Dans la vie d'un pépiniériste
En pépinière, notre mission principale est d'améliorer la génétique forestière en créant de nouvelles variétés, notamment grâce au croisement des plus beaux individus d’une même espèce. Notre spécialité : la création de vergers à graines, une technique permettant d’avoir des graines plus facilement et plus rapidement que ce que permet le cycle naturel de la forêt.
Concrètement, nous produisons nos graines et nous les stimulons pour leur permettre de germer. Pour cela, nous sélectionnons dans la nature des arbres dits "intéressants". Ils sont définis selon différents critères établis par les chercheurs : résistance au climat, patrimoine génétique particulier... Nous prélevons des greffons (branche ou bourgeon implanté sur une autre plante) sur ces spécimens que nous multiplions par la suite. C’est ce que l’on appelle de la "copie végétative".
Grâce à ces vergers, nous disposons d’une "banque historique génétique" qui nous permet de conserver et de sauver des essences. C’est essentiel, notamment au vu du bouleversement climatique que nous vivons. Pour favoriser l’adaptation des arbres au réchauffement des températures, nous testons également la capacité de résistance de certaines essences aux phénomènes de stress hydrique. On sait à quel point les épisodes de sécheresse conduisent au dépérissement de nombreux peuplements en France.
Au sein du pôle national des ressources génétiques forestières, nous testons les évolutions d’espèces face au manque d’eau, en fonction de leur provenance. Si une essence ne s’avère plus adaptée à sa région d’origine, nous engageons alors, aux côtés des équipes de recherche et des forestiers, la "migration assistée" pour l’implanter dans une zone qui lui convient.
2020, une année particulière
Tout notre travail s’étend sur plusieurs années et ne peut être interrompu, malgré la crise liée au Covid-19. L’élevage d’un plant dure en moyenne quatre ans, depuis la récolte de la graine jusqu’à sa plantation dans les vergers. Si l’on mettait la production en suspens, ce serait une catastrophe : nous pourrions ne pas avoir d’arbres améliorés génétiquement et ainsi capables, par exemple, de résister aux conditions climatiques dans une vingtaine d’années.
La période de crise sanitaire n'est pas évidente, mais confinement ou pas, nous travaillons avec du vivant ; il est difficile de stopper notre activité. Le travail des pépinières se déroule dans le réseau du pôle national des ressources génétiques forestières. En pleine pandémie, nous essayons tant bien que mal de maintenir nos objectifs.