Un printemps en forêt avec l'ONF
Quoi de mieux qu'une balade en forêt durant le printemps pour recharger les batteries ? Les forêts sont des lieux de détente et de loisirs, appréciés des riverains et des touristes pour randonner, faire du sport, bouquiner... bref, se ressourcer !
En France, la forêt accueille près de 700 millions de visites par an. 9 personnes sur 10 associent cet espace naturel à des sentiments très positifs, selon l’enquête ONF-Viavoice "Perceptions des Français sur les forêts françaises" publiée en mars 2021. Que font les forestiers durant cette saison ? On vous dit tout.
Les inventaires naturalistes de l'ONF
"Plus on réduit la biodiversité, plus on réduit nos chances de faire face à l'avenir", scandait Nicolas Hulot, ex-ministre chargé de l'environnement, à la tribune de l'Assemblée nationale le 21 mars 2018. La protection de la faune et de la flore est essentielle, au même titre que la lutte contre le changement climatique.
Conscients de la vulnérabilité de certaines espèces animales, les forestiers de l'ONF sont mobilisés depuis de nombreuses années au sein de six réseaux naturalistes dans le cadre de la stratégie nationale en faveur de la biodiversité et de la politique environnementale de l'ONF.
Les réseaux naturalistes de l'ONF
Il existe depuis 2004 six réseaux naturalistes à l'Office national des forêts, qui réalisent des études scientifiques dans différents domaines du patrimoine naturel et à différents moments de l'année. Avec le réseau Avifaune, il existe les réseaux Entomologie (étude des insectes) et Herpétofaune (étude des amphibiens et reptiles), qui réalisent leurs inventaires de février à juillet. Le réseau Habitat/flore et le réseau mammifères commencent en avril, et celui qui étudie la mycologie débute un peu plus tard dans l'année.
Depuis 2004, l'ONF a mis en place 6 réseaux naturalistes spécialisés. C'est ainsi qu'à chaque début de printemps, les 220 forestiers naturalistes de l'ONF sont à pied d'œuvre pour réaliser des inventaires naturalistes partout en France. Leur mission : bien connaître la biodiversité pour la protéger. Un mélange d'observation, de recensement et de compréhension, mêlant recherche et terrain, pour venir en aide à tous les forestiers qui prennent le relai.
Dans chaque réseau, les forestiers naturalistes réalisent des inventaires et des suivis écologiques. Ce travail d'amont, crucial pour la sauvegarde des espèces et des habitats dans la gestion forestière, permet ensuite de guider les gestionnaires forestiers dans leurs pratiques.
Ces indicateurs servent d'appui à la gestion forestière. En effet, les données fournies permettent d'adapter la sylviculture en fonction de la faune présente dans le milieu. "On transmet les données à nos collègues gestionnaires. Ils les prennent en compte dans les documents et actions de gestion et formulent des prescriptions en faveur de la biodiversité", précise Véronique Vinot, chef de projet communication gestion durable à l'ONF.
Les intervenants en forêt doivent respecter des prescriptions environnementales définies par l'ONF. Par exemple, si telle ou telle espèce présente est considérée comme menacée, ils ont l'obligation d'interrompre ou de ne pas engager de travaux sylvicoles pendant la période de reproduction dans un périmètre précis.
Loin d'agir en cercle fermé, ces réseaux naturalistes nouent au quotidien de nombreux partenariats, locaux et nationaux, avec des associations, organismes et acteurs reconnus dans le domaine de la conservation de la nature et de la recherche. Des conventions cadres sont notamment signées chaque année avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), l'Office pour la protection des insectes, la société mycologique de France...
