Réserve biologique dirigée de la Maillouèyre
La RBD de la Maillouèyre se trouve sur le littoral aquitain, à cinq kilomètres à l'ouest de Mimizan et en bordure sud de la station balnéaire de Mimizan-Plage.
La réserve est presque entièrement incluse dans la ZSC "Dunes modernes du littoral landais de Mimizan Plage au Vieux Boucau", centrée sur le même site. Elle inclut la ZNIEFF de type 1 "Étangs de la Maillouèyre et zone humide de l’arrière-dune" et fait partie de la ZNIEFF de type 2 "Dunes modernes du littoral landais de Pineau à Contis-les-Bains". Elle est également concernée par le vaste site de l'inventaire national du patrimoine géologique (INPG) "Système dunaire littoral des Landes".
Histoire
La forêt domaniale de Mimizan trouve son origine dans les actions de boisement des dunes mobiles réalisés à l’initiative de l’État au XIXe siècle pour protéger les villages et cultures en arrière du littoral aquitain. Ces travaux, réalisés principalement entre 1846 et 1880, ont consisté en semis d’un mélange de graines de Pin maritime et d’espèces buissonnantes (Genêt, Ajonc) ou herbacées (Oyat), sur couverture de branchages. Seule la partie orientale de la future réserve, actuellement encore boisée, a été concernée. A cette époque, la gestion du site a également eu pour objet de maîtriser les crues du courant de Mimizan qui se jette maintenant dans l'océan à un kilomètre au nord de la réserve.
Au sein de la grande forêt domaniale de Mimizan, la RBD de la Maillouèyre a été créée en 2014 sur le site naturel les plus remarquable de la forêt, centré sur les étangs et marais arrière-littoraux. Ces zones humides constituant une importante étape pour les oiseux migrateurs, le site avait d'abord été protégé par une réserve de chasse dès 1979.
Géologie et géomorphologie - Pédologie
La formation des systèmes dunaires littoraux d’Aquitaine correspond à diverses phases climatiques de la fin de l’Holocène, avec deux principales périodes climatiques relativement froides au cours desquelles l’activité éolienne s’est intensifiée :
- la "période sombre médiévale", entre les années 500 et 1000 de notre ère, pour les vieilles dunes (n° 2 sur la figure ci-dessous) de type parabolique (forme en croissant avec les pointes dirigées sous le vent, vers l'est) ; cet ensemble s’est boisé naturellement au cours de la "période chaude médiévale" des années 1000-1500 ;
- le "petit âge glaciaire" des années 1500-1800 pour les dunes dites "modernes" (n° 3), de forme dominante barkhanoïde (en croissant avec les pointes dirigées vers l'ouest).
La Maillouèyre se trouve dans la partie la plus littorale de ce complexe, dans laquelle on rencontre des dunes dont la mobilité est encore postérieure à celle des dunes "modernes". Il s’agit principalement :
- de dunes paraboliques dites sub-actuelles (n° 4) ;
- du cordon de dunes bordières, profondément influencé par les actions anthropiques des deux siècles passés (n° 5).
La présence de milieux humides en arrière du cordon dunaire littoral s'explique par celle d'une nappe d'eau marine s'étendant à l'intérieur des terres, au niveau de la mer, et qui constitue un plancher empêchant l'infiltration des eaux de pluie.
Les sols de la réserve vont du sable brut de la dune blanche jusqu'à des sols plus évolués et plus riches en matière organique (mais toujours très sableux) sous la forêt, et de sols extrêmement filtrants et secs jusqu'à des sols mouilleux dans les dépressions en arrière du cordon dunaire.
Milieux naturels
Centrée sur les étangs de la Maillouèyre, la RBD s'étend de l’estran jusqu'à la pinède de Pin maritime. Le long de ce transect, on trouve sur une surface restreinte une mosaïque très diversifiée d’habitats dunaires et arrière-dunaires, xérophiles à humides voire aquatiques, qui fait la richesse de la réserve.
Ainsi, du rivage à l'intérieur des terres se succèdent 8 grand types d'habitats d'intérêt communautaire dont 2 prioritaires (*), avec :
- hauts de plage et laisses de mer (CB : 14 et 17.2, N2000 : 1140 et 1210)
- cordon dunaire littoral :
- dune mobile embryonnaire (16.211 - 2110)
- dune blanche et dune semi-fixée à Oyat (16.212 - 2120)
- dune grise et pelouse arrière-dunaire (16.22 - 2130*)
- dune interne à Bruyère cendrée (16.24 - 2150*)
- milieux humides arrière-dunaires :
- saulaie arbustive à Saule des dunes (16.26 - 2170)
- aulnaie-saulaie marécageuse et chênaie pédonculée (16.29 x 44.9 ou 41.51 - 2180)
- pineraie sèche à Pin maritime (16.29 x 42.8 - 2180)
- étangs :
- végétation amphibie (22.11 x 22.31 - 3110)
- végétation aquatique (3150)
Les étangs arrière-dunaires constituent l'originalité majeure du site. Ce sont d'ailleurs eux qui ont été déterminants pour la création de la réserve, à la fois pour leur intérêt intrinsèque et pour leur intérêt pour la faune, en particulier les oiseaux. Un autre intérêt est la dynamique naturelle, éolienne notamment, qui est source de changements au sein de la mosaïque de milieux.
