La Réunion, un patrimoine naturel exceptionnel à préserver
Malgré ses 3 millions d'années, La Réunion est une île très jeune en comparaison avec les continents ou la plupart des autres îles. Le volcanisme, toujours très actif, combiné aux phénomènes d'érosion ont créé un relief extrêmement accentué et des sols d'âges et de types très différents.
De plus, la présence de deux importants massifs montagneux au centre de l‘île, accompagnée de l'effet des alizés, fait que l'on compte plus de 100 micro-climats sur l'île !
La Réunion présente donc des conditions d'installation remarquables pour la faune et la flore.
De très nombreuses espèces, souvent uniques au monde
C'est d'abord par les airs et par les eaux que sont venus, petit à petit, les premiers éléments constitutifs d'une flore particulièrement originale. Au gré des courants marins, des cyclones et des migrations, les plantes et les animaux ont colonisé l'île depuis les régions voisines de l'océan Indien. Dans tous les milieux qu'elle offrait, des espèces se sont adaptées.
D'autres espèces ont été introduites par l'Homme et le temps faisant son œuvre, l'île s'est recouverte d'une végétation multiple, qui regorge de trésors botaniques.
Ainsi, près de 1 000 espèces de plantes, 30 espèces d'oiseaux, 5 espèces de chauves-souris, 6 espèces de reptiles - dont une tortue géante - et des centaines d'espèces d'insectes se sont progressivement installées. Isolées du reste du monde et devant s'adapter à des conditions particulières, des centaines d'entre elles ont évolué en espèces devenues uniques au monde, appelées les espèces endémiques.
Du littoral jusqu’au sommet de l’île, situé à 3 070 m d’altitude, on peut observer près de 900 espèces végétales indigènes, dont 250 sont endémiques strictes de La Réunion.
La flore emblématique de La Réunion
Espèces indigènes, endémiques et exotiques
- les espèces indigènes sont arrivées sur l'île par des moyens naturels, avant l'arrivée de l'Homme ;
- les espèces endémiques n’existent nulle part ailleurs dans le monde et se trouve dans un territoire limité (une île, un archipel, un massif montagneux) ;
- les espèces exotiques ont été introduites, volontairement ou non, par l’Homme.
Des milieux naturels très variés
On observe à La Réunion une très grande diversité de formations végétales. Celle-ci est due à la différence d'altitudes et de climats sur l'île. Les scientifiques ont ainsi dénombré 116 « habitats », qu’ils ont regroupé dans quatre grands types de milieux naturels : les forêts des régions chaudes et humides, les forêts des régions chaudes et sèches, les forêts de montagne et les landes de haute altitude.
Divers types de formations indigènes selon l'altitude
Forêt tropicale humide de basse et moyenne altitude (forêt de Bois de couleur des Bas) : grande hauteur des arbres, grande diversité biologique, épiphytisme très développé
Forêt tropicale sèche et semi-sèche : quasiment pas d'épiphytes à très basse altitude, peu de fougères, hétérophylie de la flore, forte sensibilité aux incendies
Forêt humide de montagne (forêt de Bois de couleur des hauts et forêt de Tamarins des Hauts) : abondance des mousses et épiphytes, abondance des fougères arborescentes, petits arbres
Fourrés et pelouses altimontains (végétation éricoïde de haute altitude ) : disparition des forêts, petites feuilles, feuilles imperméables, recouvertes de poils et appliquées sur la tige
Les milieux littoraux
Sur 207 km de côtes, le littoral réunionnais est étonnant de diversité. Des plages de sable blanc (corallien) ou noir (basaltique) s'étendent sur la côte Ouest et se parent de Filaos, au pied desquels rampent les longues tiges de Patates à Durand. On trouve aussi, dans l'Est de l'île, des plages de galets hostiles à l'implantation végétale. Dans le Sud-Est, les Vacoas et les pelouses littorales dominent les falaises basaltiques et les trottoirs rocheux battus par l'océan.
La savane et les forêts sèches
Sous le climat semi-aride de la côte sous-le-vent, les savanes herbeuses aux teintes fauves et les fourrés d'épineux occupent aujourd'hui de vastes étendues. Les vestiges de forêts semi-sèches subsistent sur les pentes encaissées des ravines, et abritent un grand nombre d'espèces rares et protégées (Bois de senteur blanc, Bois puant, Bois de chenille...)
Les forêts de Bois de couleurs des Bas
La forêt de Bois de couleurs des Bas a principalement été préservée dans le Sud Sauvage (Saint-Philippe) ainsi que dans l'Est à moyenne altitude. Cette forêt présente la richesse floristique la plus importante à La Réunion, avec plus de 40 espèces d'arbres dont le Petit et le Grand natte, le Bois de perroquet, le Bois de pomme rouge... Sous une dense canopée atteignant les 20 m de hauteur, on circule aisément dans le sous-bois dégagé où les épiphytes (fougères, mousses, orchidées) contribuent à créer la magie de cette forêt.
