Création d’une forêt : suivi du projet de la forêt de Maubuisson

Ce projet d’aménagement forestier inédit et écologique de 1.350 hectares en Ile-de-France relie la Seine à l’Oise en pleine zone urbaine. Il se situe surtout sur un espace agricole longtemps fournisseur de céréales en région parisienne et sur des sols pollués par les épandages du siècle dernier. "Cette future forêt sera un véritable poumon vert pour le Val d’Oise et la Région Île-de-France", a déclaré Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France lundi 25 novembre 2019 lors de la cérémonie de plantation du premier arbre. Plus d'un million d'arbres seront ainsi plantés en 8 ans sous l'encadrement des équipes de l'ONF.

Préfecture de Paris et d'Île de France, agence de l'eau, région Île-de-France, département du Val d'Oise, mairie de Paris... les partenaires de l'opération étaient présents pour planter un premier érable de cette future forêt située à 25 kilomètres de Paris. "Cet aménagement majeur du territoire est le résultat d’une coopération exemplaire entre Paris, le Syndicat mixte d’aménagement de la Plaine de Pierrelaye-Bessancourt (SMAPP) et l’État. Ce projet améliore notre capacité de résistance au changement climatique en rendant à la nature des zones dégradées", a affirmé Anne Hidalgo, maire de Paris. Cette création de forêt a été initiée par le SMAPP en 2014.

L'objectif des partenaires est d'imaginer la forêt du XXIe siècle : une forêt durable, accueillante pour ses populations et résiliente face aux changements climatiques. "Ce projet a souvent été qualifié d’utopique. Grâce à la mobilisation des élus du territoire et de l’ensemble des partenaires qu’ils ont rassemblés, avec l’appui constant de l’État, cette première plantation concrétise un héritage magnifique pour les générations futures", a complété Michel Cadot, préfet de la région d'Île-de-France et préfet de Paris.

Cette future forêt est aussi labellisée "Grand Paris" depuis 2012. Ce label vise à faire connaître et valoriser des initiatives qui contribuent à l’identité, la visibilité et à l’architecture du Grand Paris. Elles doivent aussi contribuer à l’amélioration des conditions de vie des franciliens, dans les domaines économique, social, culturel et environnemental. Autrement dit, être un véritable levier d'attractivité et de développement du territoire.

L’Office national des forêts a remporté le contrat d’intérêt national lancé pour ce projet. Les équipes de l'ONF de l'agence Études et de l'agence Ile-de-France Ouest ont ainsi élaboré un plan de boisement et un aménagement forestier répondant aux enjeux du territoire : protection de la biodiversité, lutte contre la pollution atmosphérique et adaptation au changement climatique. 

"Pour définir cet aménagement, il a fallu composer avec des contraintes environnementales et sociétales. Ce territoire subit de nombreux dépôts sauvages, des occupations illégales et ses sols sont pollués. La forte pression urbaine de ce territoire renforce par ailleurs le besoin de transformer cette zone pour la rendre attractive", témoigne Eric Goulouzelle, directeur territorial Seine-Nord de l'ONF.

Afin de permettre à cette forêt d'être résistante dans un contexte de changement climatique, les équipes de l'ONF ont prévu un mode de plantation "en mélange". Seront introduites 30 essences forestières et 18 essences arbustives : chênes, tilleuls, érables, feuillus précieux…  

Pour assurer une forêt résiliente à son environnement qui s’adapte aux conditions locales d’implantations, l'ONF a procédé à la délimitation de 87 parcelles forestières. Chacune présentera une plantation de différents types d'essences, en fonction des types de sols, des interactions entre essences. La mise en place de haies brise-vent afin d'améliorer les conditions de croissance des parcelles les plus exposées sera également programmée.

Cette plantation symbolique du 25 novembre 2019 marque le début des premiers travaux. Ces derniers feront l’objet d'analyses des sols et d’aménagements définis par les spécialistes en faune et en flore de l’ONF (aménagistes, paysagistes, archéologues, botanistes, entomologistes…). Plusieurs étapes seront encore nécessaires pour la pleine réalisation du projet qui s’échelonnera sur plusieurs années.

• Le Syndicat interdépartemental de l’assainissement de l’agglomération parisienne
• La ville de Paris
• L’agence de l’eau Seine Normandie
• La société du Grand Paris
• La chambre d’agriculture de région Île-de-France
• La société d’aménagement foncier et d’établissement rural de l’Île-de-France
• L’agence des espaces verts
• L’Office National des Forêts

Plus de 900 prélèvements du sol ont été réalisés afin d’en préciser la qualité permettant de définir les essences à planter, adaptées au milieu. Alisier blanc, charme, cormier, églantier, érable plane, érable de Montpellier, merisier, tilleul, cèdre du Liban… Autant d’essences permettant de créer des milieux riches accueillant une grande biodiversité tout en étant adaptés aux défis climatiques futurs.

