Des cartes de vigilance relative pour estimer les risques de dépérissement forestier
Les cartes de vigilance relative, mises au point par le pôle Recherche, Développement et Innovation (RDI) de l'ONF à Avignon, permettent d'estimer le niveau de risque de dépérissement forestier induit par les sécheresses. Cet outil a été conçu pour aider les gestionnaires forestiers à organiser la surveillance sanitaire des forêts et à faire des choix en matière de gestion.
Qu'est-ce que le risque relatif? On ne connait pas le climat futur et il est impossible de savoir à quel moment des problèmes de dépérissements pourraient apparaître. En revanche, on considère que les zones déjà les moins favorables seront aussi les plus sèches quelles que soient l’ampleur et la vitesse de l’évolution climatique. On peut donc cartographier dès maintenant un niveau de risque relatif.
En d’autres termes, on ne sait pas quand des dépérissements pourraient se produire, mais, s’ils se produisent, on peut savoir où ils commenceraient à apparaître ».
La méthode mise au point par Philippe Dreyfus s’appuie sur cette hypothèse et sur deux types de données représentées sous forme de cartes :
- les cartes de bilan hydrique climatique, calculées à partir de données issues de la base Digitalis de l'unité de recherche UMR Silva à Nancy ;
- les cartes de topographie locale calculées par le pôle RDI Avignon, sur la base de cartes de relief de l'IGN.
Cartes des forêts publiques autour du lac de Serre-Ponçon (Hautes-Alpes)
Les données fournies par ces deux types de cartes permettent de calculer un niveau de vigilance sur un périmètre donné (région, département, petit massif, forêt, etc. en totalité ou pour les peuplements d’une espèce donnée) et de le visualiser sur une carte à l’aide d’un gradient de couleur : du vert, vigilance relative faible, au rouge, vigilance relative forte, comme sur la carte de vigilance stationnelle relative des forêts publiques autour du lac de Serre-Ponçon, ci-dessous.
Cependant, ces cartes ne permettent pas d’affirmer que les peuplements dans les parties rouges dépériront à court, moyen ou long terme, ni que ceux situés dans les parties vertes survivront à coup sûr. Elles indiquent uniquement "où d’abord" des dommages apparaîtront, dans le cas où la situation se détériore au point de provoquer des dépérissements.
Outre cette information climatique et topographique, les mesures d’adaptation doivent tenir compte d’éléments (cartographiques ou ponctuels) concernant la géologie, les sols, l’âge et le parcours sylvicole des peuplements, les facteurs sanitaires non liés à la sécheresse.
Un outil au service de la gestion forestière
Ces cartes de vigilance offrent la possibilité d’optimiser et de cibler les diagnostics sanitaires des peuplements. En effet, si l’état sanitaire des arbres lié à la sécheresse (directement, ou indirectement par l’action de ravageurs ou maladies) est bon même dans les conditions les moins favorables (teinte rouge sur la carte), il est probable qu’il sera encore meilleur dans les situations en vert. Il est possible alors d’alléger la surveillance. En revanche, si l’état sanitaire est déjà dégradé à un niveau du gradient, l’attention doit se porter davantage sur les situations moins favorables, pour détecter au plus tôt une dégradation progressive, un éventuel début de dépérissement. Ce suivi de l’état sanitaire des peuplements est réalisé en collaboration avec le département Santé des forêts (DSF), service du ministère de l'Agriculture et de l'alimentation, chargé des forêts.
Ces cartes de vigilance relative permettent également d’organiser la mise en place de mesures d’adaptation, de manière anticipée et graduée, sans attendre l’apparition de signaux de nature sanitaire : tests et transition vers d’autres essences-objectifs, structures et composition des peuplements, sylviculture susceptible d’améliorer temporairement la résistance (en réduisant les densités des arbres).
Partenaires du projet
Initié et mené par le pôle RDI d’Avignon, rattaché à l’ONF Midi-Méditerranée, ce travail a bénéficié de plusieurs soutiens :
- De mi-2016 à fin 2019, dans le cadre du projet européen CANOPEE "Changement climatique et adaptation des forêts pyrénéennes", cofinancé par l’Union européenne (programme Interreg POCTEFA), l’État français, la Région Occitanie, sous le pilotage du GEIE FORESPIR
- En 2019, dans le cadre la Convention entre la Région SUD-Provence-Alpes-Côte-d’Azur et l’ONF Midi-Méditerranée, action "Adaptation aux changements climatiques : cartes de vigilance et monitoring de l’état sanitaire".