“La Rose et la Flèche” : un Robin des Bois sénescent et remarquable
Le hors-la-loi le plus connu du Moyen Âge est probablement Robin des Bois, héros légendaire anglais du XIIIe siècle que la littérature et le cinéma ont élevé au Panthéon des personnages de fiction les plus populaires ! Le nom de Robin apparaît en effet pour la première fois vers 1377, dans l'un des plus anciens monuments de la littérature anglaise, "Piers Plowman" (en français, "Pierre le Laboureur") du poète William Langland. On doit la première adaptation cinématographique des aventures de Robin des Bois à Percy Stow en 1908 avec le court métrage muet "Robin Hood and his Merry Men".
Qui ne connaît pas les aventures de ce noble Robin de Loxley accusé à tort de trahison par Jean Sans Terre, qui a profité de la captivité de son frère, le roi Richard Cœur de Lion, pour usurper le pouvoir en Angleterre, : il prend le maquis dans la forêt de Sherwood et, sous le surnom de Robin Hood (Robin la Capuche), anime la résistance à l'usurpateur. On ne compte plus les apparitions au cinéma de ce hors-la-loi au grand cœur dont les origines viennent de ballades médiévales que les historiens ont ensuite intégrées dans l’histoire d’Angleterre.
Ce mythe du cinéma hollywoodien autrefois illustré de façon rayonnante par Michael Curtiz avec le bondissant Errol Flynn a été revisité sous un jour nouveau par Richard Lester et son film aussi flamboyant, La Rose et la Flèche de 1976, film "de la désillusion et du temps qui reste".
Empâté, fatigué, le crâne dégarni, Robin des Bois revient des croisades avec Petit Jean et retrouve sa forêt de Sherwood et son vieux chêne, 20 ans après les avoir quittés. Marianne, lassée de l’attendre, est entrée dans les ordres. La petite troupe de bandits se reforme pour reprendre le combat pour le peuple et contre l’odieux shérif de Nottingham.
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Dans ce long métrage, on retrouve la panoplie du récit d’aventures avec ses combats, ses chevauchées. Mais la réussite du film tient au brassage du picaresque, du film d’action et du romanesque. Le poids des années dévoile un Robin des Bois (incarné par le vieillissant et toujours remarquable acteur britannique Sean Connery) romantique et parfois philosophe qui retrouve sa dulcinée Marianne (jouée par la toujours lumineuse Audrey Hepburn), réveillant un amour resté profond.
Une forme de lenteur s’installe dans le film. La troupe d'hors la loi se fait vieille. L’escalade des arbres devient difficile. La fougue d’antan n’est plus. Les corps de ces anciens acrobates des forêts ne suivent plus. L'instant est à l’écoute et à la douceur du temps qui passe pour basculer soudainement dans la tragédie avec une fin magnifique.
On retiendra également de ce film le travail photographique admirable des sous-bois verdoyants de la forêt de Sherwood tournés en réalité près de Pampelune (Espagne) dans une forêt séculaire de 80 hectares, la forêt d’Orgi, qui constitue le seul vestige des nombreuses chênaies humides de la Navarre.
Le saviez-vous ? En forêt de Sherwood...
Emblème de la légende de Robin Hood, la véritable forêt de Sherwood, située dans le comté de Nottinghamshire qui fut jadis l'une des 65 forêts royales d'Angleterre, est classée réserve naturelle depuis 2002. Dans cette forêt, se dresse un chêne pédonculé majestueux, de très grande taille, âgé de plus de huit siècles, d’une circonférence de plus de 10 mètres. Ce chêne millénaire nommé le "Major Oak", l’une des merveilles de la région des Midlands, aurait servi dans la légende de repère à l’archer vert et sa bande de hors-la-loi.
Dans La Rose et la Flèche, le cadre boisé de la forêt d’Orgi du pays basque espagnol où s’élèvent d’impressionnants chênes plusieurs fois centenaires évoque délicieusement la forêt de Sherwood. Dans certaines adaptations comme dans le film de 1991 Robin des Bois, Prince des voleurs avec Kevin Costner, on substitue le chêne par un majestueux érable sycomore connu sous le nom de "Robin Hood Tree".