Débroussailler pour anticiper les incendies
A l'aube de la saison la plus chaude de l'année, les forestiers de l'ONF se préparent à affronter les incendies. Des zones débroussaillées sont créées et entretenues par les ouvriers forestiers afin de permettre aux pompiers d'intervenir dans les meilleures conditions possibles de sécurité et d'efficacité. Ils doivent pouvoir maîtriser le plus rapidement possible les incendies et limiter le développement des plus importants d'entre eux. Chaque année, 1 800 hectares environ sont débroussaillés par les équipes d'auxiliaires de protection de la forêt méditerranéenne (APFM) de l'ONF.
Ces équipes spécialisées créent et entretiennent les 1 700 ouvrages de Défense des forêts contre l'incendie (DFCI), dans le cadre de la mission d'intérêt général confiée par l'État. En bordure de piste, les citernes DFCI sont des équipements essentiels à la lutte contre les feux de forêts. "Les citernes permettent le ravitaillement des engins de lutte engagés sur un sinistre, offrant une zone de refuge en cas de nécessité. A ce titre, elles font l'objet d'un débroussaillement en plein sur un rayon de 25 mètres, complété par un débroussaillement sélectif sur les 25 mètres suivants", explique Yvon Duché, responsable technique national incendies de forêts à l’ONF.
Eviter la propagation des feux
Des techniques de traitement de la végétation sont mises en œuvre, communément regroupées sous le terme générique de "débroussaillement". L'objectif est de diminuer drastiquement le volume de végétation combustible et y créer des discontinuités, afin de réduire l'intensité du feu et limiter sa vitesse de propagation.
Il existe différentes techniques de traitement de la végétation pour limiter les feux de forêt :
- Le débroussaillement mécanisé permet d'éliminer rapidement la broussaille sur les zones accessibles aux tracteurs forestiers, tout en maintenant des alvéoles de végétation arbustive à conserver.
- Le débroussaillement manuel permet de traiter les endroits les moins accessibles du massif, situés sur des fortes pentes ou des terrains rocailleux, et de sélectionner de manière fine les espèces à éliminer ou à conserver.
- L'abattage sélectif des arbres en surnombre et l'élagage de ceux qui seront conservés.
- Le brûlage dirigé, technique alternative consistant à la mise à feu préventive de la broussaille, en période hivernale, afin d'éviter que celle-ci ne conduise le feu en saison estivale, en cas d'incendie.
La vigilance est également de mise quant à la sécurité du public. A cet effet, les chantiers sont entièrement balisés et des panneaux de signalisation installés à chaque extrémité. Lors de vos balades printanières, veillez à respecter les indications !
Pourquoi trouve-t-on des plantations protégées ?
Lors de vos récentes balades, peut-être avez-vous déjà remarqué des protections autour de certains arbres et jeunes plants ? Ces protections sont posées lors des plantations à l'automne et les promeneurs les découvrent souvent avec le retour des beaux jours.
A quoi servent-elles ? "Avec la chasse, c'est le seul moyen d'assurer la croissance des jeunes tiges face aux dents du gibier. Nous savons que les plants que nous installons en forêt, après un à deux ans passés en pépinière, sont bien fertilisés et seraient rapidement consommés par les cervidés", explique Vincent Boulanger, responsable du pôle R&D de Fontainebleau à l'ONF.
La présence des cervidés est une richesse considérable en matière de biodiversité. Cette dernière ne doit pas se faire au détriment de la croissance et de la vitalité des jeunes arbres.
→ Lisez notre article : "La chasse, un prérequis pour planter les forêts de demain".
En situation d'abondance, les populations de gibier détruisent les plants d'avenir, ce qui a des conséquences directes sur la sylviculture et la biodiversité. Une situation prise très au sérieux par les forestiers : dans près de 39% des surfaces des forêts domaniales, notamment dans le secteur nord-est, le déséquilibre forêt-gibier menace la pérennité des forêts.
Des protections dites "individuelles" autour de jeunes plants dans le cas des régénérations artificielles par plantation, ou "générales", englobant toute une parcelle dans les cas des régénérations par ensemencement naturel, peuvent alors être installées et régulièrement entretenues par les équipes de l'ONF. Ce n'est qu'une fois le bourgeon situé hors de portée de la dent du gibier que les clôtures pourront être retirées.