L'étage frais et humide de montagne, qui s'étend de 800/1 000 m à 1 600/2 000 m selon l'orientation des versants, accueille les fourrés et les forêts préservées de montagne.
La forêt de Bois de couleurs des Hauts, avec une végétation luxuriante et abondante, est une parfaite représentation des "forêts tropicales de montagne". Enveloppées de brumes fréquentes, ses arbres se couvrent généreusement de mousses, lichens, et autres plantes épiphytes. De la basse canopée (8-10 m), où se mêlent des arbres comme le Mapou, les Mahots, ou le Bois de tambour, émergent les nombreuses fougères arborescentes qui érigent leur parasol au-dessus des plus grands arbres.
Typiques de La Réunion, les forêts de Tamarins des Hauts s'étendent largement sur des zones planes et régulièrement soumises aux incendies. Dans ce type de formation pionnière qui évoluera à terme en forêt de bois de couleurs des Hauts, le Tamarin s'associe volontiers au bambou Calumet, au Brande vert ou aux bois de couleurs. Sensibles aux vents cycloniques, les Tamarins s'inclinent et revêtent un aspect sinueux, caractéristique de ces forêts lumineuses.
Sur les versants exposés aux pluies, les sols marécageux ont favorisé l'installation des fourrés à Vacoas des Hauts. Les racines échasses de ces Pandanus de montagne, entremêlées à d'autres végétaux, forment un fouillis inextricable et rendent ces milieux impénétrables.
Soumis aux conditions climatiques extrêmes des hautes altitudes, les forêts denses et vertes laissent progressivement la place aux paysages de landes rabougries.
A partir de 1 700 m, ces milieux s'étendent à perte de vue. Les fourrés éricoïdes, dominés par les brandes et les Ambavilles, changent de physionomie et deviennent plus épars avec l'altitude.
Au milieu de ces vastes étendues apparaissent parfois des bosquets de Petit Tamarin des hauts. Les pelouses altimontaines viennent aussi s'intercaler entre ces paysages de bruyères.
Sur les parties sommitales du Piton de la Fournaise, les espaces se dénudent et abritent une végétation discrète et rare.
Un espace préservé d'exception
Aujourd'hui, La Réunion demeure un espace préservé d'exception, avec plus de 35% de sa surface encore couverte par des forêts ou des formations végétales primaires. En comparaison, on en compte moins de 2% à Maurice ; pratiquement aucune à Rodrigues ; et à Madagascar, les forêts primaires encore présentes diminuent de façon très alarmante du fait de la déforestation pour l'agriculture et l'approvisionnement des villes en charbon de bois.
Forêt primaire, forêt secondaire
On dit qu’une forêt ou qu’un milieu naturel est primaire lorsqu’il n’a jamais été modifié par l’Homme. Leur destruction est irréversible.
A l’inverse, les forêts ou milieux secondaires se sont installés, spontanément ou non, après une action de l’Homme. Leur biodiversité est généralement plus faible que celles des forêts primaires.
Des menaces passées et actuelles
L'action de l'Homme dans le passé
L'installation de l'Homme au XVIIe siècle marque le recul des milieux primaires et la disparition de nombreuses espèces animales, pour assurer la survie des nouveaux arrivants.
La valorisation agricole (café, canne à sucre, géranium...) et l'urbanisation galopante (villes, routes...) ont entraîné un défrichement massif des forêts, principalement à basse altitude : les savanes à Lataniers (palmier) ont totalement disparu, et les forêts semi-sèches et de bois de couleurs des bas subsistent à l'état de reliques.
La chasse et l'exploitation excessive y ont également fait disparaître de nombreuses espèces, dont la moitié des espèces d'oiseaux (perroquet Mascarin par exemple) et la tortue géante de Bourbon.
Mieux protégées par le relief puis par la création d'un domaine forestier public, les forêts d'altitude ont été plus épargnées et les végétations n'y ont guère subi de transformations.
Des menaces qui persistent
Si ces grands défrichements appartiennent au passé, les incendies, le braconnage et les dégâts causés par les animaux divagants menacent encore gravement certaines forêts.
Une autre menace, silencieuse mais redoutable, plane sur les milieux naturels réunionnais, les espèces exotiques envahissantes. En effet, pour ses besoins ou par accident, l'homme a introduit sur l'île des milliers de nouvelles espèces. Une centaine d'entre elles se sont échappées des champs ou des jardins et ont commencé à envahir les milieux naturels, au détriment des espèces locales.
On compte plus d'une centaine de « pestes végétales » avérées à La Réunion.