L’ONF plante plus de 200 000 arbres cet hiver dans les forêts domaniales d’Île-de-France

En Île-de-France, les forêts publiques gérées par l’Office national des forêts représentent 87 000 hectares, soit 8 % de la superficie de la région, faisant de l’ONF le premier gestionnaire d’espaces naturels de la région. Que ce soit en raison de saisons trop chaudes ou trop sèches, ou de la prolifération de maladies ou d’insectes ravageurs, de nombreux arbres dépérissent sur tout le territoire. Ces événements sont tous liés, directement ou indirectement, au changement climatique. Ils impliquent que les forestiers agissent et reconstituent les forêts atteintes.

La plantation, en complément de l’évolution naturelle

Châtaigniers qui meurent précocement à cause de la maladie de l’Encre - ©YN / ONF

En Île de-France, certaines essences sont victimes de maladies. Le châtaignier est l’essence la plus impactée, touchée par la maladie de l’Encre très présente dans les forêts de l’ouest de la région. La chalarose, un autre pathogène, décime les frênes. Faute de traitement contre ces maladies, ces essences meurent précocement. Ailleurs, c’est le manque d’eau qui se fait ressentir. Les pins sylvestres n’apprécient pas les sècheresses estivales prolongées. D’autres essences comme les hêtres, qui s’accommodent aussi très mal de la chaleur persistante, dépérissent et risquent à terme de voir leur surface s’amoindrir : les prévisions scientifiques indiquent que leur présence va diminuer dans les forêts franciliennes.

Il faut s’adapter à cette nouvelle donne. Dans la gestion courante, l’ONF privilégie en premier lieu la régénération naturelle, c’est-à-dire que la majorité du renouvellement des forêts se fait à partir des fruits issus des arbres présents qui poussent naturellement. Toutefois comme les évolutions climatiques s’accélèrent vite, certains arbres n’ont pas le temps de s’adapter, se régénèrent mal où subissent une mort précoce causée par des maladies et pathogènes.

Ces situations conduisent les forestiers à recourir aux plantations, avec l’objectif de diversifier et de planter des essences plus adaptées au climat futur.

Plus de 200 000 arbres plantés cet hiver

Jeune chêne une année après sa plantation en forêt - ©YN / ONF

La nouvelle campagne de plantation démarre dans les forêts domaniales d’Île-de-France. Durant l’hiver 2023-2024, les équipes de l’ONF mettront en terre plus de 200 000 arbres répartis dans 25 forêts.
La majorité des arbres plantés par l’ONF en Île-de-France provient de sa propre pépinière située en Normandie, à moins de 200 kilomètres.
Au total, plus d’une douzaine d’essences différentes seront plantées, en majorité des feuillus à l’image des chênes. Aux côtés du chêne sessile qui reste majoritaire, le chêne pubescent et le chêne tauzin réputés plus résistants au stress hydrique sont implantés également.

Essence emblématique du patrimoine forestier français, le chêne est un des arbres dont le bois est le plus demandé par les particuliers pour l’ameublement et la décoration (parquet, par exemple).


Pour accompagner ces chênes, l’ONF prévoit de planter également des résineux, essentiellement des pins maritimes et laricio, que l’on trouve dans le sud de la France. A cela s’ajoutent plusieurs autres essences feuillues (alisier torminal, pommier, poirier, alisier blanc, cormier, noyer, bouleau), dont la présence introduira de la richesse et de la diversité.

©Guillaume Larrière / ONF

Aujourd’hui, nous favorisons la diversité des essences. Une manière de ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier. Si une nouvelle maladie ou un insecte ravageur devait s’abattre
sur telle essence, une autre sera présente pour prendre sa place.
Cela aidera à enrichir la diversité biologique des forêts.

Claire Nowak, responsable du service forêt de l'agence Île-de-France Ouest

Le choix des essences à planter n’est pas le fruit du hasard

Toutes les essences qui sont plantées par l’ONF sont choisies sur la base d’un diagnostic poussé et d’une réglementation stricte : on ne plante pas ce que l’on veut.

Sensibilité du sol au tassement ou à l’érosion, réserve en eau, contraintes et potentialités pour les essences, adaptation aux évolutions des températures… autant d’éléments que les forestiers analysent pour choisir les espèces d’arbres à planter.

