« Un jeune, un arbre » : retour sur les premières plantations par des collégiens en Auvergne-Rhône-Alpes

Dans le cadre du programme « un jeune, un arbre » des collégiens sont venus en forêt ce printemps pour planter des arbres, accompagnés par l’Office national des forêts. Nous allons ici mettre en lumière trois de ces animations, qui ont mobilisé près de 200 jeunes « apprentis forestiers », aux quatre coins de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Le programme « un jeune, un arbre » et le rôle de l’ONF

Le programme « un jeune, un arbre », initié par le président de la République vise à ce que chaque collégien puisse planter un arbre et contribuer ainsi au renouvellement de la forêt française touchée par le réchauffement climatique.

En effet, depuis 2018 ce sont plus de 300 000 hectares de forêts publiques en France qui connaissent un taux de mortalité inédit, soit l’équivalent de 30 fois la superficie de Paris et le mouvement se poursuit. D’ici 50 ans, la moitié de la forêt française pourrait changer de visage.

C’est dans ce contexte que les forestiers accueillent dans toute la France des classes de collégiens. En Ardèche, en Isère et dans l’Ain, les jeunes se sont montrés curieux, très investis, et les forestiers heureux de transmettre leur expérience.

 

©Laurent Golliard / ONF

En Ardèche, dans la forêt communale de Salavas, quatre classes de collégiens autour d’une essence reine : le pin de Salzmann

C’est l’Ardèche du Sud qui a inauguré le programme dans la région Auvergne-Rhône-Alpes le 15 mars 2024. Pour cette plantation, l’ONF a accueilli 4 classes d’élèves de 6ème, venant de deux collèges du Gard. La plantation a été financée par le mécène l’Occitane (enseigne de produits de beauté naturels et de cosmétiques biologiques).

Une parcelle touchée par le changement climatique

La parcelle peuplée initialement en grande majorité de Pins maritimes (originaires de Corse), voit ses arbres dépérir à cause de la maladie de la cochenille. Affaiblis, les arbres deviennent plus sensibles aux insectes ravageurs, qui entraînent la mort de nombreux individus. 

Pour remplacer ces arbres dépérissants, ce sont donc 1 200 plants de Pin de Salzmann, sur une superficie de 1,3 hectare, qui ont été introduits par de véritables forestiers en herbe. 

Le Pin de Salzmann, une espèce emblématique des Cévennes ardéchoises

Le Pin de Salzmann est le seul pin noir autochtone en France métropolitaine. C’est une espèce ancienne, d’une grande longévité, adaptée au réchauffement climatique. C’est également une espèce rustique, peu sensible aux maladies et parasites.  

Ces plants mis en place par les collégiens seront ensuite surveillés par les agents de l’ONF. En effet, une mesure du taux de reprise sera faite à l’automne 2024.

 

Aux côtés de ces Pins de Salzmann, plusieurs essences de feuillus vont pouvoir se développer par régénération naturelle, comme le Chêne pubescent, le Cormier, l’Alisier torminal ou encore l’Orme champêtre, déjà présents sur cette parcelle et sa voisine.  

Les premiers arbres pourront être utilisés dans 60 à 80 ans pour du bois d’œuvre, du bois énergie, ou de la charpente.

 

©16PROD-ONF -®PierreGouineau

À Villard-de-Lans, en Isère, une plantation festive dans le cadre de la Journée internationale des forêts

Jeudi 21 mars est traditionnellement la Journée internationale des forêts. C’était également l’occasion cette année d’organiser en Isère une journée de plantation dans le cadre du programme « un jeune, un arbre ». Ainsi, les équipes de l'ONF ont accueilli une classe de 5ème de 27 élèves de la Cité Scolaire Jean Prévost de Villard-de-Lans. La plantation s’est déroulée dans le bois du Frier en forêt communale de Villard-de-Lans, chère au cœur de ces élèves car il borde leur collège.

L’Épicéa, une essence en difficulté face au changement climatique

La parcelle composée d’Épicéas, de Hêtres et de Sapins, souffre depuis 5 ans du réchauffement climatique. En réalité, ce sont les Épicéas qui souffrent le plus, à cause des attaques de scolytes. Chaque année, des épicéas secs sont récoltés dans le secteur le plus exposé au sud de la parcelle. On observe donc de plus en plus de trouées non boisées dans la forêt.  

Pour donner un nouveau souffle à cette forêt, les élèves ont planté une trentaine de Cèdres de l’Atlas, plus résistant au changement climatique que l’Épicéa. Cette plantation s’inscrit dans la volonté d’introduire une nouvelle essence  afin de maintenir et compléter le mélange avec d’autres essences locales comme le Pin sylvestre et le Hêtre.

 

Au plus près de « leur forêt », des jeunes mieux informés

Avant la plantation, Manuel Rapp, technicien forestier, a expliqué aux élèves les problématiques de la forêt et les enjeux de la plantation. Outre le bénéfice de la plantation pour aider à renouveler la forêt, le programme « un jeune, un arbre » a des vertus pédagogiques : il permet d’informer les participants sur le sujet forêt/bois.

