Plantation 2024/2025 : le cycle des jeunes arbres en forêts domaniales franciliennes

Depuis quelques années, le changement climatique affecte de plus en plus les forêts françaises, augmentant le taux de mortalité des arbres. Les forestiers adaptent leurs méthodes pour assurer l'avenir des forêts. La régénération naturelle n'est plus suffisante face au changement climatique, et la plantation d'essences plus résilientes est devenue essentielle. Il est temps de faire le bilan des plantations passées et de planifier celles de l'année à venir.

Saison 2024/2025 : quel programme ?

Depuis fin novembre, les forestiers ont ouvert la saison de plantation 2024/2025 ! Cette année, ce sont 12 forêts domaniales qui seront concernées par des travaux de plantation avec le soutien du plan France 2030 ainsi que celui de différents mécènes. Avant que les plants soient mis en terre, les forestiers s’attellent à différentes étapes afin d’optimiser les chances de voir grandir au mieux les arbres de demain.

1 - Sélection des parcelles

Les forestiers commencent par définir les parcelles qui bénéficieront de plantations. Deux typologies de plantation peuvent être programmées :

Schéma des typologies de plantation - ©JP/ONF

- La plantation en plein : un an après une coupe, les forestiers décident de venir mettre en terre de nouveaux plants afin de permettre une meilleure résilience et un meilleur avenir à la forêt. Pour cette saison, ce seront 26 hectares plantés en plein par l’ONF sur l’Île-de-France Ouest.

- La plantation en regarni : deux ans après une plantation, les forestiers peuvent se rendre compte que les plants de certaines parcelles ne parviennent pas à s’épanouir et à grandir comme ils le devraient. Alors, lorsque le taux de reprise est en dessous de 70%, les forestiers vont procéder à un regarni de plants, c’est-à-dire la mise en terre de nouveaux jeunes arbres. Cela peut être dû à des dégâts par le gibier, des conditions climatiques peu favorable (pluie plus fréquente, sécheresse exacerbée…) et bien d’autres facteurs inhérents à la parcelle. En 2024/2025, 40 hectares des forêts domaniales de l’Ouest francilien sont concernés.

2 - Sélection des essences

Les essences sont choisies au vu des typologies de sols auxquelles elles seront confrontées lors de la plantation. En effet, les essences peuvent varier d’une forêt à une autre, ou même d’une parcelle à une autre car la typologie des sols n’est pas la même : sol argileux, humide… Il existe malgré tout des essences qui sont majoritairement plantées comme le chêne sessile ou le chêne pubescent et qui seront souvent accompagnées par des fruitiers comme le poirier, le pommier sauvage ou des résineux. Toutes ces essences sont compatibles à la prévision du climat de demain.

3 - Qualité des plants

Une fois les plants commandés dans une pépinière spécialisée, un forestier effectue leur réception afin de s’assurer de leur qualité. Nous vous proposons de découvrir cette étape en image en suivant Charles, chef de projet boisement et reboisement lors d’une réception de plants. 

©JP / ONF

4 - Plantations en forêt

Plantation en forêt domaniale - ©JY LACOTE / ONF

Maintenant que les plants sont présents et prêts à être plantés, les forestiers peuvent débuter les plantations. Lors des travaux, 3 à 4 essences différentes vont être mises en terre afin de créer une diversité permettant à la forêt de demain une meilleure résilience. Les forestiers vont mettre en terre 1650 plants à l’hectare afin de prévoir le fait que certains plants ne survivront pas mais aussi afin que les peuplements soient bien gainés pour leur assurer un bon développement. De plus, en complément des arbres plantés, les forestiers comptent sur des essences « pionnières » qui vont s’implanter en complément : le bouleau, l’érable… Lorsque le peuplement sera mature et après quelques passages des forestiers, le peuplement comptera un nombre de tiges à l’hectare beaucoup plus réduit. Un écart qui s’explique par le travail du forestier qui a la volonté d’éclaircir au fur et à mesure les peuplements afin de continuer à pérenniser la forêt en apportant de la lumière aux semis forestiers présents mais également aux arbres dits d’avenir.

Chaque étape de la plantation est importante car elle permet d’optimiser les chances qu’auront les plants de bien grandir sur les années suivantes. Ces plants sont ensuite surveillés par les forestiers qui veillent à leur bonne croissance.

Que deviennent les îlots d'avenir en Île-de-France Ouest ?

