Biodiversité : tout savoir sur les réserves biologiques
Dans chaque forêt gérée par l'Office national des forêts (ONF), les forestiers concilient protection de la biodiversité, production de bois, accueil du public et prévention des risques naturels. C'est ce qu'ils appellent la "gestion multifonctionnelle" des forêts publiques.
Dans certains cas, la richesse naturelle très élevée d'un site justifie le besoin d'une protection réglementaire renforcée et d'une gestion spécifique. C'est là que peut intervenir la création de réserves biologiques.
Spécifique aux forêts publiques, le statut de réserve biologique existe depuis les années 1950. Fin 2024, le réseau national compte 255 réserves biologiques, couvrant près de 59 000 hectares dans les forêts hexagonales et 87 000 hectares dans les départements d'outre-mer.
Réserves biologiques ou réserves naturelles ?
Les réserves biologiques (RB) et réserves naturelles (RN) sont deux familles de statuts de protection forte, en partie différentes et surtout complémentaires.
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Les réserves naturelles nationales (RNN), régionales (RNR) ou de Corse (RNC) peuvent concerner tous types de propriétés : privées comme publiques, sur terre comme en mer. Leur gestion est confiée à des associations, des établissements publics ou à des collectivités territoriales. En 2024, une cinquantaine de réserves naturelles comportaient une part de forêts publiques, dont une vingtaine gérées ou cogérées par l'ONF.
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Les réserves biologiques sont un statut de protection spécifique aux espaces relevant du régime forestier. C’est-à-dire les forêts de l'Etat (domaniales), les forêts des collectivités ou d'établissements publics (communes, départements, Conservatoire du littoral…). Ces réserves sont créées par arrêté conjoint des ministères de l'Agriculture et de l'Ecologie. Les plus anciennes réserves biologiques datent des années 1950.
Le saviez-vous ? Des réserves biologiques, mais pas seulement...
La diversité biologique est vitale pour la santé des forêts ainsi que pour l’environnement. Voilà pourquoi préserver et développer la biodiversité est une des missions prioritaires de l’ONF. Cette ambition se traduit par une prise en compte systématique des enjeux environnementaux dans la gestion sylvicole et l’exploitation forestière, avec notamment :
- le marquage et la conservation d’arbres "bio" ;
- l’interruption des travaux forestiers durant les périodes de nidification d’oiseaux, comme pour le balbuzard pêcheur en forêt domaniale d'Orléans ;
- la mise en place d’îlots de vieux bois ;
- l’interdiction de produits phytosanitaires ;
- la préservation des sols forestiers et des cours d'eau.
Définitions : réserves biologiques dirigées ou intégrales ?
Entre ces différents statuts, pas de hiérarchisation, mais des objectifs différents et qui se complètent. "Ces réserves sont de deux types : d'une part, les réserves biologiques dirigées (RBD), où l'ONF applique une gestion particulière pour la conservation d'espèces ou de milieux naturels rares et vulnérables ; d'autre part, les réserves biologiques intégrales (RBI), soustraites à la sylviculture et qui constituent de précieux témoins de la forêt en évolution naturelle", résume Nicolas Drapier, chargé de mission réserves à l'ONF.
Les réserves biologiques dirigées (RBD)
Ces réserves concernent des milieux forestiers à la fois remarquables et nécessitant une gestion conservatoire spécifique. Dans les RBD, la gestion est interventionniste et ciblée sur des enjeux patrimoniaux forts : création ou entretien de milieux ouverts, travaux de gestion hydraulique (pour maintenir ou restaurer des zones humides), lutte contre des espèces exotiques envahissantes (EEE)…
Le plus souvent, les réserves biologiques dirigées protègent des milieux ouverts (landes, tourbières…) qui risqueraient de subir une fermeture et une régression du fait du développement naturel de la végétation arbustive ou arborescente. Ces réserves concernent une très grande diversité de milieux, depuis les espaces littoraux jusqu'aux pelouses alpines.
La surface des RBD et très variable: de quelques hectares à plus de 1000 ha.
Les RBD sont reconnues comme espaces protégés de catégorie 4 par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Un exemple de création de réserve biologique dirigée en forêt de Moulière
Les réserves biologiques intégrales (RBI)
A l'opposé des réserves biologiques dirigées et de leur gestion active, ces réserves sont consacrées à la libre évolution des forêts. L'ONF continue de développer un réseau national de réserves biologiques intégrales représentatives de la diversité des milieux forestiers : depuis les plus communs, mais caractéristiques de grandes régions naturelles (chênaies vertes méditerranéennes, hêtraies de plaine, sapinières montagnardes…) jusqu'aux plus remarquables (forêts alluviales, érablaies sur éboulis...).
Ces réserves sont à la fois des observatoires de la dynamique naturelle sur le long terme (notamment dans le contexte de changement climatique) et des conservatoires d'une biodiversité particulière qui est plus rare dans les forêts exploitées (insectes et champignons liés au bois mort, etc.).
