Fin 2024, une conférence aux Angles, dans les Pyrénées-Orientales, a rassemblé les acteurs locaux et des départements voisins pour discuter de la gestion et de la restauration des étangs de montagne en forêt domaniale des Camporells.
Les résultats de l’indice de Bioindication des Écosystèmes Mares et Étangs (BECOME), présentés par Aquabio, ont révélé que la présence de poissons diminue le nombre et la diversité des populations d’invertébrés, en particulier odonates, coléoptères et hémiptères. La mise en place d’exclos à poisson, c’est-à-dire de zones où seraient exclus les poissons, pourrait alors jouer le rôle de refuge et permettre la reproduction des invertébrés qui ont des phases de développement aquatique comme les odonates et qui sont prédatés par les poissons. Cette mesure éviterait de mener des opérations de désempoissonnement qui sont lourdes et difficiles à mettre en place.
Par ailleurs, la présence de bétail sur les berges impacte la diversité floristique. Le piétinement perturbe le milieu et certaines plantes disparaissent localement.
Le CEAB-CSIC a également observé une récupération progressive de la biodiversité sur l’étang de l’Herbier depuis 2022. Les inventaires annuels de biodiversité sur cet étang, désempoissonné et protégé du bétail depuis 2022, démontrent l’efficacité des mesures de protection et de restauration.
Teleos a mené une étude piscicole, utilisant les poissons comme indicateurs de la qualité écologique des plans d’eau. Le nombre de poissons capturés a augmenté entre 2019 et 2023 dans les deux plans d’eau suivis, dont un n’ayant pas été aleviné en 2023, preuve que la reproduction naturelle est effective.
En revanche, l’observation d’algues et l’abandon des zones profondes par les poissons indiquent une désoxygénation due à un apport excessif de nutriments.
Ceci aura à moyen terme des conséquences sur les peuplements piscicoles, mais également sur la qualité de l’eau et les cortèges faunistiques et floristiques qui y sont associés.
Nous savons, après trois ans d’études que chaque étang est un univers à lui seul et qu’il est nécessaire de récolter des informations, de progresser sur le sujet et d’amener les pêcheurs à mieux prendre en compte collectivement la biodiversité du site.
Olivier Baudier,
directeur de la Fédération de pêche
Enfin, l’application mobile « Au cœur des Camporells », développée par l’ONF pour informer et gérer le site, a été présentée au public.
Ce projet est avant tout un laboratoire de partage, avec la volonté d’ouvrir les échanges. L’objectif n’est pas d’arrêter les activités actuelles comme le pastoralisme, la pêche, le tourisme, mais d’informer les utilisateurs sur l’impact de leur pratique pour mieux gérer le site afin de le préserver.
Stéphane Villarubias,
directeur de l'agence ONF Ariège-Aude-Pyrénées-Orientales
Une forte mobilisation des partenaires
Le projet se poursuit jusqu’à la fin 2025 avec une forte mobilisation des différents partenaires impliqués, pour mener à bien les prochaines étapes, à savoir :
La planification des prochains relevés scientifiques à mener en 2025, puis la compilation et l’analyse de l’ensemble des données récoltées sur le site de 2022 à 2025 ;
L’implication des acteurs locaux dans la gestion active de l’application numérique créée pour apporter de l’information aux usagers ;
L’élaboration concertée d’une charte de bonnes pratiques de gestion du site, avec les acteurs du territoire.