Le retour des moutons dans la forêt de Fontainebleau fête ses 5 ans

Depuis 2015, le berger Alexandre fait paître son troupeau de 600 moutons dans le massif forestier de Fontainebleau et renoue ainsi avec la tradition d’agropastoralisme. Un entretien indispensable visant à conserver la biodiversité...

Une fois n'est pas coutume, les moutons ont pris leurs quartiers d’été en forêt de Fontainebleau (Seine et Marne). D’avril à septembre, les promeneurs se surprennent parfois à les croiser. Il faut dire que leur bêlement et leurs cloches tintinnabulantes n’indifférent personne. Cinq ans déjà qu’Alexandre, jeune berger aidé par ses chiens de garde, y installe son troupeau. Une itinérance de parcelles en parcelles couvrant 200 hectares de landes et de pelouses sèches.

Un partenariat avec l’ONF l’autorise à faire paître ses moutons sur ces espaces non boisés reconnus comme habitat d’intérêt européen par le réseau Natura 2000. Ici s'étendent bruyères et callunes cachant une biodiversité singulière. C’est le cas de nombreux oiseaux qui apprécient ces habitats. Certains protégés comme la Fauvette Pitchou, l’Alouette lulu et l’Engoulevent d’Europe dépendent de ces milieux.

©ONF/DR.

La diminution progressive des landes et pelouses sèches explique en partie le déclin de ces oiseaux, observé ces dernières années. Sans entretien, ces espaces se boisent progressivement (pins, aubépines, pruneliers) et se referment, menaçant de faire disparaitre les espèces inféodées à ces milieux.

Le saviez-vous ?

Au XIXe siècle, la forêt de Fontainebleau comptait 7.000 ha d’espaces non boisés : landes, pelouses… Les incendies et surtout le pâturage contribuaient à leur préservation. Les agriculteurs des communes alentours y faisaient pâturer leur troupeau. Au XVIIe siècle, plus de 15.000 bêtes (bovins, ovins, porcins) pâturaient en forêt. Avec l’abandon de ce droit d’usage au début du XXe siècle, ces milieux ont progressivement disparu. Seuls 1.000 hectares subsistent encore aujourd’hui. Accueillant des espèces végétales et animales singulières, leur maintien est nécessaire.

1.000 hectares de landes et pelouses sèches à protéger

Maintenir une végétation basse favorable aux espèces de ces paysages implique des interventions multiples et régulières. Avec le pâturage, l’ONF souhaite maitriser la croissance végétative. En consommant les végétaux, les ovins contribuent ainsi à maintenir la biodiversité sur ces sites. À ce jour, les résultats s’avèrent encourageants. Les suivis montrent que les ovins consomment majoritairement les ronces, aubépines et jeunes pins. En abroutissant et piétinant le sol, ils conservent également une végétation basse.

©ONF/DR.

Parce qu’il semble difficile d’étendre l’écopâturage sur les 1.000 ha de landes et pelouses disponibles dans le massif de Fontainebleau, l’ONF utilise d’autres méthodes comme le débroussaillage et le broyage. Lorsque les arbres atteignent une certaine hauteur, leur coupe est nécessaire pour conserver ces paysages présentant un intérêt écologique et paysager.

Sur Fontainebleau, l’ONF n’agit jamais seul sur ces questions. L’association des naturalistes de la vallée du Loing et du massif de Fontainebleau (ANVL) l’accompagne dans la réalisation des travaux environnementaux.

Natura 2000 et Fontainebleau en quelques mots...

Le massif forestier de Fontainebleau, riche d’un réservoir biologique remarquable, constitue depuis 2004 un site Natura 2000. Représenté par un ensemble de sites naturels, identifiés pour la rareté ou la fragilité des espèces animales et végétales, et de leurs habitats, ce réseau européen vise à préserver les espèces et les habitats naturels avec les enjeux socio-économiques du territoire bellifontain.

Le massif de Fontainebleau est classé à la fois comme Zone de Protection Spéciale au titre de la Directive Oiseaux (ZPS FR1110795) et Zone Spéciale de Conservation au titre de la Directive Habitats (ZSC FR1100795). Depuis 2014, l’ONF et l’ANVL animent ensemble le réseau Natura 2000 sur le massif de Fontainebleau.

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La Fauvette pitchou et l’Alouette lulu : au centre de toutes les attentions à Fontainebleau

La fauvette pitchou et l’alouette lulu constituent deux espèces de passereaux inféodées aux milieux ouverts et présentes historiquement sur le massif de Fontainebleau. La fauvette pitchou occupe les habitats de lande à callunes et bruyères et l’alouette lulu se trouve plutôt dans les milieux de pelouses sèches et rases. Elles confectionnent toutes deux leur nid proche ou à même le sol. Elles sont protégées au niveau européen, national et régional par la Directive Oiseaux de l’Union européenne). Les populations d’Ile de France de ces deux espèces baissent et sont historiquement centrées sur le massif de Fontainebleau. L’inventaire réalisé au printemps 2019 indique la présence de 23 couples de ces 2 espèces sur le massif. La diminution progressive des milieux naturels où elles se cantonnent explique une baisse inquiétante de leur effectif, observée ces dernières années.