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Les forestiers naturalistes en forêt de Tronçais

Entre mars et août 2010, un inventaire d'envergure de la petite faune est conduit en forêt domaniale de Tronçais (Allier). Le massif est quadrillé conjointement par des chiroptérologues, des ornithologues et des entomologistes, membres des réseaux de compétences naturalistes de l'ONF.
Publié le 11/06/2010
Ces forestiers spécialistes venus de toute la France cherchent à mieux connaître les richesses écologiques du massif et à mieux appréhender les interactions entre gestion forestière et biodiversité.

Cet inventaire s'inscrit dans les actions « 2010, Année de la biodiversité ». Il complète les études précédentes et notamment celles réalisées en 2009 en partenariat avec la LPO Auvergne et le groupe Chauves-Souris Auvergne.

©Nathalie Petrel / ONF
L'équipe des chiroptérologues intervient pour la première fois de l’année.

Cette nuit, chacun va rejoindre 10 points d’écoute préalablement identifiés pour mettre en œuvre un protocole précis. A la fin de la semaine, ils auront analysé 300 sites différents.

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Avant le départ, les moments de convivialité sont l'occasion de faire le point sur le programme de la soirée et d'échanger sur les techniques, connaissances ou expériences de chacun.
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Tel le petit Poucet, Philippe Favre a marqué certains arbres avec des points de repère fluorescents pour le guider.

Révélés par sa lampe frontale, ils lui permettent de s’enfoncer en forêt jusqu’à ses points d'écoute repérés en début de semaine.

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Le silence règne, pourtant les chauves-souris sont bien présentes.

Un détecteur d'ultrasons est nécessaire pour capter leur activité. Le protocole est très strict : 10 minutes d’écoute, non compris les temps de pause nécessaires aux enregistrements et à la prise de notes.

©Nathalie Petrel / ONF
Chaque espèce de chauve-souris peut se reconnaître à ses « cris ».

Spécialisé depuis plus de 10 ans, Philippe Favre balaye les plages de fréquences pour identifier les espèces. En cas de doute, il enregistre 3 secondes gardées en mémoire et ralenties 10 fois pour les décrypter le lendemain à l'oreille et sur ordinateur. Cette nuit, il quittera le dernier point d’écoute à 3 heures du matin.

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En chemin, il n'est pas rare de rencontrer d'autres habitants de la forêt.

Cette Salamandre tachetée qui était tapie sous les feuilles de la litière est photographiée pour les collègues herpétologues.

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Le lendemain au petit matin, c’est au tour des ornithologues d’arpenter la forêt.

Dès 5 heures, les oiseaux marquent leur territoire en émettant leur chant caractéristique. Cette parcelle en régénération présente un milieu ouvert qui attire des espèces différentes de celles qu’abrite le couvert dense des vieilles futaies de la forêt.

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Pascal Denis ne se sert que de son ouïe et d’une paire de jumelles.

Arrivé à son point d'écoute matérialisé par un piquet, il égrène toutes les espèces présentes : la Fauvette à tête noire, la Linotte mélodieuse, l'inénarrable Coucou, la Locustelle tachetée...

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Chaque individu est reporté sur une représentation de l’espace à 360° avec son type de contact (chant, cri, observation...), sa localisation, son déplacement éventuel.

Au moment de la saisie informatique, il sera possible d'indiquer pour chaque parcelle forestière les espèces qu’elle abrite.

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Le point d'écoute suivant est situé dans une futaie dont les chênes ont plus de 200 ans.

Leur exploitation a commencé, et la relève est déjà là. Les oiseaux ne sont pas les mêmes que sur la parcelle précédente : Rougequeue à front blanc, Gobemouche noir...

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Ce Crapaud commun a été trouvé sous une branche laissée par les bûcherons, qui lui procure humidité et fraîcheur durant la journée.

Il y sera délicatement replacé après la séance photo.