La première vague de plantation a eu lieu durant l’hiver 2019-2020. Près de 14 hectares ont été boisés. Ce qui a permis d’éprouver la résistance des premiers arbres dans cet environnement difficile. Un an après, un examen attentif a révélé le succès des premières plantations avec un taux de reprise moyen de 67%.
Certaines essences particulièrement robustes comme l’érable plane ou l'érable champêtre ont atteint des taux records de plus de 98%.

La deuxième vague de plantations, pour l’hiver 2020-2021, a couvert trois parcelles pour un total de 8,8 hectares et de 22 000 plants.

Ces deux premières phases de plantations ont permis aux forestiers de valider leurs choix. Au total, les travaux de boisement de la Plaine s’étaleront sur une dizaine d’années. Ces paysages évolueront et dans deux générations d'hommes, la plaine sera devenue forêt.

Le plan d’aménagement de reboisement prévoit également la restauration de milieux ouverts, bénéfiques à certaines espèces de faune et de flore qui seront présentes dans cette future forêt diversifiée.

Par ailleurs, le SMAPP, détenteur de 54% de la future forêt, effectue depuis 2 ans des travaux visant à nettoyer les parcelles qui accueilleront la future forêt. En effet, c’est plus de 13 000 tonnes de déchets évacués depuis 2019 dont 1 200 tonnes de déchets évacués lors de la dernière vague de ramassage d’août à octobre 2021.

Enfin, il est proposé que la ferme de la Haute Borne, située au cœur des anciennes parcelles agricoles, devienne un lieu d'accueil du public ayant une fonction mémorielle.

En 2022, quelques années après les premières plantations, le Comité syndical du SMAPP a choisi de renommer le projet et de trouver un nom à cette forêt en cours de création. De plaine de Pierrelaye, elle se nomme désormais « Forêt de Maubuisson ». En hommage au domaine fondé par Blanche de Castille en 1236. Pendant des siècles, le domaine de Maubuisson où s’est développé des activités de culture et de viticulture a été un véritable lien historique entre toutes les communes présentes autour de ce projet.

Une cérémonie a eu lieu mercredi 22 novembre 2023 pour lancer la 5ème campagne de plantation en présence de la Présidente du Conseil régional d’Île-de-France, Madame Valérie Pécresse, la Présidente du Conseil départemental du Val d’Oise, Madame Marie-Christine Cavecchi, du Sous-Préfet d’Argenteuil, Monsieur Cyril Alavoine.

Depuis la plantation du premier arbre en 2019, les forestiers ont réalisé des avancées significatives dans le projet de la forêt de Maubuisson. À ce jour, plus de 250 hectares de nouveaux boisements ont été plantés, représentant plus de 500 000 arbres. En parallèle, une partie des 350 hectares de forêt existante a été sécurisée pour permettre au public de se réapproprier ces lieux et d'en profiter pleinement.

Des études sont également en cours pour accompagner les 300 hectares de milieux ouverts, avec l'objectif de favoriser la biodiversité au cœur de ces espaces. Les forestiers et l'ONF et les équipes du SMAPP, ont déjà mis en œuvre certains aménagements pour soutenir les populations de rapaces, notamment le faucon crécerelle. Ces oiseaux jouent un rôle crucial en limitant la présence des campagnols, qui pourraient nuire à la bonne reprise des jeunes arbres.

À la fin de chaque saison de plantation, les forestiers suivent de près la reprise des jeunes arbres.

Les résultats sont très encourageants, avec des taux de reprise remarquables : plus de 90% de reprise en n+1, 78% en n+2 et 78% en n+5. Ces chiffres confortent les équipes de l'ONF dans le choix des essences avec la plantation d'une palette de 29 essences forestières et 18 essences arbustives adaptées au contexte de la plaine et aux enjeux climatiques actuels et futurs.

Le 25 novembre 2024, la sixième campagne de plantation de la forêt de Maubuisson a été lancée. Pour cet hiver 2024-2025, les forestiers prévoient de planter 60 nouveaux hectares de forêt.

À la fin de cette saison, ce seront donc plus de 310 hectares de forêt qui auront été créés, représentant plus de 50% de l'objectif total du projet.