France Relance a permis le renouvellement de 10 467 hectares en forêt domaniale, dépassant l’objectif assigné de 10 100 hectares d’interventions curatives sur peuplements détruits ou d’interventions anticipatrices préventives sur peuplements vulnérables, et la reconstitution de 4 679 hectares pour les forêts des collectivités. Lancé officiellement le 22 décembre 2020, le dispositif a conjugué la reconstitution de peuplements d’épicéas scolytés et l’adaptation de régénérations en place face au changement climatique.

En forêt domaniale, 520 forêts ont bénéficié du dispositif, majoritairement dans les régions Seine-Nord (25 % des surfaces), Grand Est (22 %), Centre-Ouest-Aquitaine (21 %) et Bourgogne-Franche-Comté (16 %).

Les plantations curatives représentent 55 % des surfaces renouvelées, dont 30 % ont été touchés par des dépérissements d’origine sanitaire et 25 % par des dépérissements d’origine abiotique (se dit d'un facteur lié au milieu, indépendant des êtres vivants) notamment climatique. Les 45 % de surface restante ont été enrichis au moyen de plantations anticipatrices préventives sur peuplements faiblement ou non dépérissants, diagnostiqués vulnérables aux effets des changements climatiques.

Les plantations en plein à plus de 1 200 plants par hectare, représentent un quart (26 %) des surfaces totales, les techniques d’enrichissement diffus (37 %) ou par placeaux (37 %) ayant été largement employés dans le dispositif.

La forêt domaniale a mobilisé plus de 8 millions de plants, avec un équilibre feuillus/résineux qui s’établit respectivement à 51 % et 49 %. 84 essences ont été utilisées dans un cadre d’installation classique ou dans des dispositifs de tests en gestion – tous deux encadrés par la réglementation MFR (Matériel forestier de reproduction).

Le recours aux essences à tempérament méditerranéen s’accroît, découlant directement des résultats des diagnostics climatiques et stationnels. Parmi ces 84 essences, 10 d'entre elles représentent 75 % d'arbres plantés. 36 % sont des chênes (dont 25 % de chêne sessile, le reste étant des chênes pédonculés, pubescents, verts et lièges). Les forestiers dénombrent en moyenne 1,95 essences sur les surfaces plantées de moins de 4 hectares, et 2,38 essences sur des surfaces supérieures à 4 hectares.

La disponibilité des ressources en graines des essences résilientes identifiées et la capacité à réaliser ces plantations dans le délai imparti sont les deux défis majeurs à relever pour mener à bien les actions de renouvellement, appelées à se poursuivre avec France 2030.

Développé entre 2021 et 2023, le projet Planté Lokal constitue un levier pour conserver les fonctionnalités écologiques des espaces forestiers soumis à des dégradations continues. Financé par le dispositif France Relance, le projet valorise la flore indigène dans les opérations de restauration et d’aménagement.

Cela se traduit par l’acquisition de références en matière d’ingénierie écologique et de botanique. 80 espèces locales, des itinéraires techniques et une meilleure maîtrise de production de plants forestiers ont été testés afin de réaliser les plantations qui, au total, s’étendent sur plus de neuf hectares. Ces plantations concernent des espaces forestiers protégés (réserve biologique dirigée du Nord Grande-Terre), des zones de déprise agricole et péri-urbaines, comme le parc archéologique de Ouatibi-tibi.

La technicité acquise sera mobilisée pour mener à bien d’autres projets de végétalisation dans le cadre de la politique nationale d’adaptation des forêts au changement climatique.

Le programme France 2030 a pris en 2023 le relais de France Relance. Il fait suite aux Assises de la Forêt et du Bois qui ont fixé l’objectif de renouveler 10 % de la surface forestière en dix ans.

Le programme, qui court jusqu’en 2028, prévoit de renouveler 5 000 hectares de forêt domaniale avec une enveloppe dédiée de 40 M€. La ventilation par région reste sensiblement la même. La nouveauté réside dans le souhait de favoriser la régénération naturelle accompagnée, celle qui vise à modifier le dosage des essences naturellement en place (1 000 hectares). Par ailleurs, l’accord-cadre insiste sur la nécessité de pratiques sylvicoles préservant le sol. Il préconise aussi une plus grande diversité des plantations.

Les agences travaux de l’ONF sont en première ligne pour assurer le renouvellement des forêts. En Lorraine et Champagne-Ardenne, les équipes ont choisi de miser sur les drones pour améliorer l’estimation initiale des projets et optimiser la réalisation des chantiers de plantation. En cinq minutes de vol, ces engins parviennent à photographier trois hectares de forêt. Puis, grâce à l’analyse des images fournies, les équipes déterminent les lignes de plants ou les placeaux sur la zone cartographiée. Les informations sont ensuite directement transmises aux GPS des engins forestiers pour la préparation des zones de plantation, offrant ainsi un gain de temps considérable pour l’organisation et la réalisation des chantiers.

Ces innovations techniques sont un marqueur fort de la volonté des équipes de l'ONF à trouver des solutions pour adapter les forêts au changement climatique.