 

©ONF

Dans l’Ain, fortement touché par les dépérissements, 70 Douglas ont été plantés

Pour cette troisième plantation, nous nous rendons dans l’Ain, plus précisément dans la commune de Giron où l’ONF a accueilli, le 11 avril, 45 élèves de 6ème du collège Jean Rostand (Arbent).

Que se passe-t-il sur cette parcelle ?

La parcelle, peuplée majoritairement de Sapins pectinés et d’Épicéas, mais également de Hêtres et d’Érables sycomore subit des dépérissements importants du fait de la sécheresse et des attaques de scolytes.

Les forêts du département de l'Ain sont particulièrement touchées par les effets du changement climatique. Dans le secteur du Haut Bugey, des dépérissements en masse sont observés depuis 2017.

Planter pour favoriser la régénération de la forêt                                       

Les élèves, bien décidés à contribuer au renouvellement de cette forêt, ont planté 70 Douglas, sur une surface d’un demi-hectare. Cette essence possède une meilleure résistance face à la sécheresse que l’Épicéa, et son écorce plus épaisse le rend moins sensible aux attaques d’insectes.

Le Douglas pourra aussi continuer d’approvisionner en bois les générations futures, mais pas avant 60 à 70 ans, voire plus ! En participant à des plantations, les élèves prennent conscience du temps que met une forêt à se régénérer. Prendre soin de la forêt aujourd’hui, c’est prendre soin des prochaines générations, comme leur a expliqué Paul Béréziat, technicien forestier : « Les arbres que vous allez planter seront peut-être récoltés par vos petits-enfants ».

La plantation fera l’objet d’un suivi permettant d’évaluer son état et lui donner toutes les conditions pour bien se développer. « Il va falloir entretenir cette plantation régulièrement pendant les années à venir pour que les plants aient toujours la tête au soleil » a précisé Paul Béréziat.

Quant aux feuillus présents sur la parcelle, ils seront préservés lors des martelages afin de favoriser la diversité de la forêt mais également de maintenir l'ombrage et la fraîcheur apportés par le couvert forestier.

L’ONF et la commune main dans la main pour maintenir toutes les fonctions de la forêt

L’enjeu de cette plantation est important pour la commune de Giron : Florian Moine, le maire, explique que « les recettes issues de la forêt sont très importantes pour la commune de Giron. Elles nous permettent de réinvestir dans des travaux forestiers, d’entretenir les routes mais aussi de monter des projets ouverts au public comme l’implantation d’un parc ludique ».

Au-delà de l’enjeu économique, Sarah Griessmayer-Gravier, technicienne forestière sur le secteur rappelle que « le forestier doit concilier tous les rôles de la forêt : la production de bois, mais aussi l’écologie et les activités de loisirs. »

 

©16PROD-ONF-®PierreGouineau

Quel rôle joue l’ONF dans ces plantations « un jeune, un arbre » ?

Pour mener à bien cette vaste opération, les équipes de l’ONF assurent auprès des collégiens l’encadrement des différentes étapes nécessaires au bon déroulement de ces plantations. Parmi ces étapes, la préparation du sol est importante pour que les collégiens puissent planter dans de bonnes conditions, avec de meilleures chances de reprise et de bonne santé des plants.

En Ardèche, le sol a d’abord été préparé par les agents de l’ONF : un engin a coupé les branches et broyé toutes les souches hautes. Un scarificateur réversible a ensuite retourné le sol, tout en lui permettant de conserver toutes les propriétés nécessaires au bien-être des Pins de Salzmann qui ont été plantés. 

Du côté de l’Isère, le sol étant rocailleux, les agents de l’ONF avaient préparé le sol et les trous qui recevraient les nouveaux petits Cèdres de l’Atlas.

Enfin, dans l’Ain, les branches et brindilles laissés au sol pour le fertiliser, appelés rémanents, ont été retirés pour permettre aux jeunes de planter.

 

©16PROD-ONF-®PierreGouineau

Des collégiens enthousiastes après cette expérience en forêt

Les jeunes étaient, dans ces trois sites, très impliqués et motivés pour faire les plantations. Ils ont fait preuve d’une grande curiosité ; avec de nombreuses questions :

« Est-ce qu’on pourra revenir voir nos arbres dans quelques années ? »                                                                            « Est-ce qu’il y a des espèces protégées dans le secteur ? »                                                                                  « Pourquoi l’arbre mort ne tombe-t-il pas ? »                                                                                                                        « A-t-on le droit de faire des feux en forêt ? »

Ces moments d’échange et de pédagogie permettent aux enfants de mieux comprendre les enjeux liés à l’adaptation des forêts au changement climatique. Grâce à ces plantations ils sont repartis non seulement sensibilisés, mais également fiers d’avoir posé une pierre à l’édifice du renouvellement de la forêt.

Ils peuvent également prendre conscience de la réalité du travail de forestier. Qui sait ? Cela créera peut-être des vocations !

C’est un type d’opération qu’il est important de poursuivre et développer, compte tenu de l’intérêt croissant des jeunes pour l’environnement, la forêt, le bois, et les défis qu’ils représentent face au changement climatique.

Laurent Golliard, technicien forestier en Ardèche en charge de la plantation « un jeune, un arbre » de Salavas.

Les plantations du programme « un jeune un arbre » continuent en Auvergne-Rhône-Alpes tout au long du printemps et reprendront dès l’automne prochain. A suivre donc…