Vers un nouveau plan de gestion du massif de l’Arc Boisé
L’Arc Boisé, le plus grand massif forestier de la petite couronne (2 578 hectares), situé au sud-est de Paris, à cheval entre l’Essonne, le Val-de-Marne et la Seine-et-Marne, constitue un espace de détente et de nature apprécié par plusieurs milliers de Franciliens. Dans une zone urbaine dense, il apparaît, au-delà du cadre de vie qu’il apporte, comme un réservoir de biodiversité majeur.
Trois forêts publiques forment ce vaste massif nommé "Arc Boisé". Responsable de la pérennité de ce patrimoine forestier inestimable, l’ONF y assure la mise en œuvre du régime forestier dans les forêts domaniales de La Grange (375 hectares) et Notre-Dame (2 058 hectares) et de la forêt régionale de Gros Bois (145 hectares) pour le compte de l’Agence des espaces verts d’Ile-de-France.
Si leur gestion forestière questionne parfois, elle ne relève d’aucune improvisation. Au contraire, elle repose sur une feuille de route renouvelée tous les 20 ans. Appelé "aménagement forestier", ce plan de gestion durable programme les actions à conduire : entretien des peuplements forestiers et mobilisation de bois, accueil du public, protection de l’environnement, maintien de la qualité paysagère... Ce document formel est dûment validé par le ministre de l’Agriculture.
Un nouveau plan de gestion pour 2021-2040
Arrivant à échéance, l’aménagement pour les forêts de Notre-Dame et La Grange est en cours de révision par l’ONF depuis deux ans. Ecoute et dialogue, c’est l’esprit dans lequel la rédaction du nouvel aménagement du massif de l’Arc Boisé (2021-2040) s’est déroulé. Réunis au sein d’un groupe de travail dédié au sein de la charte forestière de territoire de l’arc boisé, les communes de situation, les départements de Seine-et-Marne et du Val-de-Marne, la région Île-de-France, la communauté d’agglomérations Grand Paris Sud Est Avenir et les associations locales y ont pris part.
Dès le début du processus de renouvellement, l’ONF les a conviés à plusieurs rendez-vous. Trois ateliers participatifs, trois tournées de terrain en passant par les consultations postales plus classiques, les échanges furent nombreux. Ceux-ci mettent en avant les attentes sur le massif forestier, en intégrant les grands enjeux du territoire : environnementaux, sociétaux, climatiques et économiques.
Le contexte sanitaire a obligé l’ONF à adapter ces rendez-vous. Malgré cela, les nombreuses questions et réactions que chacun a pu apporter témoignent de l’intérêt de cet exercice. Aujourd’hui, cette concertation touche à sa fin. Le 22 janvier dernier, enrichies par les contributions des participants, les grandes orientations retenues pour la prochaine feuille de route du massif de l’Arc Boisé (2021-2040) ont fait l’objet d’une présentation.
Quelques pistes retenues
1) Une sylviculture irrégulière
L’objectif des 20 prochaines années est de mettre en place une sylviculture irrégulière. Celle-ci vise à faire cohabiter dans les parcelles des arbres de tailles et d’âges variés puis d’essences mélangées. La forêt se renouvelle naturellement (sans plantation) en gardant en permanence son aspect boisé. Sans avoir recours aux coupes "rases", elle évite ainsi les modifications paysagères trop brutales, pratique sylvicole que le public n’accepte plus.
Les forestiers favoriseront la production de chêne dès que possible, en recherchant sans cesse le mélange des arbres. Malgré les incertitudes concernant l’ampleur du changement climatique, et ses conséquences, cette orientation concourra à augmenter la résilience de la forêt.
2) Une politique d'accueil du public respectueuse du milieu naturel
L’aménagement des forêts de Notre-Dame et de La Grange ne détaille pas la stratégie d’accueil du public. Sur 20 ans, il s’avère difficile d’asseoir une ligne dont la mise en œuvre dépend aussi de financements externes (subventions publiques, mécénats), lesquels ne sauraient être garantis sur une telle période. Néanmoins le plan de gestion esquisse plusieurs préconisations.
Mettre en œuvre une politique d’accueil du public respectueuse du milieu naturel, tout en assurant la cohabitation entre les différents usages figure parmi les objectifs essentiels. Un schéma d’accueil du public, travaillé avec l’ensemble des acteurs souhaitant s’impliquer dans le cadre du groupe de travail "accueil" de la charte forestière de l’Arc Boisé précisera les actions à engager. Un sujet qui soulèvera surement de nombreuses questions : comment structurer la fréquentation vers les zones moins à risque (feux, érosion, pollution) ? Quel est le niveau d’équipements (signalétiques, mobiliers informatifs) ? Doit-on créer de nouveaux itinéraires balisés ? Comment améliorer les entrées de forêt et les lisières ? etc.
3) Diversité des milieux naturels et préservation
La valeur écologique et paysagère du massif tient surtout à la diversité des milieux naturels : landes de bruyères ou pelouses issues d’anciens pâturages, zones humides, et aussi vieux arbres, peuplements de chênes, bouleaux et châtaigniers… L’intérêt patrimonial augmente dans les stades extrêmes de végétation : milieux ouverts (landes, prairies…) et peuplements forestiers matures. Le nouveau document d’aménagement entend les conserver. Il veillera d’une part à maintenir les milieux ouverts, puis d’autre part à constituer une trame de vieux bois (couvrant une surface d’environ 5 hectares), complétée par un réseau d’arbres réservés pour leur valeur écologique sur l’ensemble du massif.
En Île-de-France, lever les obstacles (routes, constructions) pour améliorer les continuités écologiques constitue une composante essentielle au maintien de la biodiversité. Connecter les espaces naturels entre eux favorise la libre circulation des espèces, indispensable à leur reproduction, leur croissance, leur alimentation... Un travail sera proposé dans ce sens ces prochaines années, dans le cadre de la révision de la charte forestière de l’Arc boisé.
Les prospections régulières (oiseaux, chauves-souris, insectes…) visant à améliorer les connaissances naturalistes dans ces forêts se poursuivront. Leurs résultats aideront l’ONF à mettre en place les mesures nécessaires à la conservation des espèces. Elles s’appliqueront dans la gestion forestière courante.