Introduction du colloque
Allocution de l'ONF - La parole à Albert Maillet
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Allocution du ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation - La parole à Elisabeth Van de Maele
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Allocution du ministère de la Transition écologique et solidaire - La parole à Catherine Cumunel
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Allocution de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie - La parole à Laurence Galsomies
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Organisation et déroulement du colloque - La parole à Manuel Nicolas (ONF)
©ONFHistorique du monitoring forestier - La parole à Christian Barthod (CGEDD) et Guy Landmann (GIP ECOFOR)
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Les réseaux européens de suivi des forêts dits de niveau 1 et 2 et leurs déclinaisons françaises, le réseau systématique de suivi de la santé des forêts (16 x 16 km) et le réseau RENECOFOR, ont été mis en place respectivement en 1988/89 et en 1992. Ils sont toujours opérationnels 25/30 ans après. L'angoisse suscitée par l'éventualité d'un dépérissement forestier massif en Europe lié à la pollution atmosphérique ("pluies acides"), au plus fort au début des années 1980, était déjà largement relativisée dès 1985/86 grâce à la mise en place, dans plusieurs pays, de réseaux régionaux (tel le "réseau bleu" français de 1983-1988) ou nationaux (à mailles très variables). Il restait néanmoins à créer des réseaux représentatifs et comparables entre pays. La mise en place de ces deux réseaux "européens" doit beaucoup :
- à un accord gagnant-gagnant conclu entre le programme onusien de suivi des forêts européennes "PIC Forêts" (Programme international concerté sur l'évaluation et le suivi des effets de la pollution sur les forêts, créé en 1985 sous la Convention de la Commission économique pour l'Europe dans les Nations Unies (CEE-NU) (dite de Genève) sur la pollution transfrontière à longue-distance (1979)) piloté par l'Allemagne et la Commission européenne ;
- et à la dynamique créée par la première Conférence ministérielle sur la protection des forêts en Europe (MCPFE) (Strasbourg, 1990).
En France, Maurice Bonneau, alors responsable du programme de recherche DEFORPA (DÉpérissement des FORêts et Pollution Atmosphérique) était convaincu de l'intérêt d'un suivi continu des forêts, en articulation avec les démarches de recherche. Cela l'a amené à pousser à l'émergence du réseau de suivi intensif français (RENECOFOR) en même temps qu'il s'investissait dans des groupes de travail de la Commission européenne, où se confrontaient des approches nationales parfois relativement divergentes pour décliner les engagements politiques pris. La décision française de confier la gestion de ce dispositif à un opérateur public de gestion forestière (l'ONF) est singulière en Europe, mais constitue certainement un élément de son succès.
Le contexte a profondément changé en 25 ans :
- la thématique de la pollution atmosphérique reçoit moins d'attention que celles du changement climatique, du carbone, de la biodiversité, et des services écosystémiques ;
- Forest Europe (anciennement MCPFE) promeut un système d'indicateurs de gestion durable et milite désormais pour l'émergence d'une instance mondiale de gouvernance de la forêt, loin donc des préoccupations concrètes des premières conférences européennes ;
- la Commission européenne a arrêté tout soutien direct au suivi des forêts depuis 2006, et centre ses efforts sur des questions jugées à la fois plus stratégiques et plus sensibles (dispositifs FLEGT et REDD notamment) ;
- l'Agence européenne de l'environnement (AEE) voit ses prérogatives s'étendre progressivement, alors que le Centre commun de recherches de la Commission n'a jamais endossé pleinement, en matière de suivi continu des forêts, le rôle central qui lui semblait promis ;
- le domaine du suivi forestier environnemental s'est étoffé en France : (i) le potentiel de l'inventaire forestier dans le domaine de l'écologie a fortement augmenté, avec l'adoption d'un nouveau protocole d'inventaire, et le développement d'une communauté de recherche valorisant ses données, (ii) des site-ateliers de suivi (très) intensif se sont développés à partir de 1995 au sein des établissements de recherche, pour atteindre 18 sites (SOERE FORET).
Dans ce contexte très évolutif, la relative stabilité du programme PIC Forêts après 33 ans d'activités, est assez remarquable, et montre que la grande majorité des pays européens continue à trouver les approches de niveau 1 et 2 pertinentes, et à les financer. Mais on peut s'interroger sur la capacité de ce programme à porter des inflexions de fond, si elles devaient s'avérer nécessaires, ce qui est vraisemblable.
En 1990, la conférence ministérielle de Strasbourg listait, dans les considérants de la Résolution 1, un large ensemble d'enjeux (dans cet ordre) : la pollution atmosphérique, les incendies de forêts, le réchauffement du climat, les grands accidents climatiques, l'érosion des sols, les ravageurs et pathogènes, les dégâts de gibier, la sur- et sous-exploitation, et les interactions entre ces phénomènes. Trois ans plus tard, lors de la 2e conférence MCPFE, les Etats et l'UE se sont engagés « à évaluer, développer et coordonner les dispositifs de suivi pour qu'ils appréhendent mieux les variations spatiales à large échelle et les dynamiques d'altération pouvant résulter du changement climatique en forêt. ». Peut-être cette Résolution a-t-elle été prise un peu tôt, relativement à la connaissance sur le changement climatique, et clairement un peu tard dans la mesure où la mise en place du réseau de niveau 2 était déjà engagée.
