Constance Fulda, l’arbre dans la peau
Les arbres sont au cœur de ses œuvres et de sa vie. Sa relation avec les arbres est fraternelle, ils lui sont familiers. Petite fille, Constance Fulda a vécu dans une maison en pleine forêt, entourée de ces gardiens placides. Depuis, les arbres l’attirent de façon inéluctable. La forêt lui offre une pérennité rassurante face à nos vies agitées, un lieu de sérénité, quelle que soit la saison…
C’est peut-être cette tranche de vie au milieu de la nature qui lui a donné ce besoin constant de chercher l’arbre, "fascinée par cette vitalité silencieuse". Ces empreintes d’écorces ne seraient-elles pas finalement la traduction de son carnet intime ?
A chaque fois, le dessin qui s’imprime est une surprise. Chaque rencontre avec un arbre est une aventure unique dont je ne me lasse pas.
L’envie de parler d’eux
Les arbres "remarquables" par leur ancienneté, leur forme, ou leur rôle de témoins de l’Histoire, font partie de notre mémoire collective. A travers son travail, Constance Fulda souhaite laisser une trace de leur passage, "parler d’eux, les montrer autrement, afin qu’on prenne le temps de les regarder". Le regard se situe au niveau de l’affectif, des sensations, ce regard presque inversé sur l’arbre est donc une invitation à l’émotion offerte par l’artiste.
Alors, lorsque Constance Fulda apprend que des chênes vont être donnés pour reconstruire la charpente et la flèche de Notre-Dame de Paris, elle part à leur recherche en forêt. Ces chênes vont rejoindre la grande Histoire. C’est pour l’artiste, une nécessité d’immortaliser le passage de vingt d’entre eux du statut de monument naturel à celui de monument architectural.
Constance Fulda en forêt de Tronçais...
Chaque arbre est un individu singulier
Pour réaliser son travail d’empreinte, la plasticienne utilise un papier traditionnel japonais : le washi, à la fois résistant, fin et sensible. Constance Fulda commence par choisir l’arbre. Elle fixe le papier sur le tronc. Puis, elle passe le rouleau une première fois à sec, pour marquer le relief. Elle repasse ensuite le rouleau enduit de peinture noire. L’empreinte digitale de l’arbre apparaît alors. Reste sur le papier une sorte de calligramme, un langage qui parle avec la matière et les formes !
Le tracé de l’écorce est une écriture qui touche. L’écorce, cette peau de l’arbre, donne à voir ses stigmates. Chaque blessure, chaque accident y est consigné. Pour l’artiste, c’est autre chose que de la peinture abstraite, il y a quelque chose de familier dans ce travail. "Face à ces empreintes, chacun projette son intérieur.
Constance Fulda nous livre à travers son travail sur le souvenir d’une existence lente et silencieuse, l’intimité de l’arbre. Une intimité qui instaure un dialogue inconscient avec le public.