©Alexandre Nachbauer

La protection de la biodiversité : une Mission d'intérêt général conduite par l'ONF dans toutes les forêts françaises

Depuis 2012, le ministère en charge de l'écologie a confié à l'ONF une mission d'intérêt général : celle de protéger la biodiversité en forêt. Décryptage dans cette interview avec Damien Bertrand, responsable national Biodiversité et Environnement au département Gestion durable et multifonctionnelle des forêts à l'ONF.

1/ Qu’est-ce que la mission d’intérêt général Biodiversité et Paysage confiée par l’Etat à l’ONF ?

Avant de répondre à cette question, il est important de redonner quelques éléments de contexte. La protection de la biodiversité fait partie des missions phares des forestiers de l'ONF depuis sa création en 1964, dictée par le cadre du régime forestier et de la gestion durable des forêts. Dans leurs actions courantes, ils interviennent déjà en conservant les milieux et espèces, préservant les sols et les cours d’eau… Plus spécifiquement, ils sont amenés à prendre en compte la nidification d’oiseaux, réaliser des suivis des grands prédateurs, conserver des arbres morts et des arbres à cavité essentiels à la survie d’une multitude d’insectes, etc. En 2012, la première Mission d’intérêt général (MIG) Biodiversité, confiée par l’Etat à l’ONF, est venue encadrer et renforcer ces actions en faveur de la biodiversité.

Jusqu’en 2020, le financement de la MIG s’élevait à 2,4 millions d’euros par an. Elle visait notamment à accompagner toutes les missions relatives aux réserves biologiques et à l’animation de Plans nationaux d’action (PNA) comme la protection d'espèces menacées telles que le sonneur à ventre jaune, le pélobate brun ou le crapaud vert.

Face à la prégnance des enjeux environnementaux et à la qualité des expertises et des actions de nos forestiers, ce soutien s’est depuis considérablement accru.

2/ Dans quelle proportion précisément ?

C’est significatif puisqu’en 2021, le ministère en charge de l'écologie a décidé de porter le montant de la MIG Biodiversité et Paysage à 10 millions d’euros. Cette année, il est à 15 millions et atteindra 17,5 millions d’euros en 2024.

Ce renforcement permet à l’ONF de mettre en place des actions qui s’inscrivent directement dans le cadre des stratégies portées par l’Etat. Les enveloppes les plus conséquentes accompagnent le développement des réserves biologiques et l'animation des plans nationaux d’actions dont je parlais tout à l'heure. 

Pour relever ces multiples défis, les forestiers peuvent être soutenus sur le terrain par leurs collègues naturalistes, organisés dans six réseaux spécialisés au niveau national. Ces derniers réalisent par exemple des inventaires sur les rapaces, les insectes, des inventaires de lichens ou de fonge, des suivis sur des espèces menacées (lynx, grand tetras…), des suivis floristiques ou d’habitats faisant des liens avec notre la gestion forestière et son contexte… De nombreuses facettes de la biodiversité sont prises en compte !

Dans les départements en outre-mer, les financements de l’Etat permettent de soutenir une biodiversité riche et précieuse, notamment en luttant par exemple contre les Espèces exotiques envahissantes (EEE) ou en protégeant les tortues marines, leur habitat et leurs lieux de ponte (plages) par des missions de surveillance et de restauration.

Tout récemment, la mission d'intérêt général Biodiversité et Paysage est venue apporter son soutien à un projet scientifique dont la vocation est reliée à la surveillance de la biodiversité. En effet, des fonds sont désormais aussi alloués à l’Observatoire photographique des paysages forestiers, l’un des projets lauréats du concours de l'ONF : Graines d’Innovation. Cette initiative se propose d’être le témoin des grands changements climatiques qui viennent bouleverser nos écosystèmes forestiers.

Aujourd’hui, grâce au travail remarquable conduit par nos forestiers et nos experts naturalistes, l’ONF est reconnu comme un acteur incontournable en matière de connaissances et de préservation de la biodiversité. A l’heure du réchauffement climatique et de la disparition massive d’habitats et d’espèces, poursuivre, et faire connaître au plus grand nombre notre mobilisation, est plus que jamais nécessaire pour préserver la richesse écologique de nos forêts »

3/ Comment connaître ensuite les résultats de chacune des actions menées en faveur de la biodiversité ?

 

Chaque projet réalisé sur le terrain donne lieu à un bilan dont les résultats font l’objet de rapports qui viennent alimenter une importante littérature scientifique.

Toutes ces productions contribuent à une meilleure connaissance de la biodiversité, à la découverte de nouvelles espèces (beaucoup au niveau mycologique et entomologique) ainsi qu’à une meilleure identification de l’expertise naturaliste de l’ONF dont une particularité très importante est de faire le lien entre connaissance et gestion.

Les études conduisent ainsi à des évolutions des pratiques forestières favorables à la biodiversité. Je pense notamment à la rédaction de guides de référence tels que le guide technique « Vieux bois et bois mort », le guide de la gestion des mares ou dernièrement le guide sur les Chiroptères et la gestion forestière.