Branche & Ciné 2021 : une vision panoramique de l'Afrique
Les forêts d'Afrique, jusqu'au vertige...
Le cinéma est affaire d’imaginaires et de projections, c’est aussi l’activité culturelle la plus populaire qui permet à tout un chacun d’expérimenter l’ailleurs mais aussi autrui. C’est dans cette rencontre sensible, artistique et culturelle que le spectateur s’engage dans une ouverture au monde.
Branche & Ciné est une expérience sensorielle unique car il s’agit de vivre le cinéma à ciel ouvert, dans le frémissement des arbres, tels des gardiens du temps. Il y a comme une évidence à ce que la forêt française accueille en son sein des films qui mettent en scène la forêt africaine. Ou plutôt les forêts, tant le continent, avec ses 54 pays, offre jusqu’au vertige toute la biodiversité que notre planète contient. La vitalité de la création cinématographique africaine n’est plus à prouver.
Depuis quelques années, de nouveaux cinéastes émergent. Leurs films sont primés dans de grands festivals internationaux, ouvrant le champ à de nouvelles explorations cinématographiques et narratives qui constituent les réalités de leurs pays respectifs. La programmation se veut tout à la fois panoramique, ouverte sur les territoires et paysages forestiers d’Afrique, et équilibrée par la pluralité des genres cinématographiques qu’elle propose, avec une importance accordée à la nouveauté et aux premiers films.
Nouveautés et premiers films
La nouveauté avec des premiers films de jeunes cinéastes plus que prometteurs tels Elvis Sabin Ngaibinomais avec son film Makongo (République Centrafricaine) ; Abdoulaye Dao, Hervé Éric Legani avec Duga, les Charognards (Burkina Faso), Yared Zeleke avec Lamb (Éthiopie) ou Peter Sedufia avec sa comédie du Ghana, Keteke.
La programmation comprend de nombreux films inédits en France telle la série Tales Of Africa du réalisateur et producteur algérien Djilali Beskri, un programme novateur de courts métrages d’animation qui plongent dans les mythes et légendes du continent. La programmation offre des fictions puissantes, avec Je ne suis pas une sorcière, un drame de Rungano Nyoni (Zambie) ou Notre Dame du Nil d'Atiq Rahimi, en résonance avec une autre œuvre, La Miséricorde de la Jungle de Joël Karekezi. En effet, ces deux films mettent en scène la tragédie du génocide au Rwanda. Autant le film d'Atiq Rahimi relève de l'épopée poétique au féminin, un récit où la blancheur virginale des étudiantes est éclaboussée par le sang, autant le film de guerre de Joël Karekezi est un manifeste puissant contre la guerre, en résonance avec l’actualité.
Avec The Last of Us, premier long métrage du cinéaste tunisien Ala Eddine Slim, le spectateur est invité à suivre l’errance d’un migrant dans des séquences magnétiques, un voyage onirique où la forêt devient l’espace charnel et spirituel d’une reconquête de la liberté. Revenons sur Duga, les charognards de Abdoulaye Dao et Hervé Eric Lengani, qui sera présenté lors d'une projection dans la forêt de Retz en face du château de Villers-Cotterêts, future Cité internationale de la langue française. Le film, doublement primé en 2019 au Fespaco, est une épopée satirique au coeur du Burkina Faso, pays francophone, où comment un homme rencontre de grandes difficultés à enterrer son ami qui n’est ni baptisé, encore moins croyant...
Le choix est vaste parmi les 18 films. Ce sont aussi autant de forêts à découvrir, celles de Côte d’Ivoire, de la République démocratique du Congo, de la République du Congo, d’Afrique du Sud, de Tanzanie, du Zambie, d’Éthiopie, de la République Centrafricaine, du Cameroun, du Rwanda, du Sénégal, du Mali, du Sénégal, du Bénin, du Burkina Faso, et de la Tunisie.
Un programme ample
Le programme est ample. Du thriller politique à la comédie, du drame social à l’épopée, du documentaire au films d’animation, en passant par de grands classiques du cinéma : deux films hollywoodiens pour le plaisir de retrouver Howard Hawks avec Hatari et surtout le couple infernal de tendresse bourrue Katherine Hepburn/Humphrey Bogart dans L'Odyssée de l’African Queen de John Huston, et une œuvre magistrale d‘un maître du cinéma africain, Yeelen (La Lumière) de Souleymane Cissé, Prix du Jury à Cannes en 1987.
Inscrit au programme du baccalauréat, Yeelen retrace un parcours initiatique, un moment charnière entre l’enfance et l’âge adulte. Sur les traces de Nianankoro, à travers ses luttes et sa rivalité avec le Père, le spectateur est immergé dans les traditions de la culture bambara et les lois du Kôrè. Le film touche à l'universel.
Chaque cinéaste documentariste est avant tout quelqu’un qui s’empare du monde à travers une caméra. Nous vous proposons trois documentaires récents sur les forêts africaines d’aujourd’hui. Makongo est un film unique : sous la caméra bienveillante et pudique du cinéaste Elvis Sabin Ngaibinomais, nous suivons deux frères, André et Albert, qui peinent à survivre dans la forêt tropicale humide du bassin du Congo. Pygmées Aka, souvent humiliés et moqués en raison de leurs différences, ils gardent toute leur dignité, tendus par un but commun : créer une école gratuite pour tous.
Le jeune public à l'honneur
Le jeune public est à l’honneur, doublement. Avec la présence de Michel Ocelot, invité d’honneur de la 3e édition du festival Branche& Ciné qui reviendra sur la genèse de son film culte Kirikou et la sorcière. Mais aussi avec deux pépites, le premier film d’animation camerounais Minga et la cuillère cassée, librement inspiré d’un conte éponyme, paru en 1977 qui sous ses faux airs de Cendrillon propose un parcours au féminin, non sans malice et anachronisme pour le plus grand délice des spectateurs ! Tales of Africa – Contes Africains, est un projet ambitieux d’animation entièrement créée en Afrique.
La collection comprend 6 courts métrages d’animation réalisés par Djilali Beskri. À travers le personnage de Papa Nzenu, griot du XXIe Siècle et fil conducteur de la série, nous sommes conviés à un voyage sur le continent africain à travers ses contes, légendes et mythes. Du Congo au Mali, en passant par le Cameroun et le Bénin, Papa Nzenu ouvre les esprits de ses contemporains en leur inculquant la sagesse des contes anciens.Très belle saison cinématographiquement africaine et forestière !