Réserve biologique intégrale des Maures
La réserve biologique intégrale des Maures se trouve au sud-ouest du massif montagneux et de la grande forêt domaniale des Maures, dans un secteur aux reliefs vigoureux et contrastés. Elle présente une végétation méditerranéenne typique et variée, depuis les maquis jusqu'aux forêts de Chêne liège ou de Chêne vert. La RBI des Maures est une des trois plus grandes de France métropolitaine et la plus grande en région méditerranéenne.
Le paysage et l'histoire du cœur de la réserve sont étroitement liés à la chartreuse de la Verne, à laquelle était associée jusque vers 1960 une activité pastorale. Mais dans l'ensemble, le relief accidenté a limité de longue date les interventions humaines à l’exploitation du pin maritime, du liège et du châtaignier dans les zones les plus accessibles de la forêt. En revanche, de vastes secteurs encaissés et préservés des exploitations comme des incendies ont permis à la forêt de mûrir jusqu'à atteindre un niveau élevé de naturalité.
La majeure partie de la RBI est intégrée dans la ZSC "Plaine et Massif des Maures" Elle est concernée par deux ZNIEFF de type 1, "Le Treps" et "Chartreuse de la Verne", incluses dans une ZNIEFF de type 2 concernant tout le massif.
Histoire
La forêt domaniale des Maures est issue d'une ancienne forêt ecclésiastique, confisquée à la Révolution. La chartreuse de la Verne, fondée en 1170 et dont la bâtiment a été reconstruit plusieurs fois, en est un témoignage. Agrandie grâce à plusieurs acquisitions, la forêt domaniale est passée de 6 000 à plus de 11 000 ha dans les années 1970 et 80.
Les réserve biologique intégrale des Maures a été créée à la suite d'une demande particulière de l'Etat à l'ONF, au début des années 2000, portant sur la création de trois grandes RBI de plus de 2 000 ha, en forêts de plaine, de montagne et méditerranéenne. En sont issues respectivement les RBI des forêts domaniales de Chizé, du Vercors et des Maures.
Géologie - Pédologie
La réserve repose sur des roches métamorphiques (schistes, micaschistes et gneiss) typiques du massif des Maures. Des affleurements de roches plutoniques (granites) sont visibles ça et là.
Les sols vont de sols minéraux bruts (lithosols) à des sols peu évolués sur pente forte (rankers) et à des sols brunifiés et relativement profonds en stations plus fraîches et fonds de vallons.
Milieux naturels
Trois étages bioclimatiques sont couverts par la réserve, grâce à un climat méditerranéen fortement influencé par les importantes variations d'altitude (de 80 à 650 m) et d'exposition.
Au sud du site et en situation d'adret, l’étage thermoméditerranéen présente des maquis à Nerprun alaterne, Myrte, Pistachier et Genévrier oxycèdre (CB : 32.131 - N2000 : 5210), des pelouses (34.511 - 6220), des milieux rocheux (62.2 - 8220) avec de beaux peuplement d’Euphorbe arborescente (32.22 - 5330), des maquis à Chêne vert et Chêne liège et des suberaies thermophiles (45.2 - 9330).
En situation moins chaude, à l'étage mésoméditerranéen, les habitats forestiers sont plus présents, avec une forte dynamique des yeuseraies (45.3 - 9340), qui présentent parfois des faciès riches en Houx (45.8 - 9380). On trouve aussi de belles pineraies de Pin maritime mésogéen (forme indigène) (42.82 - 9540) et des suberaies mésophiles (45.2 - 9330). Le réseau hydrographique est constitué de ruisselets et mares temporaires (22.34 - 3170).
Les habitats de l’étage supraméditerranéen se trouvent en situation confinée, en bas d'ubac ou en fond de vallon : châtaigneraies (41.9 - 9260) évoluant en chênaies pubescentes (41.71), vieilles yeuseraies à Houx, maquis haut et dense à Arbousier et Bruyère arborescente. En fond de vallons, on trouve d'originales ripisylves à Aulne glutineux et Osmonde royale (44.5 - 92A0) et des saulaies méditerranéennes (24.53 - 3280).
Flore
En plus de la flore variée, mais globalement commune, du maquis et de la forêt, la RBI des Maures abrite des espèces rares associées aux milieux les plus originaux. L'Euphorbe arborescente et la Doradille de Maranta (PR) sont présentes dans les zones rocheuses très sèches et chaudes. Des ruisseaux temporaires en situation chaude abritent la Spiranthe d’été (PN) et l’Isoète de Durieu (PN), tandis que les cours d’eau ombragés sont le refuge de la Laîche d’Hyères (PR) et de deux fougères atlantiques rares dans la région, l’Osmonde (PR) et le Polystic à frondes soyeuses (PR).
Faune
La faune présente un caractère méditerranéen bien marqué, avec un cortège d’espèces protégées présentes aussi bien dans les zones rocheuses qu'en maquis ou en forêt.
Les reptiles et amphibiens protégés sont nombreux : Couleuvre d'Esculape, Orvet, Couleuvre à échelons, Couleuvre de Montpellier, Rainette méridionale, Tarente de Maurétanie. Dans les fonds de vallons, on trouve la Cistude d'Europe (DH 2), tandis que la Couleuvre vipérine, la Grenouille agile et la Salamandre tachetée sont typiques des ruisseaux.
Crêtes, rochers et pentes plus ou moins boisées accueillent plusieurs espèces de rapaces : Circaète Jean-le-Blanc, Bondrée apivore et Aigle royal (tous trois DO1), Buse variable, Épervier, Autour des palombes. Le Pic noir (DO1) et la Sitelle torchepot sont présents dans les vieux peuplements forestiers, le Cincle plongeur et le Troglodyte mignon au niveau des vallons et cours d'eau.
Les chiroptères (tous protégés) sont principalement liés aux falaises et rochers d'adret, avec le Molosse de Cestoni, le Vespère de Savi, le Murin de Natterer. Mais on trouve aussi des espèces arboricoles comme la Noctule de Leisler ou le Vespertilion de Bechstein (DH 2), qui forment des populations remarquables pour la Provence.
Gestion
Aucune action de gestion forestière n’est menée au sein de la RBI, hormis la sécurisation de certains chemins et sentiers, notamment dans le secteur fréquenté de la chartreuse de la Verne.
En revanche, les actions de protection de la forêt contre les incendies restent une constante de la gestion, avec une particularité : le long des deux routes ou pistes DFCI majeures, certaines bandes débroussaillées de sécurité de grande largeur, formant des discontinuités importantes dans le couvert forestier, sont par conséquent considérées comme exclues de la réserve. Ceci leur permet d'être entretenues par pastoralisme alors que ce type d'activité est interdit dans la RBI proprement dite.
L'abondance des sangliers pèse sur le fonctionnement des écosystèmes, en l'absence de prédateurs naturels, et peut aussi constituer une menace notamment pour les cultures au voisinage de la forêt. La régulation de cette espèce par la chasse a donc été maintenue en tant que composante de la gestion de la RBI.
Enfin, dans un massif très fréquenté par le public, attiré par la forêt ou par la chartreuse de la Verne, l'information et la sensibilisation de ce public constituent une autre composante importante de la gestion de la RBI.