L’ONF poursuit la restauration des mares en forêt de Sénart
Eléments remarquables des paysages forestiers, les mares forment des lieux de vie appréciés par une grande diversité d’espèces, tant végétales qu’animales. Jouant un rôle essentiel dans la préservation de la ressource en eau, elles servent à réguler les précipitations. C’est un service indispensable rendu aux régions urbanisées où les sols ne filtrent pas bien les eaux pluviales.
Contrairement aux idées reçues, les mares dans la forêt de Sénart doivent leur origine à l’homme, souvent témoins des activités passées notamment liées au pastoralisme. Elles hébergent une multitude d’espèces végétales et animales, depuis leurs berges humides jusqu’à leurs fonds vaseux. Comme le souligne Julien Simon, chef de projet biodiversité à l’ONF : "Les mares sont plus complexes qu’elles n’y paraissent. Si elles constituent une source de vie à tous les étages, plusieurs facteurs influencent leur richesse : température, exposition au soleil, profondeur de l’eau et qualité du sol. Leur équilibre en dépend."
Des milieux fragiles artificiellement maintenus en eau libre
Quand les feuilles mortes tombent dans les mares, elles se décomposent. Au fil du temps, sans entretien, la matière organique s'accumule finissant par combler ces milieux et faisant disparaître les espèces qui en dépendent. En Île-de-France, la disparition des libellules s’explique en grande partie par le déclin des zones humides.
C’est pour réduire ce phénomène que l’ONF engage un plan de sauvegarde des mares écologiquement intéressantes dans la forêt de Sénart. Le département de l’Essonne soutient cette action prévue dans le cadre de la charte forestière de Sénart. Cette ambition se traduit par la réalisation de suivis naturalistes et de travaux de génie-écologique. Depuis 2019, vingt mares ont fait l'objet d'une restauration.
En témoignent les travaux engagés cet automne, où quatre mares ont été entretenues dans les parcelles 42, 88, 132 et 200.
Sur celles-ci, il a fallu retirer la végétation envahissante sur les berges, couper quelques saules qui cachaient la lumière indispensable à la vie de ces écosystèmes. A certains endroits, les plans d’eau trop envasés nécessitaient un curage plus profond. De même que les branches amassées dans l’eau ont été enlevées. "L’enlèvement de la matière organique devenait nécessaire pour redonner vie à ces mares. En les maintenant volontairement en eau libre, la vie aquatique prospère à nouveau", précise Julien Simon.
Tous ces travaux ne se font pas au hasard. Bien au contraire, l’ONF suit précieusement les recommandations issues du plan de gestion des mares : document réalisé avec les naturalistes et scientifiques, qui recense et préconise les interventions favorables au maintien de ces milieux.
Des réservoirs de biodiversité riches mais exposés
Espace de transition entre la terre et l’eau, les mares créent les conditions propices au développement d’une grande diversité de formes de vie. Recouvertes en permanence ou par intermittence d’une couche d’eau stagnante, elles abritent une biodiversité singulière (libellules, amphibiens) puis accueillent temporairement de nombreuses autres espèces à certaines étapes cruciales de leur vie.
Les oiseaux s’y arrêtent lors de leurs migrations. Les libellules et les amphibiens (tritons, salamandres, grenouilles) les utilisent pour pondre. Sans oublier, les mammifères (chauves-souris, sangliers) qui viennent s’alimenter, boire et se déparasiter, ou encore les plantes rares qui trouvent les conditions favorables à leur croissance.
Des mares suivies attentivement par l'ONF
Sur les 3 200 hectares de la forêt de Sénart, on recense environ 850 mares. 30 d’entre elles représentent un intérêt écologique, historique, archéologique ou paysager. Elles font l’objet d’un suivi et d’une gestion conservatoire particulière de la part de l'ONF.
Sur chacune d’elles, le plan de gestion des mares de la forêt de Sénart établit un diagnostic approfondi (caractéristiques, nombre, habitats, espèces présentes, répartition spatiale, état de conservation...), analyse leurs enjeux écologiques et biologiques. Enfin, il préconise les actions concrètes favorables au maintien de ces milieux : mise en lumière, curage de la vase, profilage des berges, lutte contre la végétation envahissante...
En France, la totalité des amphibiens (grenouilles et tritons), environ la moitié des oiseaux et un peu moins d’un tiers des espèces végétales remarquables dépendent des zones humides. A grande échelle, ces milieux se raréfient raison pour laquelle il est important de les entretenir.