Plantation d'un îlot d'avenir - ©JP / ONF

Les îlots d’avenir sont plantés et expérimentés à l’ONF dans toute la France depuis quelques années. Pour faire face au changement climatique et trouver des essences résilientes à ces changements, des îlots sont créés afin d’expérimenter la croissance d’essences qui n’avaient, à l’origine, pas vocation à être plantées sur le territoire francilien. Ces essences qui viennent de loin géographiquement sont dites exotiques. Mais elles sont choisies selon différents critères : adaptation au sol, résistance à la sécheresse mais aussi à certains pathogènes présents. Depuis maintenant trois ans, des essences, mises en place sur des parcelles entre 1 et 2,5 hectares, sont expérimentées dans l’Ouest francilien.

 

Cette année, trois nouveaux îlots d’avenir vont être mis en place :

- En forêt domaniale de Marly, ce sera du chêne de Hongrie planté sur 1,40 hectares

- En forêt domaniale de Montmorency, ce sera du copalme d’Amérique planté sur 2,3 hectares

- En forêt de Souzy-la-Briche, ce sera du platane d’Orient planté sur 2 hectares.

 

Il y a deux ans, trois îlots d’avenir étaient aussi plantés. Avec aujourd’hui une bonne reprise constatée par les forestiers :

- En forêt domaniale de Carnelle, le chêne de Hongrie a un taux de reprise de 87% à N+2

- En forêt domaniale de Beynes, le hêtre d’Orient a un taux de reprise de 90% à N+2

- En forêt domaniale de Rambouillet, le calocèdre a un taux de reprise de 83% à N+2

 

Ces taux de reprises sont très satisfaisants pour les forestiers et montre l’importance du choix des essences en fonction de la typologie des sols et du climat de demain. Mais malheureusement certaines actions sont imprévisibles et viennent démontrer que le forestier travaille avec des indicateurs qui ne peuvent pas toujours être pris en compte. Par exemple, une parcelle dans la forêt domaniale de Rambouillet a bénéficié d’un îlot d’avenir avec la plantation de sapins de bornmuller l’année passée. Mais lors du passage pour le calcul du taux de reprise, les forestiers se sont rendu compte qu’il n’était seulement que de 20%... En cause ? Les pluies répétées de cette année ainsi que du vandalisme qui a pu être constaté. Cela montre l’importance de la surveillance des parcelles qui ont été plantées les années précédentes car en fonction de la reprise des plants, les forestiers peuvent réagir et adapter leur manière de travailler. La parcelle à Rambouillet bénéficiera d’une nouvelle plantation l’année prochaine avec de nouvelles essences.

Taux de reprise : quand les jeunes plants deviennent forêt !

Suivi des plantations pour calculer le taux de reprise - ©JP / ONF

Une fois la plantation effectuée, le travail des forestiers continue. Ils ont pour mission de surveiller les jeunes plants afin de vérifier leur bonne croissance. Ils vont alors sur le terrain de mi-août à fin octobre afin d’effectuer ce que l’on appelle les taux de reprise. Ces données se calculent à N+1, N+2 et N+5 de la plantation. Une fois le suivi effectué, les forestiers peuvent alors établir une moyenne sur la viabilité des plants.

 

Pour cette année, voici un bilan des taux de reprises :

À N+1 (plantations ayant eu lieu en 2023/2024)
le taux de reprise est de 89% pour un total de 53 parcelles sur 76 hectares.

À N+2 (plantations ayant eu lieu en 2022/2023)
le taux de reprise est de 79% pour un total de 57 parcelles sur 100 hectares.

À N+5 (plantations ayant eu lieu en 2019/2020)
le taux de reprise est de 64% pour un total de 30 parcelles sur 66 hectares.

Si le taux de reprise baisse en fonction des années, cela n’est pas gage d’une non-réussite de la plantation. Au contraire, les taux sont très satisfaisants et prouvent que le travail effectué au préalable est concluant. Il est normal que cinq ans après les plantations, le taux ait diminué mais surtout ce qui n’est pas calculé c’est le nombre de nouvelles essences qui se sont implantées naturellement et qui font partie dorénavant du paysage forestier.

Infographie "Bilan des plantations 2024/2025" - ©JP / ONF

À l’Office national des forêts, les plantations sont programmées et suivies grâce à un protocole minutieux visant à favoriser la reprise des plants afin de permettre à la forêt de se renouveler et de se pérenniser. Chaque année, les forestiers programment des nouveaux travaux de plantation mais continuent de suivre ceux des années passées. La saison 2024/2025 s’annonce comme chaque année mouvementée mais toujours pour la bonne cause !