Changement climatique : les unités conservatoires au secours des forêts
La forêt de Valbonne, dans le Gard, est depuis longtemps connue comme remarquable : pour son patrimoine historique, avec une ancienne chartreuse créée au XIIIe siècle, enclavée dans la forêt domaniale ; et pour son patrimoine naturel, avec en particulier une très originale hêtraie méridionale.
Cette situation géographique et écologique particulière de la hêtraie de Valbonne lui a valu la création d'une unité conservatoire de ressources génétiques in situ (UC) consacrée au Hêtre, dès 2009 (année de création des toutes premières UC), par arrêté du ministère de l'Agriculture.
Les unités conservatoires, des espaces protégés
Les unités conservatoires sont un type d'espace protégé (reconnu depuis 2016 par l'Union internationale pour la conservation de la nature - UICN) qui est consacré à la sauvegarde de cette composante particulière de la biodiversité qu'est la diversité génétique. Début 2023, il existe en France près de 110 unités conservatoires consacrées à une dizaine d'espèces d'arbres indigènes, dont le Hêtre. A elle-seule, cette essence dispose de 28 unités conservatoires à travers tout le pays, de la Bretagne aux Vosges et de la Picardie à la Provence.
A l'occasion du Forum des gestionnaires d'aires protégées organisé annuellement par l'Office français de la biodiversité (OFB), en 2023 sur le thème des espaces protégés face au changement climatique, l'Office national des forêts (ONF) a conduit en forêt domaniale de Valbonne une visite de l'unité conservatoire de Hêtre. Dans un contexte méditerranéen prononcé (la forêt alentour est dominée par le Chêne vert), le Hêtre s'est réfugié depuis la dernière glaciation dans des vallons où il a pu trouver des conditions relativement fraîches et humides. Le patrimoine génétique particulier qu'il a néanmoins dû différencier dans cette localité très méridionale fait du Hêtre de Valbonne une ressource pour aider les hêtraies du nord de la France à s'adapter à de futures contraintes climatiques. Ainsi, de petits hêtres issus de faines récoltées à Valbonne ont d'ores et déjà été l'objet d'une expérience de migration assistée en forêt domaniale de Verdun (Meuse), dans le cadre du projet Giono.
Forêt remarquable, Valbonne l'est aussi par d'autres aspects de son patrimoine naturel : diversité des essences et des habitats naturels (de la chênaie verte à la hêtraie en passant par les chênaies caducifoliées et les ripisylves), maturité élevée de certains peuplements, grande richesse en insectes saproxyliques (ceux qui se nourrissent du bois mort), en chiroptères (les chauves-souris), etc. C'est pourquoi l'ONF a lancé l'instruction d'un projet de réserve biologique appelé à venir compléter l'unité conservatoire pour la conservation de ces autres composantes du patrimoine forestier.