Donner à ces plantations toutes les chances pour qu’elles durent

Dès leurs premières années de vie en forêt, divers éléments influent positivement ou négativement sur la survie des arbres plantés :

  • conditions météorologiques (températures, pluviométrie) ;
  • aléas biotiques (insectes, champignons, bactéries, grands mammifères) ;
  • ou encore activités humaines (préparation du sol et des plants).

Les forestiers interviennent différemment en fonction des contextes.

Plantations individuelles, en placeaux (petites zones fermées par des filets) ou en plein (grands espaces clôturés) sur des grandes zones lorsque les peuplements sont très endommagés, l’ONF s’appuie sur différents scénarios techniques.

Une campagne de plantation se prépare plusieurs mois à l’avance. Un soin particulier est ensuite accordé aux jeunes pousses et différentes interventions seront nécessaires au début de leur vie.

Le défi est de protéger la forêt face au changement climatique pour qu’elle puisse continuer à remplir ses nombreux rôles. Une des clés pour y parvenir sera d’avoir des forêts mélangées dans lesquelles les arbres d’âges, d’essences et de tailles variés cohabiteront. Le maintien de zones à fort intérêt écologique contribuera également à favoriser leur résilience.

Matthieu Augéry, responsable du service forêt à l’agence Île-de-France Est

Les plantations d’arbres, un parcours semé d’embûches

 

1 - Réceptionner les plants
Les plants doivent respecter un cahier des charges précis : région de provenance, taille, formes des racines et de la tige… Vérifier leur qualité lors de leur réception est essentielle. Avant leur mise en terre, les forestiers inspectent minutieusement chaque lot. Une fois le contrôle effectué, les plants sont triés puis « mis en jauge ». C’est-à-dire stockés provisoirement dans la terre, en attendant qu’ils rejoignent leur petit bout de forêt. Cela les protège aussi contre les effets du gel qui détruirait leurs racines.
2 - Préparer le sol
L’automne avant chaque plantation, les forestiers effectuent des travaux préparatoires dans les parcelles prévues pour recevoir les jeunes arbres. Etude de la qualité du sol, broyage de la végétation gênante (ronces, fougères, rejets…), sous-solage réalisé avec un engin équipé de dents pour décompacter le sol et l’aérer… Ces différentes actions aident les racines des jeunes arbres à s’installer plus facilement dans la terre.
3 - Aider les jeunes arbres à pousser
Durant leurs premières années de vie, les jeunes arbres subissent une rude concurrence de la part de la végétation qui pousse plus vite et les empêche de grandir. Pendant 15 ou 20 ans, les forestiers interviennent régulièrement en effectuant des travaux sylvicoles de débroussaillement sélectif pour favoriser leur croissance.
4 - Les protéger pour qu'ils survivent
Les jeunes plants mis en terre sont la proie de l’appétit des chevreuils, des cerfs et des
biches. Pour les protéger, l’ONF installe le plus souvent des protections individuelles (tubes) ou collectives (grillages ou filets, clôtures). Ces protections sont retirées plusieurs années après la plantation lorsque les jeunes arbres ne craignent plus d’être consommés par ces animaux.

Un an après, ça donne quoi ?

Forêt de Montmorency - reprise des plants après 2 ans de plantation - ©YN / ONF

Chaque année, entre la fin du mois d’août et la fin octobre, les forestiers parcourent les plantations mises en terre les hivers précédents pour s’assurer que les arbres poussent bien. Pendant ces passages, ils déterminent leur vitalité ce qui permet ensuite d’éprouver les choix des essences forestières sélectionnées (variété d’arbre) mises en place en fonction des caractéristiques des sols, des techniques de plantation déployées par les forestiers, et ainsi déterminer les besoins de regarnis (des plantations complémentaires dans les zones où les premières plantations auraient échoué).

85% des arbres plantés durant l’hiver 2022-2023 toujours vivants

Après analyse des diagnostics de terrain, le taux de reprise moyen des plantations réalisées par l’ONF, durant l’hiver 2022-2023, dans les forêts domaniales d’Île-de-France montre des résultats encourageants. Aujourd’hui, 85% des 210 000 arbres plantés lors de cette campagne vivent toujours, malgré un été particulièrement sec.