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Sur ce point d'écoute, Pascal Denis a repéré un nid de Pic épeiche dans une cavité d’arbre (à droite).

Il a été alerté par les cris des petits qui piaillent en attendant leurs parents partis chercher de la nourriture.

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La maison forestière du pavillon des Brays est le point de ralliement et le centre technique des opérations.

Cette maison accueille en temps normal l’Unité territoriale de Tronçais, qui regroupe les forestiers en poste sur le massif.

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Il est 10 h 30, l'inventaire des ornithologues est terminé, il faut maintenant mettre les données en commun et préparer leur saisie informatique.
©Nathalie Petrel / ONF
La nuit des chiroptérologues a été courte.

Les données sont saisies sur ordinateur. Certains réécoutent les sons enregistrés la nuit précédente. En cas de doute, l'avis des collègues est bienvenu.

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Si nécessaire, les forestiers comparent leurs mesures d'analyse de sons enregistrés avec les tableaux-types de référence, aimablement mis à disposition avant parution par Michel Barataud, spécialiste français de la détermination bioacoustique des chiroptères.

L'identification est alors certaine.

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Isabelle Celle est agent patrimonial en forêt de Tronçais.

En fin de matinée, elle part relever les pièges à insectes pour ses collègues entomologistes. Elle n’a pas de contrainte horaire dictée par le comportement des espèces, mais elle suit un protocole précis pour la récolte des échantillons qui sont ensuite envoyés au plus vite au Laboratoire national d’entomologie forestière de l’ONF à Quillan (Aude). Ils y seront analysés en détail ultérieurement pour la détermination parfois délicate des espèces.

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Le premier site où deux pièges ont été installés se trouve dans une aulnaie marécageuse le long d’un petit ruisseau forestier.

Ce milieu humide favorise le développement d'un certain cortège d'insectes, notamment saproxyliques (c'est-à-dire liés au bois).

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Chaque piège est constitué de deux plaques transparentes en croisillon sur lesquelles butent les insectes.

Ils chutent dans un entonnoir puis un bocal rempli d'une solution spéciale d’eau, d’alcool et de sel. Les pièges sont relevés régulièrement tous les 15 jours pendant 4 mois.

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Le bocal est vidé dans une passoire pour récupérer les insectes.

Aujourd'hui, la récolte est maigre : quelques petits coléoptères, pas d'espèce particulièrement intéressante à priori (mais les déterminations ultérieures peuvent amener leur lot d’heureuses surprises). Les mauvaises conditions météorologiques des semaines précédentes peuvent expliquer en partie ce résultat.

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Après le relevé, le bocal est rempli de la solution spéciale.

Il sera de nouveau récolté dans une quinzaine de jours.

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L’un des pièges est installé sur un arbre mort de la réserve biologique de la futaie Colbert.

Cette réserve abrite des chênes plantés il y a plus de 300 ans, destinés à l'époque au bois de marine. Les bois morts et sénescents accueillent une grande variété d'insectes saproxyliques.

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En forêt de Tronçais...

De nombreuses haltes rafraîchissantes ponctuent le parcours des promeneurs : dès l’époque gauloise, la présence de fontaines au cœur de la forêt y organisait la vie. Ces constructions de pierres constituent aujourd’hui un patrimoine archéologique et paysager unique. Cinq étangs, alimentés par la Marmande et le ruisseau de Saloup, agrémentent la forêt et font miroiter ses hautes futaies. Routes, sentiers, chemins de randonnée, pistes équestres et circuits VTT sont également aménagés pour permettre à chacun d’en parcourir les 10 530 hectares.

©Nathalie Petrel / ONF

La forêt de Tronçais figure parmi les plus belles futaies de chênes d’Europe

Le chêne sessile y est largement majoritaire, accompagné par le hêtre et le chêne pédonculé. La réputation des chênes de Tronçais est internationale, car leur bois est particulièrement apprécié pour la fabrication de tonneaux vendus dans le monde entier (bois de merrain).