Dans l'Hexagone, la surface des RBI varie d'une cinquantaine à plus de 2 500 hectares. La plus grande se trouve en Guyane et dépasse 60 000 hectares.
Les réserves biologiques intégrales sont reconnues comme espaces protégés de catégorie 1 par l'UICN.
Outre les études scientifiques, les seuls actes de gestion possibles dans les RBI sont :
- la sécurisation de voies longeant ou traversant les réserves (sentiers pédestres balisés, chemins, routes) ;
- l'élimination d'espèces végétales ou animales allochtones,
- la régulation des ongulés par la chasse en l'absence de prédateurs (pour préserver les équilibres naturels entre faune et flore)
- certaines actions de gestion des risques naturels : risque physiques (principalement en montagne), risques d'incendie.
Carte des réserves biologiques
Il existe plus de 250 réserves biologiques en France.
Réserves biologiques de Lacanau, de l'Aulp du Seuil, des Maures, de la Pointe d'Arçay, de Cîteaux, des Faux de Verzy... Partez à leur découverte.
Les réserves biologiques en chiffres
Dans l'Hexagone comme dans les départements d'outre-mer, les réserves biologiques offrent un statut de protection fort, contribuant à la Stratégie nationale aires protégées (SNAP) 2020-2030. Le développement du réseau des réserves biologiques se poursuit au rythme de 5 créations par an, auxquelles s'ajoutent régulièrement des extensions de réserves existantes. Voici quelques chiffres à retenir.
En novembre 2024...
(existantes ou en attente d'un arrêté de création)
au total
dans l'Hexagone
en outre-mer
... dans l'Hexagone :
couvrant 28 312 hectares
couvrant 30 497 hectares
... en outre-mer :
couvrant 9 635 hectares
couvrant 77 264 hectares
Est-il possible de se promener dans les réserves biologiques ?
RBD ou RBI, quel que soit le type de réserve, la priorité est la protection du patrimoine naturel. Les diverses activités humaines ne sont pas systématiquement interdites, mais encadrées et au besoin réglementées.
C'est au cas par cas qu'un arrêté interministériel (Agriculture et Ecologie) fixe la réglementation propre à chaque réserve biologique.
Dans le cas des réserves biologiques dirigées, la réglementation varie en fonction des enjeux de protection. L'accès et les usages (cueillette, sports de nature, etc.) peuvent être limités voire interdits, en fonction de la présence d'espèces vulnérables (flore, oiseaux nicheurs...), de milieux fragiles (tourbières...), ou pour des motifs de sécurité (danger des arbres morts).
Dans le cas des réserves biologiques intégrales, ce qualificatif "intégral" n'implique pas une complète "mise sous cloche" : il vise avant tout les activités sylvicoles. On trouve surtout deux constantes dans les RBI : interdiction des exploitations forestières et de la chasse au petit gibier. En revanche, la circulation pédestre, principalement sur sentiers balisés, reste le plus souvent possible.
A noter : les dispositions particulières aux réserves biologiques s'ajoutent aux réglementations générales concernant l'interdiction du feu en forêt, la cueillette, la circulation des véhicules dans les espaces naturels… Lisez notre charte du promeneur "j'aime la forêt : ensemble, protégeons-la !"
Un exemple parmi d'autres : avec plus de 200 000 visiteurs par an, l'aménagement d'un sentier de découverte et réglementation de la fréquentation ont été combinés pour l'accueil du public et la protection de la réserve biologique dirigée des Faux de Verzy.
Zoom sur quelques réserves biologiques
Apprenez-en plus sur quelques unes des 250 réserves biologiques grâce aux articles et vidéos ci-dessous.
Réserve biologique dirigée de la Pointe d'Arçay
Créée le 12 janvier 1982, elle a célébré ses 40 printemps en 2022. Gérée par l'Office national des forêts (ONF) en collaboration avec l'Office français pour la biodiversité (OFB), cette réserve biologique représente un refuge exceptionnel où s'épanouissent de nombreuses espèces de faune et de flore.
Réserve biologique intégrale du Vercors
Avec sa surface de plus de 2000 hectares, elle est une des plus grandes de la France hexagonale et la plus importante en territoire de montagne. Découvrez l'histoire de cet espace forestier dans ce film de 25 minutes.
Les réserves biologiques dirigées du Champ du Feu et du Hochfeld
Ces deux réserves, consacrées à la conservation des milieux ouverts de montagne, ont été labellisées "Liste verte" par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Gouvernance et partenariats
Du niveau national jusqu'aux niveaux régional et local, des instances consultatives permettent à des partenaires variés d'être associés à la gestion des réserves biologiques : collectivités territoriales, associations de protection de la nature, scientifiques, usagers (randonneurs, chasseurs…).
Pour les naturalistes et scientifiques, les réserves biologiques sont un terrain d'études largement mis à disposition, moyennant contact préalable avec le service ONF gestionnaire.