L’ONF prépare l’avenir des forêts publiques

Depuis 2018, plus de 300 000 hectares de forêts publiques en France subissent des dépérissements importants et un taux de mortalité inédit. En cause : l’accélération du changement climatique à l’origine d’épisodes répétés de sécheresse et de crises sanitaires.

Scolytes, maladie des bandes rouges, chenilles processionnaires… De nombreuses épidémies menacent les essences forestières. Il est urgent d’agir. Malgré les incertitudes sur les choix à opérer, le pire serait de laisser faire. Dans le cadre de la rédaction de son futur plan stratégique, l’ONF vient de travailler sur une nouvelle stratégie de gestion qui trace les contours de la sylviculture de demain.

Avec la Fédération nationale des Communes forestières (FNCOFOR), les équipes de l'ONF sont pleinement mobilisées pour préparer l’avenir des forêts publiques et garantir leur résilience. Les enjeux sont de taille : dans les 50 prochaines années, des simulations montrent que les aires de compatibilité climatique des essences actuelles vont se rétracter d’au moins 60%, notamment pour celles qui pèsent 75 % de la couverture forestière domaniale. Autrement dit, 500 000 hectares de forêt devraient voir leur faciès actuel se modifier.

©ONF/Imageo

Aller vers une forêt mosaïque

Pour l’ONF, réussir l’adaptation des forêts au changement climatique passe par l’introduction d’un nouveau concept de sylviculture fondé sur le principe de "forêt mosaïque". L’objectif : renforcer la diversification des essences, à l’instar des expérimentations menées dans les îlots d’avenir, mais aussi adapter les modalités du renouvellement dans l’espace forestier.

"L’idée est d’avoir des petites unités en renouvellement constituées de régénération naturelle et de plantations de différentes essences testées et jugées prometteuses. Ces zones de régénération de la forêt seront au cœur d’une matrice d’arbres adultes et en interaction avec des secteurs maintenus en pleine naturalité, c’est-à-dire en libre évolution", poursuit Régine Touffait, secrétaire générale de la Direction forêts et risques naturels (DFRN) à l'ONF. Une gestion qui sera aussi plus douce pour le paysage forestier.

©ONF

Etablir un pacte sur la forêt avec la société

Les changements de pratiques sont importants. Si la vision de long terme reste essentielle, avec des plans de gestion établis pour une durée de l’ordre de 15 à 20 ans à l’échelle de chaque forêt gérée, des suivis et diagnostics devront également être très régulièrement menés pour vérifier et ré-orienter si nécessaire les choix opérés. Parce qu’elle est plus complexe, cette gestion forestière appelle aussi des moyens conséquents, ainsi que le rétablissement de l’équilibre forêt-gibier.

Sans un équilibre forêt-grand gibier restauré, il est illusoire d’ambitionner la réussite de notre stratégie de diversification et plus largement d’espérer la résilience des forêts.

Autre enjeu majeur : la mise en place d’un dialogue et d’un partenariat plus fort avec la société pour expliquer les choix de gestion, échanger et mieux partager les stratégies engagées. Les citoyens sont de plus en plus intéressés par les forêts et désireux de s’impliquer. Il devient impératif d'être à l’écoute de ces attentes et envisager, là aussi avec des moyens adaptés, des espaces d’animation et de médiation. Les bonnes pratiques de concertation actuellement menées dans les forêts d’Exception® pourraient notamment servir d’exemple et être étendues à d’autres massifs.

©ONF/Giada Connestari

Accroître la haute performance environnementale

Depuis la création de l’ONF, la gestion durable est au cœur des missions des forestiers. Production de bois dans le respect de l’accroissement naturel des forêts et de l’environnement, préservation de la biodiversité, réserves biologiques, îlots de vieillissement et de senescence, politique zéro phyto, encadrement des travaux forestiers, préservation des sols, certifications PEFC et FSC …

De nombreuses actions de haute performance environnementale sont déjà engagées, mais l’ONF ira encore plus loin, conformément aux engagements pris par le président de la République lors d’un conseil de défense écologique en 2019. L’objectif est d’augmenter la couverture d’espaces en protection forte en cherchant à sanctuariser 230.000 hectares de forêts laissées en libre évolution (50.000 dans l'Hexagone et 180.000 en outre-mer). A ce jour, 7 % de surface domaniale est classée en protection forte, au premier rang desquels on retrouve les 155.000 hectares des 257 réserves biologiques gérées par l’ONF.

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