Chizé : premiers résultats prometteurs pour une réserve biologique encore jeune à l’échelle du temps de la forêt
Tous les dix ans, en forêt de Chizé (Deux-Sèvres), des campagnes de mesures du volume de bois vivant, de bois mort, des micro-habitats, sont organisées et analysées afin de comprendre leur évolution. Tous les arbres inventoriés il y a 10 ans sur les 309 placettes permanentes du dispositif ont donc été réexaminées.
De nouveaux arbres entrent dans le dispositif, car d'autres ont atteint une certaine taille. D’autres meurent sur pied ou tombent au sol et sont également inventoriés, car leur rôle est capital pour la biodiversité de la forêt. L’idée est de disposer d’une image de la dynamique naturelle en place.
La description est très fine et précise pour permettre des comparaisons fiables. On va jusqu’à mesurer la présence de jeunes semis, et la présence de micro-habitats sur les arbres vivants dans le périmètre de la réserve biologique de la Sylve d’Argenson.
L’érable de Montpellier colonise la réserve
Depuis 10 ans seulement, l’érable de Montpellier occupe une place de plus en plus importante dans les semis et les jeunes tiges sur la réserve. C’est une espèce plutôt méridionale qui bénéficie du changement climatique et va occuper une place croissante dans la réserve.
La part du charme diminue et on observe déjà un vieillissement des taillis qui vont augmenter le volume de bois mort progressivement. La dernière coupe du taillis avait été réalisée en 1987 et depuis ils évoluent librement et commencent à montrer des signes de maturité.
Cette réserve a été touchée par la tempête de 1999 et il y a donc peu de gros bois et très gros bois actuellement. Il faudra donc patienter pour observer le vieillissement de cette forêt sans exploitation… mais la patience est l’une des qualités premières du forestier.
Le bois mort en probable légère baisse
Dans une réserve biologique forestière, le bois mort est particulièrement attendu car il est souvent moins présent dans les forêts exploitées. Le bois mort est porteur de 25 % de la biodiversité forestière. En nombre, il favorise donc l’arrivée d’insectes, de champignons, de mousses très particuliers et rares.
Dans la réserve de la Sylve d’Argenson, les comparaisons à 10 ans montrent une légère baisse du bois mort. L’écart statistique est difficile à affirmer, mais on imagine qu’après la tempête et avant le classement de cette forêt en réserve, il y avait encore beaucoup de bois mort sur pied ou au sol. Ce bois mort ancien a été décomposé et assimilé. Aujourd’hui pour que le cycle reprenne, il faut le temps que les arbres en pleine croissance et plutôt jeunes vieillissent.
Le saviez-vous ?
Un volume de 15 % de bois mort ramené à la biomasse vivante traduirait un état de vieillissement avancé de la forêt. Aujourd’hui, dans la réserve biologique de la Sylve d'Argenson, 7 % de bois mort sont présents avec encore peu d’arbres vieillissants ou dépérissants.
Une empreinte de l’action humaine encore très présente
Les dernières coupes ont eu lieu il y a plus de 20 ans, mais le milieu porte encore les traces de l’histoire humaine et illustre les liens complexes entre activité humaine et biodiversité.
Le cortège d’essences observé, très varié au demeurant, témoigne d’une sélection par les forestiers pendant des dizaines d’années. Des milieux autrefois maintenus ouverts par l’homme sont en train de se refermer. Toutes ces évolutions sont un sujet d’étude passionnant pour les scientifiques et tendent à montrer que la libre évolution d’une forêt a des effets bénéfiques sur certaines espèces mais aussi des effets négatifs pour d’autres.
L’étude de la réserve biologique de la Sylve d’Argenson et la comparaison avec ce qui se passe en forêt gérée aident à dépasser les a priori et idées reçues sur la biodiversité forestière.
Un guide de terrain
Pour aller plus loin sur les dendromicrohabitats : un guide de terrain permet d’en savoir plus sur les singularités des arbres et leur rôle fondamental dans la biodiversité forestière.
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