignement entre ces formes et les activités humaines en aval. 

Les territoires les plus concernés par ces risques se trouvent dans les trois principaux massifs glaciaires des Alpes françaises : le massif du Mont-Blanc, le massif de la Vanoise et le massif des Ecrins.

Et ensuite ?

La hiérarchisation de la sensibilité des territoires des Alpes françaises permettra une concentration des efforts de l'action publique sur les sites potentiellement sujets à ces risques émergents. Des études approfondies pourront alors être effectuées, et des suivis de glaciers/lacs/parois rocheuses sur le terrain pourront être mis en place s’ils se révèlent pertinents pour prévenir un risque. 

Enfin, le réchauffement climatique devrait se poursuivre dans les décennies à venir si les efforts des sociétés humaines pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas suffisants. Dans ce contexte, pour Antoine Blanc, l’environnement de haute montagne est et sera évolutif : « Nous vivons actuellement dans un climat non stationnaire. Ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera plus forcément demain ! L’actualisation régulière de l’inventaire des glaciers et des lacs glaciaires est par exemple nécessaire."

En 2023 : des actions concrètes pour assurer la sécurité des populations et des biens

En tant qu’acteur opérationnel, le service Restauration des terrains de montagne (RTM) de l’ONF poursuit depuis les quatre grands objectifs fixés par l’État, en produisant plusieurs avis permettant d'estimer la sensibilité de certains territoires alpins aux risques (péri)glaciaires.

Enfin, l'organisation d'une journée d'échanges techniques et la co-organisation d'un séminaire avec INRAE ont permis de rassembler scientifiques, services de l'État et opérateurs techniques autour de cette problématique.

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