Ces clôtures constituent une gêne paysagère importante pour les citoyens nombreux à se promener dans les espaces naturels. Chaque plant nécessite par ailleurs l’installation d’un grillage, seule technique capable de protéger efficacement les arbres qui constitueront la forêt de demain. Ces clôtures installées au préalable ne sauraient pourtant être une solution pérenne. En effet, engrillager ou protéger individuellement les plants entraîne un surcoût et produit des déchets. Plus d'informations ici !
Des "enclos-exclos" pour évaluer les effets du gibier
Pour mieux appréhender l'ampleur du phénomène de déséquilibre faune-flore, les forestiers installent également des dispositifs en forêt, appelés "enclos-exclos". Dans ces surfaces grillagées de 40 m² environ, il s'agit d'exclure les populations de gibier d'une zone donnée.
Les forestiers comparent ensuite l'état du milieu sans ongulés (l'enclos) à celui du milieu environnant où ils circulent librement (l'exclos). "Grâce à ce dispositif, nous pouvons mieux évaluer les conséquences des populations de gibier en forêt et adapter le niveau des plans de chasse en partenariat avec nos locataires de chasse", conclut Vincent Boulanger.
Déséquilibre forêt-gibier : la recherche s'empare du sujet
En 2017, une étudiante en 3e année de thèse au CNRS Montpellier s'est penchée sur plusieurs situations d'échecs de régénération forestière. Co-encadré par des chercheurs de l'ONF et de l'ONCFS (devenu Office français de la biodiversité depuis), sa thèse met en lumière l'existence d'un phénomène d'inversion des essences en forêt causé par le gibier. Une situation suivie de près par les chercheurs puisque certaines de ces essences menacées par le gibier sont identifiées comme mieux adaptées face au changement climatique.
Du mobilier bois pour accueillir le public en forêt
Dans les forêts domaniales et communales gérées par l'ONF, les forestiers et chefs de projets imaginent des parcours qui répondent aux attentes du public et des collectivités, tout en assurant la préservation de l'environnement.
Pour pique-niquer en famille ou entre amis, vous avez sûrement déjà utilisé les bancs et les tables en bois que l'on trouve aux abords des sentiers forestiers. Pour les plus sportifs, peut-être avez-vous déjà testé les parcours de santé ? Tous ces équipements sont le fruit du travail de l'ONF, souvent en partenariat avec les collectivités locales ! Dans les ateliers bois de l'ONF, concepteurs, menuisiers, charpentiers et graveurs conçoivent avec les forestiers des équipements et mobiliers bois qui s'intègrent parfaitement au milieu naturel.
Robustes et durables, l'ensemble de ces équipements extérieurs sont réalisés à partir de bois 100% français, local de préférence et systématiquement certifié PEFC (label garantissant une gestion écoresponsable des forêts). "J'aime me dire qu'en coupant certains arbres arrivés à maturité, on les valorise en leur donnant une seconde vie à travers le mobilier bois", explique Daniel Vaubourg, chef de l'Atelier bois Grand Est.
Sensibiliser et informer les promeneurs
Si les équipes veillent à fournir aux visiteurs des conditions d'accueil optimales et adaptées à leurs besoins, elles sont aussi pleinement mobilisées pour les informer et les sensibiliser sur le rôle des forêts, leur richesse (écologique, culturelle, historique), la gestion durable assurée par l'ONF ainsi que sur les bons comportements à adopter pour préserver ces espaces.
Lors de vos excursions, vous avez peut-être aussi testé une découverte 2.0 des milieux forestiers ? Pédagogiques et ludiques, les applications mobiles de découverte conçues par l'ONF vous informent et vous guident pour vous faire découvrir la nature autrement.