Réserve biologique dirigée de Valbelle

Située à une dizaine de kilomètres au nord de Toulon, la réserve biologique dirigée de Valbelle a été créée pour protéger le complexe dolomitique connu sous le nom d' "Aiguilles de Valbelle" et l'ensemble des milieux naturels qui lui sont associés, associant de vieilles chênaies, des milieux rocheux et des pelouses dolomitiques.

La réserve fait partie de la ZNIEFF de type 2 "Plateau de Siou-Blanc – Forêt domaniale des Morières" et du site Natura 2000 "Mont Caume - Mont Faron - Forêt domaniale des Morières" (ZSC). La RBD de Valbelle et la forêt domaniale de Morières-Montrieux font partie du Parc naturel régional de la Sainte-Baume, créé en 2017.

La forêt de Morières-Montrieux a été propriété de différentes communautés religieuses depuis le XIIe siècle jusqu'à la Révolution, puis est devenue forêt domaniale. En bordure de la forêt et à moins de 2 km de la réserve, le monastère de Montrieux témoigne encore de ce riche historique. Le site est un haut lieu touristique du département du Var et la réserve elle-même est traversée par un sentier de grande randonnée, le GR^®9.

Le substrat de la RBD est constitué majoritairement de dolomies grises du Jurassique supérieur, dans lesquelles l'érosion a dégagé un relief ruiniforme tout à fait typique de ce type de substrat. La zone des aiguilles de Valbelle tranche sur les collines avoisinantes, qui sont faites de calcaires crétacés compacts formant un paysage karstique plus classique avec lapiaz, éboulis, avens et dolines.

L'érosion de la dolomie a comme autre particularité de produire un résidu sableux (arène) à partir duquel se développent des sols secs et porteurs d'une végétation acidiphile contrastant avec celle des milieux calcaires environnants.

La RBD de Valbelle est composée principalement de milieux forestiers, au milieu desquels émergent les aiguilles dolomitiques. Deux étages de végétation sont présents : le mésoméditerranéen et le supraméditerranéen.

La forêt est dominée par les habitats de chênaie verte à Laurier tin ou à Doradille (CB : 45.3 - N2000 : 9340) et de chênaie pubescente (41.72), avec de vieux peuplements abritant par endroits des bosquets d'érables de grande taille (Erable de Montpellier, E. champêtre, E. à feuilles d’Obier) et de frênes. Dans certaines chênaies évoluées, le développement très important du Houx et de l'If détermine deux types d'habitats particuliers (45.8 - 9380 pour les formations à Houx ; 42.A71 - 9580 pour celles à If).

Aux reliefs dolomitiques correspondent des groupements de végétation de falaises (62.1 - 8210). Les grands lapiaz sont assimilés à l'habitat de "pavements calcaires" (62.3 - 8240*). Les avens et grottes (65 - 8310) constituent des habitats d’espèces importants pour les chiroptères. Le complexe d'habitats est complété en particulier par les pelouses sur sables dolomitiques très secs (34.514 - 6220*) et des junipéraies à Genévrier de Phénicie (32.13 - 5210).

Les pelouses sèches et les zones rocailleuses sur sol dolomitique abritent une flore rare, incluant des espèces comme l'Armérie faux buplèvre, la Sabline modeste, l’Ibéris de Prost, le Faux Nardure de Salzmann et l'Ophrys du Gapeau, qui est une endémique varoise. Ce substrat dolomitique, inhabituel pour les massifs calcaires au nord de Toulon, favorise également la présence d’espèces typiquement calcifuges apportant une diversité particulière à la flore. On y trouve ainsi des arbustes et des herbacées singuliers comme l’Arbousier, le Calicotome épineux, la Bruyère arborescentes et la Bruyère à balais.

Parmi les curiosités du massif, l’Aliboufier officinal, un grand arbuste de la Méditerranée orientale, se trouve également dans la réserve. Importé probablement par des religieux qui utilisaient son bois pour les chapelets et sa résine comme encens, il témoigne d'une influence historique originale sur la flore de la forêt.

Les insectes n’ont pas encore fait l’objet d’inventaires détaillés mais deux espèces protégées typiques des vieilles chênaies sont déjà connues dans la réserve : le Lucane cerf-volant (PN, DH 2) et le Grand Capricorne (PN, DH 2 et 4).

Des prospections spécifiques aux reptiles et amphibiens ont confirmé la présence de plusieurs espèces protégées au niveau national et communautaire (DH4), comme la Couleuvre d’Esculape, le Lézard des murailles et le Lézard vert.

36 espèces d’oiseaux ont été contactées dans la réserve. On note en particulier la présence de plusieurs espèces de rapaces diurnes ou nocturnes fréquentant la réserve pour y chasser et susceptibles d'y nicher : Bondrée apivore, Grand-Duc d’Europe, Circaète Jean-le-Blanc, Milan noir (tous DO1).

Les grottes et les nombreux avens présents dans la réserve ou alentour abritent des colonies de chiroptères. 14 espèces ont été contactées dans la forêt domaniale. Le Chevreuil, le Cerf et le Sanglier fréquentent la réserve, ainsi que diverses espèces de mammifères des forêts : Genette, Ecureuil, Blaireau... Le Loup (PN, DH2 et 4) est indiqué par l’Office français de la biodiversité (OFB) comme ayant une présence régulière en forêt domaniale de Morières-Montrieux. Il semble difficile de savoir s’il réside de façon permanente dans le massif ou s'il ne l'occupe que ponctuellement.

La réserve biologique de Valbelle a pour objectifs principaux de favoriser la maturation des peuplements forestiers et de préserver la diversité végétale et animale des milieux ouverts, tout en conservant le paysage et le patrimoine géologique originaux des aiguilles de Valbelle. 

L’évolution naturelle des peuplements feuillus est privilégiée sur la plus grande partie de la réserve. Les secteurs restant soumis à des interventions de gestion correspondent aux habitats de pelouses entretenus par l'activité pastorale.

La défense de la forêt contre les incendies reste partie intégrante de la gestion de la RBD comme de la totalité de la forêt domaniale. La réserve est traversée par une piste DFCI (empruntée par le GR9) bordée par des bandes débroussaillées de sécurité (BDS) qui sont entretenues par les moutons et contribuent à leur manière au maintien de milieux ouverts d'intérêt patrimonial.