25 ans après, le changement climatique constitue certainement un enjeu majeur des suivis continus en forêt, et il parait important d'analyser de manière approfondie ce que RENECOFOR pourrait apporter dans ce domaine au cours des 25 prochaines années. Les modalités potentielles sont certainement nombreuses. Le dispositif actuel, distribué presque sur toute la France, sur des stations qui évitent les extrêmes, et bénéficiant d'un régime sylvicole "standard", a un potentiel certain mais aussi des limites si on souhaite donner une forte priorité au changement climatique. Une focalisation de nouvelles placettes en conditions limites (en bordure de niches) et des régimes sylvicoles contrastés seraient des options à explorer. L'évolution pourrait se faire au fur et à mesure du renouvellement des placettes, avec, là aussi, une certaine latitude. Les complémentarités possibles avec les autres outils de suivi sont bien sûr à prendre en compte. Les leviers qui peuvent être actionnés au niveau européen sont incertains, mais il y a tout intérêt à stimuler cette réflexion au sein du PIC Forêts et à impliquer l'AEE.
Pour en savoir plus
Questionnements et enjeux actuels - La parole à Annemarie Bastrup-Birk (EEA)
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Les forêts couvrent une surface importante du territoire de l'Europe (plus de 40%). Ce sont des écosystèmes précieux qui fournissent de multiples services écosystémiques, liés aux domaines écologiques, économiques et sociaux (par exemple, la protection des sols contre l'érosion, la préservation de la biodiversité, la production du bois et des produits non-ligneux dont baies, champignons et liège). Les forêts sont sources d'emplois, particulièrement dans les zones rurales et occupent une place importante dans la culture européenne.
Les forêts font face à de nombreuses menaces telles que l'exploitation humaine intensive du territoire (urbanisation et infrastructure), les perturbations naturelles (maladies, sécheresse) et anthropiques (pollution atmosphérique, incendies). Les changements climatiques représentent un ultérieur défi pour les forêts européennes affectant leur distribution et leur croissance. Ces menaces font peser des incertitudes sur l'avenir des forêts et des services qu'elles rendent à la société. La protection des forêts est nécessaire pour améliorer, maintenir et restaurer leurs fonctions.
L'Union européenne (UE) ne dispose pas de politique forestière commune. Les implications de certaines politiques et initiatives européennes, pour la forêt et le secteur forestier, ont augmenté au cours de la dernière décennie. Les écosystèmes forestiers ont attiré l'attention dans la mise en œuvre de la Directive Habitats et d'autres lois de protection, telles que la Stratégie de biodiversité. La gestion, la conservation et l'utilisation durable des forêts sont des préoccupations essentielles pour les politiques communes, telles que par exemple la politique agricole commune (PAC), l'adaptation au changement climatique, la bio-économie et les politiques énergétiques. La mise en œuvre de plusieurs instruments politiques conduit souvent à des décisions fragmentées, basées sur différents intérêts sectoriels, chaque fois que de nouveaux objectifs évoluent en dehors du secteur forestier. Les conflits découlant des compromis entre la conservation de la biodiversité et l'extraction de la biomasse pour l'énergie en sont un exemple. Il y a un risque croissant que les forêts soient mal prises en compte dans les objectifs politiques de l'UE. Concilier ces différents enjeux présente un véritable défi pour la cohérence des nombreuses actions européennes ayant un impact sur les forêts de l'UE.
La stratégie des forêts de l'UE (2013) vise à compléter les politiques des Etats membres par des initiatives communautaires. La stratégie promeut une vision holistique et une forêt multifonctionnelle contribuant à la fois au développement rural, aux entreprises, à l'environnement, aux bioénergies et à la protection du climat, appuyée sur la recherche et le développement. Actuellement les pays membres contribuent à plusieurs rapports internationaux relatifs aux forêts. Le rôle de l'UE pourrait être de monitorer et rapporter sur l'état et le développement des forêts européennes, d'anticiper les tendances et les défis mondiaux et d'adopter un rôle de coordination. Le défi serait une intégration et une harmonisation de l'information forestière réduisant l'hétérogénéité des systèmes d'information forestière existants et améliorant les statistiques des paramètres clés (par exemple superficies, composition, stock de carbone). Les inventaires forestiers pourraient constituer la base prioritaire pour répondre avec souplesse à une grande partie des besoins d'information au niveau national, européen et global. Ceci permettrait une amélioration significative des rapports au niveau de l'UE (comme le rapport LULUCF à l'UNFCCC/KP). En outre, des parties prenantes comme le secteur privé forestier et les groupes environnementaux ont également des besoins spécifiques d'information forestière au niveau européen.