Flore et fonge
La RBD de la Maillouèyre présente un riche cortège floristique, à la hauteur de la grande diversité des habitats naturels. Au moins 187 espèces de plantes à fleurs et de fougères ont été inventoriéees.
Parmi elles :
- 5 espèces protégées au niveau national (PN) : Astragale de Bayonne, Diotis maritime, Épervière des dunes, Linaire a feuille de thym, Œillet de France ;
- 5 espèce protégées au niveau régional (PR) : Lis des sables, Lotier grêle, Pourpier de mer, Romulée à bulbes, Silène de Porto.
325 espèces de champignons ont été inventoriées, dont 27 considérées comme patrimoniales, dans tous les milieux de la réserve : en particulier la pineraie et la forêt marécageuse, mais aussi la dune blanche et la dune grise.
Faune
Dans l’état actuel des connaissances, le site de la Maillouèyre héberge au moins :
- 15 espèces d'odonates ;
- 16 espèce de papillons de jour dont le Cuivré des marais (PN, DH2 et 4) et l'Azuré de l'Adragant ;
- 14 espèces de coléoptères saproxyliques remarquables (état très partiel), attestant l'intérêt des boisements qui n'étaient pourtant pas considérés comme valeur principale d'une telle RBD ;
- des dunes aux étangs, 5 espèces d’amphibiens et 7 de reptiles, toutes protégées, dont le Lézard ocellé, la Vipère aspic de Zinniker et la Cistude d'Europe ;
- 113 espèces d’oiseaux, nicheuses, de passage ou hivernantes ; parmi les espèces inscrites à l'annexe 1 de la directive Oiseaux :
- nicheuses avérées (sur un total de 66) : l'Alouette lulu, l'Engoulevent d'Europe, la Fauvette pitchou, le Martin pêcheur, le Pipit rousseline ;
- nicheuses possibles : l'Aigrette garzette, le Busard des roseaux, la Gorgebleue à miroir, le Héron pourpré, la Pie-grièche écorcheur ;
- de passage : le Busard Saint-Martin, l'Echasse blanche, le Fuligule nyroca, la Grande aigrette, le Guillemot de Troïl, l'Ibis falcinelle, le Milan noir, l'Océanite tempête, la Spatule blanche, la Sterne caugek ;
- 25 espèces de mammifères dont 12 de chiroptères (tous protégés), avec en particulier le Murin à oreilles échancrées et le Murin de Bechstein (DH2) ainsi qu'une autre espèce remarquable : la Grande noctule.
Gestion
La RBD de la Maillouèyre étant située dans un secteur très fréquenté, les actions d'accueil et de sensibilisation du public constituent une part importante de la gestion de la réserve. Un sentier de découverte a été aménagé, avec un observatoire. Pour une découverte autonome du site par le public, un "atlas" de la réserve et de ses richesses a été édité. Des visites guidées sont organisées notamment lors d'événements tels que la Journée mondiale des zones humides.
L'ONF assure la surveillance du site (notamment sous forme de patrouilles équestres) pour informer le public sur la réserve, ses richesses, sa fragilité et son règlement : obligation de rester sur les sentiers balisés et de tenir les chiens en laisse, interdiction de nourrir les canards pour ne pas déséquilibrer la faune et polluer les étangs...
Des milieux ouverts (pelouses) ont été restaurés par élimination de ligneux (débroussaillement, arrachage) puis entretenus par pâturage et fauchage.
Une garenne a été créée au sud de la réserve pour favoriser la présence du lapin et donc augmenter le nombre de gîtes pour le Lézard ocellé qui se sert des mêmes terriers.
La réserve est menacées par plusieurs espèces exotiques envahissantes :
- animales : Ragondin et Perche soleil dans les étangs... ;
- végétales : Jussie dans les étangs, Baccharis dans les milieux humides... Ces espèces sont combattues par arrachage (manuel ou mécanique) puis évacuation des déchets en dehors de la réserve.
De nombreuses études ont été réalisées par les réseaux naturalistes de l'ONF ou des partenaires tels que le Conservatoire botanique national sud-atlantique (CBNSA), la Société mycologique et botanique landaise (SOMYLA).